Le langage du coeur

Tyler Nix

Cette nuit, j’ai rêvé… Rêvé de douceur et de tendresse, de vie joyeuse et de gentillesse. J’ai eu cette impression que le monde est beau malgré les conflits et les guerres. J’ai eu envie d’y croire, encore, à mon réveil. Comme si mon cœur avait été gorgé d’espoir.

J’ai compris avec le temps qu’on doit ouvrir son cœur si on veut y ressentir de belles émotions, j’ai saisi que pour être touché, il faut se détacher de soi et aller vers l’autre. Si on demeure inatteignable, inaccessible, on se ferme à un monde de beauté et de joie. Pour vivre heureux, il faut prendre le risque de montrer sa vulnérabilité, peut-être même à ceux qui ne le méritent pas. Pour vivre heureux, il faut oser être soi pour être aimé pour ce que l’on est.

L’être humain en est un de relation et quiconque semble vouloir fonctionner uniquement de manière autonome et indépendante met en péril sa santé mentale. Car c’est au contact des autres qu’on se soigne de nos blessures et qu’on apprend à aimer, à parler, à nommer ce que l’on ressent. Tout seul dans notre coin, on ne fait qu’endurcir notre vision du monde, sans jamais la confronter.

Cette nuit, j’ai laissé mon esprit divaguer vers des zones de vulnérabilité, pour voir ce dont il était capable, pour voir si mon âme avait envie de se lover contre une autre, de baisser la garde, de se laisser bercer. La vie avance trop vite et si on ne fait que suivre le courant, on peut manquer le bateau. On doit oser sortir de sa coquille, laisser émerger ces failles qui nous empoisonnent et nous étranglent pour être aimé, apprécié et respecté.

Porter attention à nos pensées, être à l’écoute de ce qui nous traverse, sincèrement, sans se voiler la face, sans porter de jugement envers soi-même, c’est un exercice parfois souffrant mais oh combien salvateur. C’est comme se libérer de ses chaînes qui nous retiennent dans cette zone, ni confortable ni mauvaise. C’est simplement que c’est ce qu’on connait et qu’on a peur de voir autre chose. Nos mécanismes de protection mentale sont forts et on peut se trouver bien des raisons pour justifier le statu quo, la stagnation, la non-action.

Je le dis car j’ai longtemps été prise dans ces mécanismes de défense et quand je regarde le chemin parcouru, les bouleversements intérieurs que j’ai dû vivre pour surmonter cette montagne d’émotions, je peux comprendre que ce n’est pas très tentant. Toutefois, lorsque je constate tous les bienfaits que cela m’a apporté, je ne regrette pas cet investissement sur moi que j’ai fait sur plusieurs années.

Et c’est ce qui me permet aujourd’hui de rêver de cette douceur, de désirer m’ouvrir et être qui je suis, sans me sentir en compétition, en confrontation, sans vouloir contrôler ni sauver qui que ce soit. J’ai confiance en moi, j’ai la foi en mes capacités d’amour et de bienveillance et c’est parce que j’ai appris, pendant plus de dix ans, à revoir ma vision du monde, à panser mes plaies, à oser, pas à pas, aller vers les autres, sans craindre de souffrir.

J’ai cessé de fuir et de lutter et c’est à ce moment-là que j’ai commencé réellement à vivre ma vie. J’ai décidé d’accueillir ce qui est là, peu importe l’état ou le sentiment qui vient avec. Ce n’est pas difficile en soi, c’est même assez simple quand on y pense, mais l’accueil est contre la nature du mental. Ce dernier cherche à contrôler pour ne pas laisser apparaître ce dont il a peur où ce qui le fait souffrir, en fuyant ou en rejetant les expériences, les situations, ou même les émotions.

Alors quand on trouve la force de le réconforter pour se laisser aller, c’est extrêmement troublant mais libérateur. Comme une nouvelle langue que l’on apprend, celle du cœur. Et, contrairement à ce que l’on croit, ce n’est pas que positif. Je vis encore de la colère, de la déception, du doute et de la peur, mais maintenant, je vis cela autrement. Je sais que tout arrive pour une bonne raison et qu’un jour, à un moment précis, je comprendrai, tout simplement.

 

Photo : Unsplash | Tyler Nix

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