Savoir faire

Caterina Beleffi

Non, ne m’écrivez pas pour me dire que j’ai oublié le trait d’union entre savoir et faire. J’ai volontairement voulu distinguer ces deux verbes, faire référence à l’union, sans trait, de ces deux puissances du monde. Savoir, comme dans connaissances, mais aussi comme dans sentir qu’on fait la bonne chose, qu’on est bien aligné. Savoir, comme dans incarner sans le moindre doute.

Et faire. Faire ce qu’on sait juste, faire ce qu’on doit faire. Faire comme dans concevoir, comme dans créer de ses propres mains. Faire de son mieux, faire son possible, faire ce pour quoi on est sur terre : du bien. Alors savoir faire, c’est être convaincu d’exécuter la bonne chose, c’est user de ses acquis pour fabriquer, pour accomplir.

Même mon logiciel de traitement de texte tenter de me forcer à relier les mots. Quoi qu’on ne serait pas loin du sujet puisque le savoir-faire se définit par une habileté à résoudre des problèmes pratiques, une compétence acquise par l’expérience dans l’exercice d’un métier. Mais savoir faire, ça va au-delà du boulot, au-delà du niveau professionnel.

Se savoir apte à mettre à exécution son plan de vie, sentir qu’on est à la bonne place, qu’on est fait pour cela. Remplir une fonction qui nous nourrit, nous fait grandir et nous comble. Savoir faire la différence entre le bon et le mauvais, entre le bien et le mal. C’est déjà une grande compréhension de la vie, un bon bout de chemin de fait.

Faire : les définitions sont nombreuses dans le Larousse. Constituer par son action, son travail, quelque chose de concret à partir d’éléments, ou le tirer du néant ; fabriquer ; réaliser, créer. Être à l’origine de quelque chose. C’est un verbe puissant, central et fondateur de notre monde. Si personne ne fait rien, tout s’écroule.

Et pourtant, on porte tellement notre attention sur avoir. Comme si nos avoirs allaient nous rendre heureux. Ils peuvent pourtant nous corrompre et nous enlaidir tant on en veut toujours plus. Les possessions matérielles d’un humain ne le rendent pas meilleur qu’un autre et, en cette ère où l’écologie et l’environnement occupent une place capitale, trop posséder peut même représenter un danger.

Savoir être et savoir faire, voilà donc deux postures plus justes et plus propices à nous apporter la paix mais aussi le sentiment d’accomplissement que l’on cherche tant. Il n’est pas nécessaire de gravir une montagne pour se sentir grand. Le simple faire de donner au suivant, de partager, d’échanger peut nous procurer plaisir et sensation d’utilité. Et pour faire, il faut d’abord être.

Être soi, être présent, être vrai. Ce sont les meilleures armes à posséder pour vaincre et pour durer. On demande souvent les conseils de ceux qui ont réussi et bien souvent, être soi-même ressortira comme le Saint Graal du succès. Quand on se respecte, on est plus convaincant, on incarne la solidité et la confiance en soi. Parce que le doute ne transparait pas, parce qu’aucune parcelle de notre corps ne tente de masquer l’imposture.

Si on dépensait notre énergie à créer selon nos propres valeurs, à s’investir dans le vrai, chacun dans nos vies, puis ensemble, je crois que le monde serait différent. On peut décider de sortir de la voie toute tracée d’avance créée par les gouvernements, la publicité et les grands joueurs, pour prendre le recul nécessaire et se poser la vraie question : qu’est-ce qu’on a envie de laisser comme trace de notre passage sur terre?

 

Photo : Unsplash | Caterina Beleffi

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