Voyager pour se découvrir

William Bayreuther

Hier, petit moment d’excitation dans ma journée : j’ai réservé mon vol et loué la maison qui m’accueillera, avec mon amie, en Guadeloupe en janvier. Les 2 moments que je préfère dans le processus de planification d’un voyage sont la réservation des lieux, et l’enregistrement à l’aéroport (aka le point de non-retour).

Je me souviens encore de mes premiers voyages, en compagnie de mon paternel. Je devais ressembler à une enfant devant un sapin de Noël bien garni de cadeaux tant j’étais fébrile. Ce sentiment de liberté qui m’habitait, mélangé au petit stress et à un peu de peur de l’inconnu donnait un cocktail euphorisant. Je ne savais pas encore à quel point mon père allait me transmettre sa passion pour la découverte du monde.

Hier, donc, j’ai réservé. J’avais hâte de le faire puisque je n’attendais que le GO de mon acolyte. Pourtant, ce n’est pas un long périple qui m’attend, tout juste une petite semaine pour fuir un peu l’hiver et refaire le plein de vitamine D. Mais c’est le principe, le concept même de partir qui me plaît. Malgré ma conscience environnementale qui me dicte que le transport aérien est très polluant, je ressens ce bonheur de savoir que je me déracinerai pour quelques jours.

Voyager, on peut le faire dans notre province, dans notre pays ou sur la terre entière. Ce n’est pas toujours la destination qui compte. Souvent, c’est de laisser sa vie, la mettre sur pause quelque temps pour aller se tremper dans une autre eau, pour changer d’air, de perspective. Personnellement, ça me fait un bien fou, même si ce n’est que pour quelques jours.

Pendant des années, je me suis privée de ce plaisir pour de multiples raisons dont la peur de voyager seule. J’avais un blocage, un frein mental qui me donnait l’impression que c’était dangereux, que je ne pourrais pas me débrouiller seule et que c’était mieux de rester dans mon patelin, dans ma zone de confort en d’autres mots.

C’est troublant de constater parfois à quel point on peut être notre propre bourreau, notre propre entrave. L’important, je crois, ça reste d’en être conscient et de se regarder aller comme on dit. On répète souvent des comportements et à force, on finit par s’y habituer. Mais faire un pas de côté et se demander si on est vraiment bien dans une situation ou si on est uniquement sur un chemin connu et facile, c’est très sain.

Alors, il y a quelques temps, je me suis demandé pourquoi je n’avais pas voyagé dans les dernières années et la seule véritable raison, c’est cette peur particulière qui régnait en moi. Réalisant cela, j’ai compris qu’il n’en tenait qu’à moi d’affronter cette peur et de foncer. Mon voyage à Compostelle a été un déclencheur, a rallumé la mèche, le désir de découvrir le monde.

2019 sera assurément une année plus généreuse en voyages et j’en suis très heureuse. Je fêterai mes 40 ans quelque part ailleurs dans le monde, fière de ce que je suis devenue et des efforts que j’ai mis pour y arriver. Ça sert aussi à ça, les caps de vie, les grands tournants. À regarder dans le rétroviseur et se dire : wow, j’ai fait tout ce chemin!

Que ce soit pour aller flâner, faire du sport ou découvrir l’histoire dans des lieux mythiques, je vais aller là où mon cœur me mènera. Car maintenant que je l’écoute attentivement, ce dernier me dicte ce que j’ai envie de vivre réellement, et non pas ce qui semble cool de faire. Je le dis souvent, ce n’est ni le salaire ni la grosseur de la maison qui compte. Ce sont nos expériences de vie, ce qu’on décide d’accomplir et de réaliser. Ce n’est ni une recette, ni un processus sans faille mais c’est la meilleure façon de se découvrir soi-même.

 

Photo : Unsplash | William Bayreuther