Adapter son rythme

Jason Blackeye

L’été est enfin arrivé officiellement et ces derniers jours de beau temps nous ont permis de s’en convaincre, malgré les mois houleux et les intempéries qui sont venues perturber nos habitudes. À voir les sourires au visage des gens et les rires d’enfants qui s’amusent, on peut dire que tout le monde est content. Ça fait du bien car on sentait qu’avec le printemps moche qui perdurait, le moral était au plus bas.

En parlant avec un ami hier, il me mentionnait être officiellement en mode été. On a discuté de ce que ce mode signifiait pour lui et pour moi. On a vite réalisé qu’on avait tous deux besoin de plus de lenteur, de farniente, de calme, d’horaire moins chargé, de savourer chaque plat, chaque verre de vin et surtout, d’être dehors. Dès le lever, on ouvre la porte-patio pour faire entrer l’air frais de la nuit, pour humer le jardin, pour entendre les oiseaux.

Au Québec, c’est viscéral et intrinsèque ce besoin d’air après des mois à (sur)chauffer nos maisons et à pelleter. Jouer dans le jardin, ajouter toujours plus de vivaces, trouver la plus belle plage pour se prélasser, lire au soleil pour finir par faire une sieste, jouer dans la piscine pour les plus chanceux, faire des bbqs, festoyer entre amis pour emmagasiner des moments de bonheur dans nos cœurs, c’est ça l’été ici.

Avec cette envie de profiter de la vie vient aussi un besoin de s’éloigner, de voir du pays, de changer ses habitudes et de prendre son temps, le prendre pour soi, pour se ressourcer, pour réfléchir, pour s’enraciner et se retrouver. Vous aurez surement constaté que j’écris moins souvent, que j’espace mes rédactions, que mon rythme n’est plus le même.

J’ai toujours ce désir de partager mes trouvailles de l’âme et de la vie mais avec moins de ferveur. Cette peur de me répéter après tant d’années à écrire fait en sorte que, parfois, je réalise que je n’ai rien de nouveau à dire. Je crois que je préfère privilégier la qualité à la quantité. J’ai mûri, j’ai approfondi mes réflexions en les partageant avec vous, j’ai apprécié chaque retour, chaque rétroaction et tout cela m’a aidé à grandir. Mais pour pouvoir continuer, j’ai besoin de recul, de faire de nouvelles expériences pour avoir de la matière.

Je préfère le dire clairement pour éviter les questionnements et les doutes. Non je ne suis pas malade et non je n’abandonne pas le projet. Il se transforme, tout simplement. C’est l’avantage d’être son propre patron, de ne pas avoir de comptes à rendre. Je décide de mon rythme, de ma cadence. Et j’ai décidé de ralentir ici pour mieux vivre ailleurs, pour explorer, pour toucher à autre chose. Mais ça me permettra de nourrir cet espace que j’adore.

Dans la vie, il faut accepter le changement, les mutations, l’évolution. C’est facile de rester dans son petit carcan, de suivre le mouvement habituel. Mais parfois, on sent un inconfort s’installer ou plutôt une usure. À force de faire toujours la même chose, un sillon se creuse. Et je sens que j’ai besoin d’élargir mes horizons pour pouvoir continuer de grandir.

Vous m’avez connue honnête et ouverte d’esprit et c’est dans ce même état que je vous partage mon constat. J’espère que ce changement n’entachera pas votre fidélité qui m’est chère. Je demeurerai aussi amoureuse des mots et aussi désireuse de diffuser ce qui m’a paru important dans mes expérimentations de vie. Seule la fréquence devient moins intense et j’ose croire que cela me permettra plus de profondeur.

Alors je vous souhaite un été merveilleux, enrichissant et surtout, divertissant. Sortez, vivez, explorez et aimez, c’est ce que la vie devrait être à chaque instant. Je viendrai, pour ma part, ponctuer vos journées de quelques réflexions et découvertes que vous pourrez recevoir, à votre rythme.

Photo : Unsplash | Jason Blackeye

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