Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part, parfois, je réalise que je vis dans un certain déni. Déni de mes émotions, déni de mon instinct, déni de mes rêves les plus fous, déni de mes désirs et ambitions et j’en passe. C’est facile de se voiler la face, de faire comme si de rien n’était, de jouer le jeu, d’avancer sans se retourner, sans ressentir. Mais tôt ou tard, la réalité nous rattrape, parfois intensément, parfois tout doucement.
Ces temps-ci, je réalise qu’une partie de moi a été mise de côté, presque en pénitence dans son coin. Cette part qui se protège, de peur d’être blessée ou troublée. Mais quand on s’enferme ou qu’on se brime, ça crée un inconfort et des éléments extérieurs viennent nous rappeler que cette parcelle de soi existe, veut exister, veut grandir. Alors il faut être à l’écoute, sinon, on en souffre, on se sent mal, on est perturbé.
Le déni est un mécanisme de défense du « moi » et tire son origine de certains traumatismes, de blessures du passé, d’expériences désagréables qui nous ont laissé un goût amer. Il nous sert par moment mais, plus souvent qu’autrement, il nous nuit et nous coupe de nos émotions. Ce qui n’est pas sans conséquence, du moins à long terme.
Alors parfois, malgré la peur et les doutes, il faut se fouetter et oser dépasser ses limites, sauter par-dessus le mur des craintes pour embrasser la vie, malgré les risques pour notre cœur. Des fois c’est beau, des fois on trébuche et on doit réapprendre à se faire confiance. Mais la vie, c’est ça. Si on n’essaie rien, on n’a rien. On peut choisir de s’emmurer dans un confort rassurant, de ne rien oser vivre. Mais la vie, elle est courte et elle se doit d’être savourée. C’est la différence entre vivre et survivre.
Vivre, exister, c’est ressentir ce que la vie met sur notre route, tirer les leçons de chaque petite chose, de chaque rencontre, de chaque opportunité. On peut préférer ne rien voir de toutes ces possibilités d’apprentissage mais je peux vous garantir que ça reviendra, tel un boomerang qu’on lance au loin et qui revient constamment, pour nous rappeler qu’on a une âme et qu’elle veut être nourrie, enrichie.
Faire fi du déni, c’est s’aimer avant tout et se donner la chance de vivre de belles choses. Certains passeront leur vie à tout tenter, à se pousser à l’extrême pour ne rien rater. D’autres auront besoin de cycles, de moments forts et intenses suivis de périodes plus calmes pour panser les plaies, pour intégrer la matière, pour se déposer et se préparer à la prochaine aventure. Je suis plutôt de ce deuxième type, malgré mon intensité quotidienne et ma soif de vivre.
On peut aussi s’étourdir dans milles choses à faire, occuper son esprit au point de ne plus avoir le temps de se centrer. Mais encore là, cette mascarade ne fait que repousser le moment où l’on sentira les effets de nos choix et décisions. Aujourd’hui, les possibilités de fuite sont infinies. On peut se « geler » à tout, du voyage aux drogues, de la consommation en tout genre aux relations sans lendemain. Mais il ne faut jamais oublier que la nourriture qu’on fournit à notre âme est à l’image du respect que l’on se porte…
Ces temps-ci, je me connecte à des parts de moi que je protégeais, trop blessée par le passé, trop peureuse pour oser les laisser émerger. Mais je savais que tôt ou tard, ça viendrait. Est-ce la quarantaine qui me propulse, m’indique qu’il est temps d’oser et de vivre pleinement? Aucune idée. Je sais que je suis rendue là, peu importe ce qu’il m’en coûtera en émotions, peu importe si ça fait mal, si ça fait peur ou si je me trompe. Car, au bout du compte, j’aurai existé.
Photo : Unsplash | Thought Catalog