Il y a des matins où, dès qu’on se réveille, on sait que la journée sera étrange. En cette belle matinée d’été, je me suis réveillée tôt, vessie oblige. Ma petite boule de poils adorée réclamant ses câlins dès que mon pied touche le sol, ce cher matou a réussi à me garder hors du sommeil (plus que lui qui sommeillait allègrement en se faisant gratter le menton). Et, je ne sais pas pour vous, mais moi, dès lors que mon cerveau se met en branle, impossible de me rendormir.
J’ai tout de même profité du calme et de la paix du matin pour laisser aller mon esprit, blottie dans mes couvertures. Et déjà je me disais que ces 30 minutes volées à ma nuit me rattraperaient éventuellement dans l’après-midi. Je suis de ceux et celles qui nécessitent une nuit de 8 heures, que voulez-vous. J’ai d’autres qualités…
Lorsque le réveille-matin s’est fait entendre, non lasse d’affection, Boris réclama le câlin debout, c’est-à-dire se faire prendre dans mes bras et déposer sa tête sur mon épaule, bien agrippé dans mon pyjama. Et telle est notre routine, je me suis dirigée pour allumer la radio. Et j’ai bien dû chercher le bouton pour allumer l’appareil pendant 30 secondes… Ça fait pourtant des années que je répète ce geste, alors comment se fait-il que ce matin, mon esprit ne se souvenait plus d’où il se situait?
J’ai pu continuer mon rituel pour sans trop de perturbations jusqu’à ce que je décide de préparer mon lunch, tout en faisant mon café et en déjeunant. Je sais, pour certain, le simple fait d’aborder le multitâche avant 6 h du matin fait dresser le poil des bras mais pour ma part, je suis fonctionnelle dès que ça fait 5 minutes que je suis debout.
Alors, je m’affairais dans ma cuisine, tout en pensant à ma journée qui s’amorçait, à mon évaluation physique que je devais planifier pour débuter mon entraînement, à mon cours de yoga qui me ferait le plus grand bien mercredi… Quand, en tentant de simplement couper mon concombre, j’ai réussi sans comprendre comment à frapper ma tasse à café au lait que je venais tout juste de terminer… Un beau lac brun s’est répandu sur le comptoir…
Et dans ma tête, je me suis traitée de tous les noms… Puis j’ai pensé à ma yogi préférée, Lise, qui m’enseigne le yoga mais aussi l’art d’arrêter de se juger. Et à ma psy qui ne cesse de me dire de cesser d’être si dure envers moi-même… Et j’ai ri…
Suis-je la seule à m’auto-flageller quand je fais une bêtise mais à pardonner et excuser si facilement celle des autres? Êtes-vous aussi de ceux qui posent un jugement sévère sur leurs moindres faits et gestes mais qui font preuve de compréhension envers les autres? Si oui, vous avez toute ma compassion car après des années de thérapie, je continue d’être dure à mon égard, m’autocritiquant à la vitesse de l’éclair. Je suis plus vite que mon ombre pour ce qui est de me déprécier et je l’avoue humblement. Et on dirait que je compense ce travers en étant ultra tolérante envers mes collègues et amis. Étrange mais vrai…
Et donc aujourd’hui, alors que j’épongeais la marre de café qui envahissait mon comptoir et que je repartais le bal pour pouvoir avoir mon liquide chaud et réconfortant dans la voiture, je me suis félicitée d’avoir constaté mon attitude négative. Car comme on dit, tout débute par une prise de conscience!
La prochaine fois que j’aurai un jugement sévère vis-à-vis mon comportement, je tenterai de repenser à cet épisode, avouons-le, un peu cocasse. Car à moins d’une catastrophe, tout n’est pas si grave et on peut bien souvent relativiser. Bonne journée, et bon café!
Photo : Unsplash | David Mao