Les chemins de la vie

Ashley Knedler

Hemingway disait : nous devons nous y habituer, aux plus importantes croisées des chemins, il n’y a pas de signalisations… Et j’aurais tendance à ajouter : heureusement ! J’en ai déjà parlé ici et je le réitère ce matin : trop de plan, c’est comme pas de plan pantoute. À trop vouloir tout planifier et prévoir le moindre aléa, on se prive de beaucoup d’opportunités.

Je ne parle pas ici de vivre au gré du vent, tel la cigale qui chanta tout l’été (mais si ça vous plait tant mieux pour vous), mais plutôt de garder ses antennes ouvertes et de demeurer actif dans notre vie. Le rythme affolant qui nous entoure peut parfois nous donner envie de rester passif, de se cacher dans un coin en regardant la parade.

Mais s’il y a une chose que j’ai comprise avec le temps, c’est qu’on a chacun notre propre rythme et qu’une fois qu’on l’a trouvé, on se laisse moins happer par le tourbillon ambiant. On s’enracine et on avance, comme bon nous semble. Et quand on arrive à une intersection, quand un choix se présente devant nous, on est plus apte à prendre une décision puisqu’on se sent moins sous pression. Connaître son rythme, c’est se connaître soi-même.

Malheureusement, je crois que le temps est un élément important dans cet apprentissage et je ne suis pas certaine qu’il soit possible de très bien se connaître dans la vingtaine. Ça prend quelques coups durs, quelques expériences intenses pour se forger, et aussi quelques peines pour s’endurcir. Peines d’amour, peine d’amitié, deuil d’un rêve qui n’était, au fond, peut-être pas le nôtre. C’est dans la découverte de ce que l’on ne veut pas dans notre vie qu’on apprend qui on est vraiment.

Et plus ça va, plus on arrive à faire des choix éclairés, plus on les sent dans nos tripes et plus on est convaincu. Assumer qui ont est, ce qu’on aime, ce qu’on déteste, accepter nos failles et garder la tête haute sont pour moi des principes clés pour éviter les regrets.

Tout au cours de notre vie, on fera des rencontres, on se fera présenter des opportunités d’affaires, des emplois, des maisons, des occasions, bref, plein de choses qu’on peut, ou pas, intégrer dans notre vie. Ce serait si facile si un panneau lumineux nous indiquait si c’est pour nous mais ce serait aussi significatif de rester toujours identique. Et selon moi, ce n’est pas réaliste ni souhaitable.

Je sais pertinemment que certains choix que j’ai faits il y a dix ans avaient un sens à l’époque mais qu’aujourd’hui, la même chose ne serait pas cohérente avec ma vie, avec celle que je suis devenue. Au même titre qu’un style de personne ne m’attirait pas avant et aujourd’hui me plait plus. Et c’est ça la vie ! On évolue, on se transforme au gré des événements qui nous façonnent et je trouve ce phénomène merveilleux.

Parce que ça nous amène une petite dose de magie et de surprise que nous ne pouvons pas prévoir, parce que ça ouvre la porte à un monde de possibilités et qu’on sait, à partir du moment où on a compris cela, qu’on est capable de tout. N’y a-t-il pas plus grande motivation que de savoir que tout est possible ?

Sortons des carcans rigides, des moules trop limitatifs et des voies tracées d’avance pour explorer les petits chemins hors-piste. Rappelez-vous le plaisir qu’on avait, enfant, à sauter dans les trous d’eau et les flaques de boue au lieu de marcher sagement dans la rue dégagée. Pourquoi a-t-on perdu ce désir de s’éclater en vieillissant ?

Retrouvons notre cœur d’enfant, celui qui ne pense pas à sa réputation, aux peut-être que si ou ça, et fonçons, tête baissée, à la conquête de notre vie, de notre bonheur. Le plaisir se trouve parfois là où on l’attend le moins alors explorons, en dehors de notre zone de confort. Le pire qui peut arriver, c’est de découvrir quelque chose qu’on n’aime pas mais le mieux peut être de trouver une nouvelle source de bonheur. Ça vaut le coup, non ?

 

Photo : Unsplash | Ashley Knedler

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