Les rendez-vous de la vie

Austin Chan

Avez-vous déjà lu ou vu la phrase de Paul Eluard « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous »? Moi c’est une phrase qui m’a marquée dès le premier regard, je l’ai ressentie comme un message à retenir tout au long de ma vie. Je partage souvent ma version de cette pensée en disant que rien n’arrive pour rien mais disons que l’originale est plus poétique. Qu’à cela ne tienne, ça demeure tout de même ma philosophie et mon mantra.

Si vous avez visionné l’épisode de vendredi de « Y’a du monde à messe », vous comprendrez que cette phrase était presque le thème englobant cette édition du rendez-vous que nous offre Christian Bégin. La belle et lumineuse Lulu Hughes a parlé sans pudeur de son mal-être et surtout de sa dépression qui est littéralement disparue lorsqu’elle a reçu le diagnostic de son cancer du sein. Comme quoi, dans la vie, ça prend parfois des messages rudement lancés pour comprendre qu’on n’a qu’une seule vie, une seule âme, un seul corps…

Je dis souvent qu’on prend pour acquis ce qu’on a, notre santé comme notre richesse, et que la vie se charge bien de nous faire comprendre que tout cela n’est que du vent. Que l’important est à l’intérieur de soi et qu’il faut cesser de chercher le bonheur dans le matériel ou l’artifice. Et d’entendre des témoignages comme celui de la chanteuse vient toujours nous remettre à notre place en quelque sorte.

J’ai eu toutefois un certain malaise devant les propos vaseux et déconnectés de François Bugingo, même si j’en avais longuement entendu parler avant. En fait, je trouve cela très triste de voir une personne brillante avec du talent se vautrer dans le mensonge et dans le déni, incapable d’avouer ses torts. Aucun remord ne se lisait sur son visage, aucune rédemption nécessaire. Mais je me dis que, soit il joue un personnage, soit la vie lui fera vivre autre chose pour qu’il prenne conscience de cette supercherie.

Je suis toujours touchée de voir des gens se livrer comme la belle Lulu, après de dures épreuves, lors d’un combat pour sa santé, ou suite à une tragédie. Ça prend beaucoup de courage pour oser dire qu’on n’avait pas envie de vivre, pour oser révéler au monde que l’image qu’on se faisait d’eux était superficielle et qu’à l’intérieur, ce n’était pas aussi joli. Et quand on a entendu sa voix vibrer, on a compris autrement sa force et sa résilience. De toute beauté!

Je ne sais pas ce qui se passe ces jours-ci, mais il y a beaucoup de mouvement autour de moi. Des gens se séparent, d’autres se rencontrent, certains s’exilent à l’autre bout du monde et d’autres rentrent au bercail. Comme si la saison chaude qui tardait à s’installer rendait les gens impatients, les poussaient à agir. D’un certain sens je trouve ça beau car j’ai souvent l’impression que la population se complait dans une certaine stagnation et que de brasser l’air, ça fait du bien.

Avec tous les attentats, les alertes, les craintes, je nous souhaite un été calme et heureux. Que la chaleur vienne toucher nos cœurs, que la musique nous entraîne et que les rires fusent de toute part. On a cette chance de vivre dans un coin du monde relativement stable, assez cool en fait… Savourons cette chance et explorons notre communauté. Prendre des vacances chez-nous, l’été, c’est la plus belle façon de redécouvrir notre chez-soi.

Rencontrer notre monde, découvrir nos producteurs d’ici, encourager l’achat de proximité et la production locale, c’est une belle façon de s’entraider tout en s’ouvrant aux autres. On peut d’ailleurs en profiter pour faire découvrir tout cela à des touristes venus nous rendre visite. Et de toute façon, il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous…

 

Photo : Unsplash | Austin Chan

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