Se connaître pour mieux choisir

Andrey Trusov

La vie avance à une vitesse folle, le temps passe sans qu’on ne s’en rende compte. On est déjà à la mi-novembre et il me semble qu’hier encore c’était l’été. C’est un discours qu’on entend de plus en plus et un phénomène que l’on vit presque tous. Par moment, on a des petites étincelles de lucidité qui nous font réaliser qu’on travaille beaucoup, qu’on avance un peu aveuglément et qu’on ne prend peut-être pas assez de temps pour vivre nos passions et voir les gens qu’on aime.

Mais, il faut bien travailler, me direz-vous! Bien sûr, à moins que vous ayez gagné à la loterie, vous devez gagner votre vie. Drôle d’expression d’ailleurs que celle-ci… Gagner sa vie, en travaillant? N’a-t-on pas, par moment, l’impression de la perdre un peu, au contraire? À investir tout ce temps pour récolter de l’argent, on peut en effet s’éloigner de nos intérêts personnels.

J’ai discuté récemment avec différentes personnes et je suis restée avec une drôle d’impression. Pour beaucoup, travailler est stimulant mais tous s’accordaient pour dire qu’ils manquent de temps pour faire du sport et voir leur monde. Certaines personnes m’avouaient que, depuis qu’elles sont sur le marché du travail, elles ont peu pris de temps pour découvrir de nouvelles activités, essayer de nouvelles choses. Et elles savent que leurs intérêts de jeunesse ne sont plus nécessairement d’actualité.

Une jeune maman me partageait son inquiétude pour le futur, quand ses enfants ne lui demanderont plus autant d’attention. Quels seront ses passe-temps, à quoi accordera-t-elle son énergie, elle qui se consacre corps et âme à sa progéniture? Elle voyait des mères de son entourage être déroutées devant l’autonomie et l’indépendance de leurs enfants, décontenancées devant la conclusion qu’elles ne se connaissaient plus et avaient beaucoup changé.

Avec les années, nos goûts se transforment et s’adaptent, on met de côté certaines choses, on en découvre d’autres. Mais, le manque de temps fait en sorte que le spectre des nouvelles opportunités et découvertes se rétrécit. Et la technologie n’aidant pas, le contact avec de nouvelles personnes est de plus en plus difficile.

Je crois donc qu’à la base, on doit tenter de se connaître au mieux et essayer, expérimenter, pour garder notre connaissance de soi le plus à jour possible. On aimait peut-être grimper dans les arbres dans notre enfance mais on s’entend que, rendu à 40 ans, il y a de fortes chances que ce ne soit plus aussi amusant. Par contre, l’escalade peut devenir une nouvelle activité qui requiert agilité, flexibilité, force et stratégie. Mais si on ne l’essaie pas, on ne saura jamais si on aime ça.

Il faut arrêter d’avoir peur de se tromper ou d’avoir l’air fou. J’entends souvent des gens me dire : oui mais je ne serai pas bon, ça va être plate. Personne n’est bon la première fois, personne n’arrive dans un nouveau sport ou une nouvelle activité en étant à son meilleur. C’est ça le principe, on apprend! On n’arrive pas avec les connaissances, on les acquiert. Et on se découvre à travers ces expériences, on se déniche de nouveaux talents ou, parfois, on réalise qu’on n’est vraiment pas doué pour quelque chose.

Et mieux vaut l’essayer pour le savoir que de passer sa vie à se dire que, peut-être, on aurait été bon dans ceci ou cela. Se connaître, ça passe par des essais et des erreurs, par de l’autodérision et une petite dose de naïveté. Je crois sincèrement qu’il faut être capable de se mettre dans de nouveaux souliers pour savoir ce qu’on aime et ce qui n’est pas pour nous. Car c’est en essayant qu’on peut, par la suite, faire de meilleurs choix, raffiner nos goûts et faire moins d’erreurs. Comme on dit, il faut aller à la pêche si on veut attraper un poisson…

 

Photo : Unsplash | Andrey Trusov

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