Ces jours-ci, j’ai entamé un autre cours universitaire, celui sur la rédaction fondamentale. Le titre peut paraître intense, voir prétentieux, mais en lisant le préambule, j’ai tout de suite été interpellée. On parle du fondement, de la base même du fait de rédiger. On l’oublie parfois mais communiquer verbalement ou par l’écrit ne constitue pas le même acte, n’offre pas les mêmes avenues et ne génère pas les mêmes réactions.
Du lundi au vendredi, sauf exception, j’écris sur ce blogue ce qui me préoccupe, m’habite, ce que j’ai récemment découvert, ce qui m’a touché ou perturbé dans les médias ou la vie en général. Je ne peux toujours pas répondre clairement à la fameuse question : pourquoi écris-tu sur ce blogue? Mais je sais que j’ai besoin d’extérioriser et de partager.
Alors, quand j’aborde un nouveau cours, j’espère toujours apprendre à mieux m’exprimer, à structurer mon travail, à développer de nouvelles techniques et à éviter des pièges langagiers. C’est ce que les cours précédents m’ont apporté et c’est la raison pour laquelle j’ai entrepris ce parcours scolaire marginal. Et je ne suis pas déçue jusqu’à maintenant, même si certains dimanches, je préfèrerais flâner, un bouquin à la main et une tisane dans l’autre plutôt que de me farcir cette matière parfois indigeste.
Hier, en écoutant les compléments sonores fournis avec mon manuel, sorte d’échange entre un cinéaste et un auteur, j’ai souri. Je me suis vu, attablée devant tout mon matériel scolaire à tenter de saisir les subtilités de la langue française et de percevoir la profondeur des échanges entendus. En lisant l’exercice noté de mon premier chapitre, j’ai eu un vertige, comme chaque fois que je ne comprends pas du premier coup. Mais, en faisant quelques recherches, j’ai compris l’objectif et je me suis trouvé bien naïve d’avoir eu cette peur devant l’inconnu, devant l’opacité momentanée.
Comprendre ce qu’on attend de nous, le message qu’on tente de nous livrer, la tonalité, le non-verbal, les sous-entendus, bref, saisir les niveaux de langage, c’est un atout et j’ai réalisé récemment à quel point ce n’est pas un acquis. On entend souvent parler des gens analphabètes et quand on est allé à l’école, qu’on a étudié suffisamment longtemps et avec une certaine facilité, ça peut être difficile de s’imaginer ne pas être capable de lire le journal ou de décortiquer les circulaires d’épicerie.
Mais, à force d’approfondir mes connaissances de notre belle langue française, j’en arrive aussi à observer tous les obstacles possibles. Quiconque n’a pas le contexte idéal pour apprendre risque de s’y perdre et d’abandonner. Et je trouve particulièrement dommage qu’on n’accorde pas assez de financement aux organismes qui réchappent ceux que le système régulier a laissé tomber. Car oui, le régulier, c’est la voie rapide et si vous roulez trop lentement, on finira par vous tasser sur le bas-côté…
J’ai réalisé tout le privilège que représente mon parcours marqué d’amour de la langue et de facilité d’apprentissage. D’avoir eu ce milieu facilitant, d’avoir pu prendre le temps d’apprendre, d’avoir eu l’avantage de ne pas souffrir d’un syndrome ou d’un trouble qui freine l’instruction. On prend tellement pour acquis ce que l’on a dans la vie qu’on ne voit plus les autres possibilités, les autres routes qu’on aurait pu prendre sans le vouloir.
Je suis empreinte de gratitude ce matin envers la vie qui m’a été aisée et envers ce désir d’apprendre qui m’a été transmis. Même si mes choix n’ont pas toujours été parfaits, j’ai pu bénéficier de cet héritage non négligeable qui m’a évité bien des soucis. Je crois qu’il faut, dans la vie, savoir savourer notre bagage et nos connaissances pour pouvoir se propulser et mettre à profit ce legs. Et cette aisance à communiquer mes pensées, je vous la partage en toute humilité sur ce blogue. Je vous suis infiniment reconnaissante de m’accompagner dans ce parcours à la destination indéfinie. Mais ce n’est pas la finalité qui compte, c’est le chemin pour s’y rendre qui nous construit.
Photo : Unsplash | Carli Jeen