Reconnaître les forces des autres, reconnaître ses propres faiblesses, reconnaître nos besoins et nos limites, reconnaître que la vie vaut la peine malgré les difficultés, reconnaître qu’on doit faire des efforts et que rien ne tombe du ciel, reconnaître sa chance, reconnaître la beauté qui nous entoure dans les petites choses, reconnaître les attentions subtiles que les des autres nous portent… Je pourrais continuer longtemps ainsi mais je pense que vous avez saisi le concept!
Quand je lis certains textes et commentaires sur Internet, j’ai parfois l’impression qu’une portion de la population s’imagine que tout lui est dû, que ce que ces gens pensent constitue la vérité absolue et que tout le monde devrait suivre leur voie. Il y a aussi la fameuse attitude : faites ce que je dis, pas de ce que je fais… Vous savez, ceux qui chialent sur tout comme s’ils étaient sans faille mais qui agissent à l’opposé?
Mon but n’est pas de faire le procès de quiconque ce matin, j’ai plutôt envie qu’on prenne conscience, collectivement, de nos comportements parfois nocifs et troublants. On est quand même chanceux d’être ici, bien en vie, dans un système sociétal loin d’être parfait mais dans lequel on a le droit de s’exprimer et ou le soutien social n’est pas trop déficient. Si on a un minimum d’ambition et de jugeotte, on peut s’en sortir vraiment bien.
On peut surtout s’épanouir, progresser, évoluer de manière saine et avec une certaine insouciance, prendre le temps de se construire une vie à notre image. Mais cela implique aussi d’assumer ses choix, de faire face à la réalité, de cesser de se comparer constamment pour plutôt apprécier ce que l’on est. Être plutôt qu’avoir. Être soi à part entière et non pas être soi par rapport à l’autre.
La maladie de la comparaison fait des ravages actuellement et je trouve cela très triste car elle mine l’estime personnelle de bien des gens. Quand je lis la génération qui me suit, j’ai parfois l’impression qu’on l’a échappé un peu avec eux… Ayant accès à tout en tout temps, nés avec un appareil mobile à la main 24/7, des jeunes sont en constante confrontation avec ce qui les entoure. Comme si toute leur vie se mesurait dans un rapport aux autres, par une hiérarchie de coolitude, dans un jugement incessant.
Loin de moi l’idée de tomber dans le « c’était tellement mieux avant » car je suis moi-même une actrice active du monde numérique et que tant d’avantages en proviennent qu’on ne saurait plus s’en passer. Mais il faut savoir doser, prendre du recul, savoir se définir sans ce miroir permanent, être capable de décrocher et garder ses positions, ses convictions et son authenticité. Les réseaux sociaux, c’est un grand panneau dans lequel il est facile de tomber pour se laisser influencer négativement et se faire prescrire la vie qu’on devrait avoir, à coup de « j’aime » et de partage.
Reconnaître qu’on regarde trop la vie des autres, reconnaître qu’on laisse pénétrer dans notre schéma mental les nombreux commentaires sur nos publications, reconnaître qu’on a besoin de s’éloigner du virtuel pour se reconnecter au réel bien vivant qui nous entoure : ce sont des réflexions souhaitables si elles s’appliquent et des choix sains qu’on peut faire si on sent que c’est nécessaire.
Mais au-delà de tout cela, reconnaître qu’on est qui on est, qu’on est beau, qu’on est bon et qu’on a notre place, notre valeur, notre légitimité, c’est en soi un grand pas en avant. Parce qu’être heureux, ce n’est pas avoir une vie parfaite sur Instagram, c’est savourer la joie et s’attacher à ce qui nous comble malgré les petits bouts de noirceur qui viennent s’immiscer dans notre quotidien. Une fois qu’on a compris cela, on peut espérer garder en nous une bonne dose de paix intérieure et d’amour propre et reconnaître, enfin, qu’on est si bien et qu’on aime notre vie, telle qu’elle est, imparfaite mais à notre image.
Photo : Unsplash | Adam Jang