Savoir reconnaître nos moments de fierté

Samuel Clara

Êtes-vous fière de vous? Je veux dire, concrètement, quand vous vous regardez dans le miroir, quand vous pensez à vos choix, à vos batailles, au chemin que vous avez décidé d’emprunter, êtes-vous en paix avec tout cela? Je pose la question car j’ai lu dernièrement plusieurs billets et chroniques qui m’ont laissé l’impression qu’on a encore beaucoup de difficulté, au Québec, à se dire fière et digne. Comme une certaine pudeur, une gêne encombrante. Comme si on avait l’impression que c’était de la vantardise ou de l’arrogance, systématiquement.

Pourtant, il n’y a rien de snob ou d’effronté dans le fait de s’assumer et d’être satisfait de son soi-même. Bien entendu, on ne parle pas ici des gens hautains, au-dessus de tout et de tout le monde, qui crachent sur le premier venu pour ressentir leur supériorité fallacieuse. Ni le dédain que les faux riches affichent dans leur visage impassible… Je parle de vraie fierté, de celle qui se ressent au fond de soi, de celle qui nous donne l’énergie de continuer, de se battre, de poursuivre notre route malgré les obstacles.

Les petites gloires sont celles qui nous font le plus de bien car elles sont accessibles et plus nombreuses que les immenses succès qui peuvent ne jamais se pointer ou simplement nous frôler. Les petites gloires, c’est l’examen difficile qu’on réussit avec surprise et dont le résultat est au-dessus de nos attentes, c’est le pitch de vente fait, la boule dans le ventre, convaincue d’avoir raté notre cible et qui se conclut avec un beau contrat en poche, c’est la négociation serrée de votre nouvelle maison ou de votre voiture pour un prix qui vous laissera une marge de manœuvre dans le budget… Ou c’est de tenir son bout même si tout le monde a une opinion inverse quand on sait pertinemment qu’on ne peut pas faire autrement.

Être fière de soi, ce n’est pas se prendre pour une autre, ni faire preuve d’insolence ou de mépris. Non, être fière de soi, c’est mettre en valeur ses plus belles qualités tout en restant soi-même et savoir que notre authenticité nous a permis d’atteindre nos objectifs. Ce contentement ressenti quand, à la fin de la journée, on se couche avec un sourire aux lèvres en sachant indubitablement qu’on ne l’a pas volé, cette victoire.

Quand on se respecte soi-même, on peut être fière de soi, même si rien de particulier ne découle de nos faits et gestes. Le simple fait de s’être écoutée, ça permet d’être fière et noble. Quand l’honnêteté guide nos actions, quand la décence et l’élégance teintent nos actes, on est rarement déçue, peu importe la finalité des choses.

Mais ce n’est pas toujours facile d’agir ainsi, on peut aisément se laisser influencer ou corrompre. Il est même parfois plus facile de choisir le raccourci, la voie rapide qui bouscule autour mais nous amène plus rapidement à destination. Toutefois, comme on le répète si souvent, ce n’est pas la destination qui compte mais le chemin parcouru et souvent, en voulant se précipiter, on manque l’essentiel, l’apprentissage nécessaire, les acquis récoltés dans ce parcours.

En vieillissant, j’ai compris que pour être fière de moi, je devais parfois faire de la peine pour rester moi-même, ne pas être aimée nécessairement, choisir de laisser partir ou de quitter, décider de prendre une route moins fréquentée mais qui colle plus à mes valeurs. Et surtout, j’ai appris que je devais constamment me requestionner, me repositionner pour valider que mes choix sont encore cohérents avec la personne que je suis devenue.

Accepter de changer et d’évoluer, demeurer à l’écoute de sa petite voix intérieure qui nous dicte nos faux pas, qui nous guide quand on s’éloigne de notre essence, ça aide à éviter les pièges et à dériver trop loin. Ça évite de se perdre en chemin. Et ça permet des matins plus doux, des couchers plus sereins, des journées paisibles, sans grands bouleversements ou tracasseries. Pour être fière, au fond, il faut se choisir et s’aimer. Car c’est ainsi qu’on peut s’accomplir, se libérer de ses chaînes.

 

Photo : Unsplash | Samuel Clara

Related Posts

Stefan Johnson Confession d’un vendredi collant 9 septembre 2016
Volkan Olmez Les petits malheurs de la vie 18 août 2016