Devrais-je le remercier de m’aviser ainsi? Ou devrais-je plutôt être fâchée, voire déçue, de cette réaction? Je suis ambivalente sur la meilleure façon de réagir, sur ce que je devrais faire de cette situation. On n’a pas toujours la réponse même si on est directement, intimement, concerné. On a beau l’avoir déjà vécu, être déjà passé par là, quand ça survient on demeure surpris. Mais on ne peut faire autrement que d’y porter attention, c’est trop présent pour être évité…
Je ne parle ni d’une rupture, ni d’un conflit, mais bien d’un souci de santé. Notre corps nous parle, communique ses malaises et ses enjeux, nous dicte nos excès ou nos dérapages, nous réprimande de ces risques pris avec insouciance. Un banal aliment, dans mon cas, déclenche une chaîne de réactions, douloureuses et inconfortables. J’en paie le prix et je dois vivre avec les conséquences. C’est passager, c’est futile, comparativement aux maladies plus graves, aux cancers et autres importants maux. Mais c’est toujours là, insidieux, sournois, au fond de moi. Et ça surprend toujours, avec éclat et vivacité.
Mais, j’ai compris avec le temps que mon mal à moi, il agit comme un messager, comme un radar, une sonde qui détecte mes émotions avant même que je les ressente. Un peu de stress, une préoccupation, le tout accompagné d’un aliment plus indigeste et voilà, c’est la crise, les crampes, l’inconfort total. Et les nuits agitées.
Pourtant, je ne suis pas en colère. Je suis même reconnaissante de ce corps qui communique puisque cela signifie que je suis à l’écoute, ce qui n’a pas toujours été le cas. Je suis forcée de demeurer connectée, enracinée solidement puisque dès que je m’égare, le risque n’est jamais bien loin. J’aurais toutes les raisons du monde de sacrer, de maugréer contre cette foutue maladie chronique qui ne me quittera jamais mais, au loto des maladies, je n’ai pas frappé le gros lot. Vous savez, celle qui vous empêche de fonctionner et qui, au final, finit par vous tuer.
Rien de sombre dans ce billet matinal, plutôt une prise de conscience sur la fragilité de la vie mais aussi sa beauté et le besoin que j’ai de l’habiter pleinement, consciemment et abondamment. On peut vivre dans le luxe, entouré de beaux objets et d’abondance, mais si à l’intérieur ça ne va pas, rien de tout cela n’aura l’effet escompté. En fait, rien ne fait notre bonheur autre que notre état intérieur.
Je remercie mon corps de m’accompagner aussi fidèlement dans cette vie, d’être si généreux en force et en capacité. Et ces petits moments de faiblesse ne font que m’obliger à m’arrêter, à penser à moi, à relaxer, à retrouver une détente perdue. On fait une bonne équipe au final et je ne voudrais l’échanger pour rien au monde. J’ai appris à l’accepter comme il est, à l’aimer et à l’assumer.
Aujourd’hui, après une nuit entrecoupée, je me suis réveillée somme toute apaisée. Mon système a réagi à sa façon mais malgré cela, je vais bien. J’ai la santé, selon ma propre définition. Je peux marcher, je peux respirer, je peux manger. C’est tout ce qu’il me faut.
À chaque début d’année, on se souhaite d’avoir la santé car avec cela, on a tout. Mais on ne mesure pas souvent le sens réel de ces mots. Pourtant, la santé, c’est à la base de tout. Si on est malade, affaibli, il est difficile de s’accomplir, de vivre paisiblement et de savourer la vie. Quand on souffre, il devient ardu d’avoir du plaisir et d’être serein. C’est un cercle vicieux… Alors, quand on va bien, il faut avoir de la gratitude et apprécier chaque seconde que nous avons. Car en quelques minutes, tout peut basculer…
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