La vérité qui fait mal

Meghan Rodgers

Ce matin, dans La Presse+, Patrick Lagacé revient sur les réactions qu’a suscitées sa chronique quelque peu défaitiste du 29 août dernier intitulée Je ne veux pas me mentir. Il réagissait à la démission-choc du ministre français de la Transition écologique, François Hulot, en direct à la radio sur France Inter. Cet ancien militant écologiste a en effet partagé, en temps réel, sa déception face au modèle économique néfaste qui génère tant de problèmes mais auquel on est foncièrement accro. Et la citation qui a fait le tour de la planète et qui a fait écho sur tous les continents : je ne veux pas me mentir.

M. Lagacé faisait état de son découragement devant les avancées minimes que nous avons faites pour sauver notre belle planète, et surtout face au fait qu’il ne croit absolument pas que nous ferons les changements nécessaires pour freiner la débandade environnementale en cours. Et suite à cette chronique, il a reçu une pluie de commentaires, de « tomates » comme il le dit, le critiquant sur son pessimiste. Mais pourtant, en s’ouvrant les yeux et les oreilles bien grand, on peut malheureusement constater qu’il a raison.

Je vous invite à lire lentement ces deux chroniques et à vous questionner sur vos propres habitudes, ainsi que sur votre volonté d’apporter mes modifications drastiques à votre mode de vie. Quand Ferrandez a changé les sens uniques du Plateau pour décourager les banlieusards de prendre des raccourcis à travers son quartier pour contrer les bouchons des grandes artères, tout le monde a crié au scandale. Et pourtant, il n’a fait qu’agir à la hauteur de ses moyens, sachant qu’une grande politique globale n’arriverait pas avant belle lurette.

Quand le compost est arrivé dans les chaumières et que le ramassage des ordures a diminué au profit de celui de nos déchets de table, encore là, lever de bouclier. Tout comme ce fut le cas lors de l’arrivée du recyclage il y a plus longtemps… Changer, c’est difficile et ça demande du lâcher-prise, de l’ouverture d’esprit et une capacité à voir plus grand que soi, à se détacher de son petit nombril.

Comme le mentionne le chroniqueur de La Presse ce matin, pour arriver à drastiquement améliorer notre empreinte écologique, ça va demander de savoir se projeter dans le temps. Car le gros défaut des discours écologistes, c’est de nous parler des effets de nos gestes dans 50 voire 100 ans. Et la plupart des gens se disent tout bas : bah, je serai plus là de toute façon…

Avec l’été dangereusement caniculaire de 2018, quelques-uns comprendront le message et changeront quelques habitudes au quotidien. Mais c’est beaucoup plus que cela qu’il faut faire. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré lundi que l’humanité disposait de deux petites années pour éviter la catastrophe.

« Si nous ne changeons pas de trajectoire d’ici 2020, nous risquons de rater le moment où nous pouvons encore éviter un changement climatique incontrôlable, avec des conséquences désastreuses pour les individus et tous les systèmes naturels qui nous soutiennent. »

Il est minuit moins une comme on dit… Alors on doit agir, maintenant, concrètement. Sinon, dans les livre d’histoires du futur, on dira de notre époque que nous étions des insouciants qui auraient pu changer le monde mais qui ont été trop lâches et égocentriques pour le faire. Et ça, c’est s’il y a encore assez de vie sur terre pour lire ces livres.

Et oui, ce matin, c’est plus un coup de gueule qu’une douce pensée. Mais des fois, ça prend ça. Et on doit marteler le message pour que les choses changent et que ça se fraie un chemin dans l’esprit collectif. En cette période électorale, réfléchissez à vos enjeux, à ceux qui vous préoccupent, pas à ceux qu’on tente de vous forcer à prioriser. C’est bien beau les petits crédits d’impôts, mais si on doit climatiser l’univers entier parce qu’il fait trop chaud à cause de nous, ce n’est pas si prioritaire comme choix… C’est une campagne de petites mesures dispersées alors que l’enjeu environnemental principal a cogné à notre porte tout l’été, nous envoyant des vagues de chaleur intense pour nous réveiller. Et ça va prendre plus qu’un changement de paille…

 

P.S. Ah et ça tombe bien, ça s’en vient… Festival zéro déchet

Photo : Unsplash | Meghan Rodgers

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