Je n’ai jamais aimé les débats. Que ce soit à la télévision avec des chefs de parti ou autour d’une table animée, entre amis. J’aime les discussions, les échanges, mais quand ça tombe dans les attaques et dans l’aspect « je vais te montrer quoi penser », là je décroche totalement. Je ne veux pas m’exprimer sur qui a fait mieux hier, ni sur qui m’a le plus convaincue. Il y a assez de journalistes et de chroniqueurs politiques pour vous éclairer ou donner leur opinion sur la chose ce matin dans les journaux, à la radio ou à la télé.
Mais c’est de l’humain derrière tout cela dont je me préoccupe. Plusieurs ont dit que Manon Massé a eu l’air pas mal crispée et a eu de la difficulté à s’imposer. Honnêtement, si j’avais été sur place, je pense que j’aurais fini par sacrer mon camp en disant : quand vous serez prêts à dire la vérité, à vous respecter, à vous écouter et à fournir de vraies réponses aux questions pertinentes qui vous sont posées, vous me ferez signe.
Je trouve cela désolant cette guerre d’égo en direct à la télévision nationale. Je ne lis personne ce matin qui semble éclairé grâce à ce débat. Et ce qui ressort de cet exercice est décourageant. Des chiffres et statistiques lancés n’importe comment, sans contexte et souvent erronés, des promesses qui ne seront jamais tenues, des jeux de coude malaisants et des attitudes déconcertantes.
Je suis ce type de personne qui se reconnaît dans ce proverbe africain : seul, on va plus vite mais ensemble on va plus loin. Et, hier, j’ai eu l’impression de voir aller principalement des enfants gâtés qui se chicanent pour le même jouet. Des individualistes, des égocentriques, qui se targuent de vouloir tout faire pour « la famille » et « les aînés » mais qui, dès qu’ils ont le dos tourné ou le pouvoir entre les mains, font à leur guise, sans penser plus loin que la prochaine élection.
Ensemble. Est-ce que ce mot signifie encore quelque chose? Pas ensemble comme dans un groupe Facebook là, je parle de ensemble, main dans la main, yeux dans les yeux, rassemblés autour d’une cause, d’une idée, d’une ambition. Ensemble, comme dans « je mets de côté mes doutes, mes peurs, mes préjugés et je vais faire un bout de chemin avec toi parce que la dignité humaine est plus importante que mon profit personnel ».
Je n’ai jamais été aussi écœurée de la politique et pourtant, même si je serai très loin de mon patelin, je voterai à distance car c’est un droit fondamental. S’exprimer sur ce qui ne fait pas notre affaire, sur ce qui nous préoccupe, c’est important. Et c’est loin d’être universel dans le monde alors si on veut garder ce privilège et montrer aux pays moins avancés sur cet aspect qu’on bénéficie collectivement d’un tel droit, il faut l’utiliser.
Bref, tant mieux si vous êtes convaincus de votre choix et ça en prend. Pour ma part, je suis déçue de l’état de la situation. Mais je crois qu’on doit justement en parler, qu’on soit d’un bord ou de l’autre, qu’on soit indécis ou fervent défenseur d’une cause, d’un parti. L’important c’est de se parler, dans le respect et dans l’écoute de l’autre. Échanger, avec les autres, c’est souvent ce qui fait avancer le débat justement.
Selon le Larousse, débattre, c’est discuter une question quelconque. Et discuter, c’est faire l’examen minutieux de quelque chose. Je n’ai pas l’impression qu’on a creusé bien profond hier, on est plutôt resté en surface, à patiner sur une glace noire. Espérons qu’il en sortira du bon, du beau et que, malgré les échanges acrimonieux, des citoyens auront mieux compris à qui ils ont affaire dans chacun des partis.
Nous avons le pouvoir de bâtir l’avenir que l’on veut, mais ça demande de s’élever au-dessus des attaques gratuites et d’élaborer des projets novateurs, à courts, moyens et longs termes. Que vous décidiez de voter stratégiquement ou que vous soyez certains de votre choix, l’important, c’est de le faire avec votre cœur. Car il n’y a que lui qui sait précisément ce que l’on veut.
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