Parce qu’on est en 2016…

Cam Adams

Ce matin, j’écoutais avec ambivalence la nouvelle concernant le festival de BD d’Angoulême qui est accusé de sexisme puisqu’ils ont sélectionné que des hommes pour composer la liste des auteurs éligibles au Grand Prix du prochain Festival international de la bande dessinée d’Angoulême qui se tiendra à la fin du mois. Je comprends qu’on s’insurge du monde de représentation féminine et on sait pertinemment que de grandes femmes ont laissé leur marque dans cette discipline artistique. Mais il ne faudrait pas non plus tomber dans l’extrême comme ça s’est déjà fait dans d’autres domaines et mettre des noms de femmes simplement pour le principe.

En fait, ce qui m’attriste, c’est qu’encore aujourd’hui en 2016, on ne met pas sur le même pied d’égalité les hommes et les femmes, dans tous les domaines. On n’a pas encore le réflexe d’évaluer les talents à niveau égal, tout sexe confondu. Un humain qui a du talent, c’est un humain qui a du talent. Point à la ligne, on passe à autre chose. Et je peux concevoir que certains des finalistes sur la liste de ce prestigieux concours demandent de faire retirer leur nom pour indiquer leur appui à la gente féminine talentueuse qui n’a pas été considérée dans cet exercice de sélection. Mais je crois qu’il faut réfléchir de manière plus globale et se questionner sur la place des femmes dans l’ensemble des espaces privés et publics.

J’ai découvert récemment la page Facebook « Décider entre hommes » qui se veut un observatoire de l’absence des femmes dans les sphères de décision et d’influence, une initiative que je trouve particulièrement intéressante. L’objectif n’était pas de réunir une pléthore d’experts pour s’abreuver de statistiques et d’études mais plutôt de déclencher une prise de conscience, une réflexion. Je crois beaucoup plus en la vague de fond qu’en l’éclat spontané qui a tendance à mourir de sa belle mort une fois la journée terminée.

Un déclencheur pour les 2 instigatrices de cette page a été une photo du ministre Heurtel relayée sur Twitter le 19 août où on le voit lors d’une rencontre réunissant une quinzaine de professionnels masculins. Ce dernier n’a pas apprécié le geste et est allé jusqu’à bloquer les différents comptes liés à « Décider entre hommes ». Plus tard, plusieurs photos ont aussi été rapportées du Premier Ministre Couillard avec ses ministres masculins et autres groupes d’hommes d’influence.

Ça peut en choquer certains mais si personne ne prend la peine d’illustrer le phénomène, de l’exposer publiquement et directement, rien ne changera… Je ne suis pas une féministe frustrée qui croit que les femmes sont meilleures que les hommes. Mais je crois à l’égalité et au respect, 2 valeurs que je défendrai jusqu’à ma mort. Le respect implique de considérer l’autre et l’égalité engage à un examen paritaire des compétences et candidatures pour toute situation.

Le jour où on me prouvera que les femmes sont autant prises en compte que les hommes lors de nomination, qu’on ne fait plus aucune distinction sur un CV autrement que par les compétences, l’expérience et la pertinence, je pourrai crier victoire. Mais j’ai comme le désagréable sentiment qu’il y a loin de la coupe aux lèvres comme dirait l’autre. Mais des obstacles, c’est fait pour se surmonter, non?

 

Photo : Unsplash | Cam Adams

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