Tous les jours, dans le métro, je croise le même homme qui vend l’itinéraire, ce journal écrit par des itinérants pour les aider à sortir de la rue et retrouver un peu de dignité (dixit celui qui tente de me le vendre à tous les jours). Chaque fois que je l’entends faire son argumentaire, je me dis qu’il a du courage d’affronter l’ignorance des gens qui passent devant lui, souvent sans même le regarder. Aussi, je me demande toujours quel a été son parcours pour aboutir là. Car on sait pertinemment qu’il ne s’est pas levé un beau matin pour quitter son emploi stable et décider d’aller vendre un journal à 3$.
Quand je le croise, j’ai toujours un élan de compassion et je ne peux m’empêcher de remercier la vie d’avoir une carrière, une maison, une voiture et tout ce dont j’ai besoin pour vivre confortablement. Parfois ça nous prend ce genre de comparaison pour réaliser à quel point on s’en fait pour des riens. Non, ma vie n’est pas parfaite et il y a toujours place à amélioration mais quand je pense qu’il y a des gens qui dorment sur un banc dans le métro, qui passe la nuit dehors à -20, qui ne mange pas 3 repas par jour, je me considère réellement chanceuse.
Je suis de ceux et celles qui aime aider, qui aime comprendre la situation des autres et qui ouvre son cœur lorsqu’une personne nécessite une écoute et un soutien. Je ne peux pas aider autant que je le voudrais, je ne priorise peut-être pas assez mon implication autant que je le pourrais mais j’ose croire que je fais une petite différence parfois. On le dit souvent et ça peut paraître cliché mais c’est la réalité : dans certaines situations, un simple sourire peut changer la journée d’une personne.
Trop souvent on entend des histoires de gens qui se sont retrouvés seuls dans une situation difficile et j’ai toujours de la difficulté à comprendre que dans une société comme la nôtre ça puisse encore arriver. Ce matin en lisant un article qui relatait l’histoire de 2 jeunes enfants qui se sont retrouvés dehors au froid car leurs parents ne savaient pas que l’école était fermée, j’avoue que j’ai été outrée. Le concierge de l’école a informé les élèves du congé mais n’a pas cru bon de les faire entrer… Chose que je ne comprends vraiment, mais vraiment pas. Les parents, de nouveaux arrivants, ne connaissaient pas le calendrier scolaire ni les pratiques courantes. Nous n’avons surement pas tous les détails mais disons que le gros bon sens n’était pas au rendez-vous ce matin-là…
Combien de personnes âgées tombent dans leur demeure et sont prises plusieurs heures seules avant d’avoir de l’aide? Combien de gens n’arrivent pas à avoir des soins rapidement, un médecin de famille, un spécialiste? Nous sommes une société pourtant très avancée, loin d’être pauvre et avec amplement de gens brillants avec des compétences en gestion. Comment se fait-il que l’on n’arrive pas à trouver un modèle qui fonctionne?
L’argent, l’appât du gain, la soif de pouvoir…
Un jour, nous comprendrons peut-être…
Photo : Unsplash | Kendall Lane