La liberté d’être soi

Anthony DELANOIX

Il y a des jours où l’on se sent fort, confiant et prêt à conquérir le monde. À d’autres moments, on n’aurait qu’une seule envie : rester couchée en boule dans notre lit toute la journée. Sans généraliser, j’ai l’impression que ce yoyo émotif est particulièrement populaire chez la gente féminine, probablement dû aux hormones qui s’amusent à nous changer l’humeur allègrement. Mais au-delà du cycle, la maladie de la comparaison peut créer de véritables ravages puisqu’en étant constamment à la recherche de plus, de mieux et d’un idéal inatteignable, on ne travaille pas sur nos acquis.

On est tous et toutes qui on est, on a tous des forces et des faiblesses, des zones d’ombre et de lumière. Et il est faux de croire que la vie d’untel ou d’unetelle est donc tellement plus merveilleuse que la nôtre. Car s’il y a une chose que j’ai comprise avec les années : on ne connaît pas les batailles de chacun et surtout, on n’a aucune idée du combat intérieur que cette personne mène à tous les jours.

Combien de vedette a-t-on vu s’effondrer, aller en désintoxication ou s’isoler complètement après des jours de galère? Oui, de l’extérieur, ça peut parfois avoir l’air très glamour mais vu du dedans, c’est bien souvent beaucoup plus ordinaire, plus commun et plus comme-notre-vie-dont-on-se-plaint-tout-le-temps. La souffrance, le doute et la remise en question, je pense que ce sont des concepts universels qui traversent les frontières de la richesse. Autrement dit : le bonheur, ça ne s’achète pas!

À force de regarder la vie des autres et de l’envier, on finit par trouver la nôtre tellement moche et à croire qu’on en peut rien y changer. Ce qu’on ne peut pas concevoir, c’est que les autres ont le même comportement et que notre vie à nous les fait rêver aussi. Mais voulez-vous bien me dire pourquoi on se torture à vivre dans cet éternel tourbillon de morosité? Qui a décidé que la performance était si primordiale, qu’on devait bien manger, aller au gym, avoir le condo le plus mirobolant, l’emploi le plus gratifiant, savourer les meilleurs vins, déguster les meilleurs repas et avoir la vie la plus-mieux-meilleure du monde? Et aux yeux de qui? Qui est le gourou suprême qui juge nos vies sur une échelle de un à dix et qui nous accorde la note de passage?

Vous n’en n’avez pas assez de ce foutoir? Moi oui! Je n’ai pas envie que ma vie soit mieux ou moins bonne que celle des autres. Je veux qu’elle corresponde à ce que MOI je veux. On a passé des années à tenter de nous dire qu’on devrait être ceci ou cela. Mais le seul résultat c’est qu’on ne sait plus qui on est et ce que l’on veut. Et bien ce matin, je dis BASTA! Ce n’est pas aux autres de contrôler ma vie. De toute façon, si je comprends le pattern, ça ne sera jamais assez… Alors à quoi bon? Tant pis, je serai en dehors du modèle, je ne correspondrai pas aux standards… et après? Vivre dans le paraître et dans l’image parfaite, ça ne me plait pas. C’est comme si on essayait de me mettre un vêtement trop petit : j’étouffe.

Je me suis laissé prendre au jeu du jugement alors qu’à la base j’étais une personne peu conformiste et qui a particulièrement une tête de cochon. Je ne rentre pas dans un moule car je finis toujours pas vouloir en sortir et fuir à toute jambe. Alors tant qu’à m’épuiser à tenter d’être ce que je ne suis pas pour faire plaisir à je ne sais trop qui, je vais faire ce que j’ai fait de mieux : faire à ma tête… Et advienne que pourra!

 

Photo : Unsplash | Anthony DELANOIX