Les miracles de la médecine moderne…

Annie Spratt

Ce matin, je lisais la chronique un peu sombre de Patrick Lagacé dans La Presse et je ne pouvais faire autrement qu’être interpellée. Pour ceux qui ne l’ont pas lue (vous pouvez le faire via ce lien), il parle grosso modo de son souhait de mourir pas trop vieux, tout comme Bowie. 69 ans, c’est un bel âge pour mourir. Et il élabore sur le fait que l’espérance de vie ne cesse de grandir et sur le paradoxe que c’est bien beau vivre plus vieux mais dans quelles conditions. Et je suis assez d’accord avec son point de vue.

Mon père est décédé de manière assez inattendue à l’âge de 69 ans en 2012. Bien entendu, j’aurais préféré l’avoir dans ma vie jusqu’à 115 ans mais je sais qu’il a eu une très belle vie, qu’il a beaucoup voyagé, fait du théâtre avec passion et accompli bien plus que plusieurs ne l’aurait imaginé. Et je sais surtout qu’il aurait été l’être le plus malheureux du monde s’il avait fallu qu’il soit encabané dans un foyer pour personnes âgées pendant une décennie à manger mou et à jouer aux cartes. Excusez le jeu de mots mais ça l’aurait tué… à petit feu.

Je suis d’avis qu’il est préférable d’avoir une vie un peu plus courte mais joyeuse que d’étirer la sauce inutilement pour que la finale souffrante vienne enlever toute sa beauté au passé. Et je trouve très confrontant de lire le chroniqueur sur le fait qu’on dirait qu’on oublie que nos vieux ont déjà été jeunes et, dixit M. Lagacé, ont déjà été aussi beaux que Jean-Philippe Wauthier. Bon, peut-être pas avec autant de cheveux mais vous comprenez le point! Le message est assez frappant : on ne veut pas admettre qu’on va tous passer par là et qu’on va tous perdre en puissance, en mémoire, en rapidité, en agilité… bref en jeunesse!

Mais ça fait partie de la vie, du processus, du chemin, du passage… Au lieu de se mettre la tête dans le sable, je crois qu’il vaut mieux profiter de ce que l’on a, de nos acquis mais aussi de nos compétences et de notre santé. Car on a rarement vu quelqu’un être plus en forme à 80 qu’à 25, on va se le dire. On a la fâcheuse habitude de remettre à plus tard, de repousser nos projets et nos rêves car on est donc bien occupé dans nos vies surchargées. Mais à 70 ans, on n’aura plus nécessairement ni la force ni l’énergie pour parcourir le monde, faire des cours divers et  explorer de nouvelles avenues. Et surtout, on ne sera peut-être tout simplement plus là pour le faire.

Ça peut paraître un peu lugubre mais à mes yeux, je trouve cela plus sage d’en parler et d’y faire face que de se voiler le visage et penser que ça n’arrivera pas. Personnellement, je n’ai pas de testament, ni de choix d’urne de fait et je ne suis pas tant pressée de régler cela même si c’est sur ma liste de choses à faire que je repousse à chaque mois. Mais je sais que j’ai envie de profiter de la vie et de savourer ce que celle-ci m’apporte.

Un jour, un voyant m’a dit que j’allais mourir vers 69-70 ans d’une crise cardiaque et ça ne m’a pas du tout choqué, comparativement à mon entourage qui s’en voyait troublé. Je préfère que le rideau tombe subitement, ne pas souffrir, ne pas avoir une agonie pénible qui angoissera mes proches. Ma santé n’est pas parfaite mais je tente à tous les jours de prendre soin de moi pour éviter des répercussions néfastes.

Et surtout, j’accepte que la vie décide quand elle s’arrête, malgré tous les miracles de la médecine moderne…

 

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