Influencer positivement

Elijah Macleod

Avez-vous lu ce matin, dans La Presse+, la grande enquête concernant le métier d’influenceuse? En fait, je devrais plutôt dire, de la façon de s’inventer un compte d’influenceuse en payant pour s’acheter des abonnés, en truquant le contenu et en participant aux échanges de « likes » sans scrupule?

Honnêtement, et je ne veux insulter personne, je ne suis pas vraiment une adepte de ce type de personnalité qui se fait payer pour parler de produit. Je n’ai jamais participé à cette mascarade et je ne crois pas que je serais à l’aise de le faire. Déjà, écrire pour quelqu’un d’autre et me faire imposer un ton, un style et des mots-clés, ça ne passe pas avec moi. Alors me faire commander un commentaire positif sur un produit? Très peu pour moi…

Mais ça fait partie de l’ère numérique, de cette période en cours qui prône l’image et, par la bande, l’adoption de tendances par des gens connus pour influencer les fans. On pourrait presque l’appeler l’ère Kardashian. Mais sachant que tout est organisé et surtout pécunier, comment peut-on croire les propos des vedettes?

Je trouve que ça en révèle beaucoup sur le besoin de repères des gens. Comme s’il fallait à tout prix s’accrocher à quelque chose pour nous guider. Comme si notre propre jugement ne suffisait pas. La religion étant loin derrière et n’ayant plus cette place centrale pour dicter les grandes lignes, les grands principes à suivre, on cherche ce qui peut nous aider à y voir clair.

Personnellement, je préfère laisser mon instinct me guider ou me fier à l’expérience de gens que je connais (et qui me connaissent) pour faire des choix plutôt qu’une star qui, bien souvent, n’a même pas essayé réellement le produit et qui sous-traite la gestion de ses réseaux sociaux à une firme spécialisée. Même les commentaires et avis sur internet sont souvent biaisés alors à qui se fier?

Cette enquête, ce matin, met en lumière une pratique frauduleuse mais il y en a des centaines dans le monde virtuel, justement parce que ce n’est pas concret et il n’y a pas de règles claires. C’est un peu la jungle et la guerre au plus fort, ou plutôt à celui qui trouve la nouvelle astuce pour dépasser tout le monde. Mais, à mes yeux, c’est comme tricher à une course en prenant un raccourci. Est-ce qu’on est vraiment fier quand on termine quelques secondes en avance sachant qu’on a triché?

L’argent mène le monde depuis longtemps mais avec ce monde intangible, ça crée de nouvelles possibilités malsaines. Pourtant, on n’a jamais eu autant besoin de concret, de réel, de contact humain et de vrai. Ralentir, ressentir, écouter, ce sont des façons de vivre qui semblent devenir de plus en plus rares. La course aux likes et aux clics n’a jamais rendu quiconque plus heureux. Peut-être un peu plus riche mais encore… Tout est si éphémère.

Ces vedettes d’influence instantanée, c’est comme la télé-réalité : ça propulse des nobody dans les plus hautes sphères sans préparation ni formation. Les plus habiles y trouveront leur route mais pour la majorité, ce sera beaucoup d’énergie pour peu de résultats. Comme dans tout, vaut mieux être conscient du train dans lequel on embarque car la descente peut être abrupte.

Si vous exercez ce métier avec un certain succès et surtout, une éthique de travail, grand bien vous fasse. Vous faites sans doute partie du noyau de chanceux qui tirent leur épingle du jeu. Mais soyez prudent car tout ce qui monte redescend et ces tendances ne durent jamais très longtemps. Le plus important dans tout cela, est de rester soi-même je crois et de ne jamais déroger de ses principes, ses valeurs et de sa propre essence. C’est peut-être là, la clé du succès de ce monde numérique.

Photo : Unsplash | Elijah Macleod

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