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La magie de l’inconnu

Jared Erondu

Avez-vous envie de changer de vie des fois? De tout plaquer et de partir à l’aventure, ou de simplement tout arrêter et prendre du temps pour vous? Moi oui… Et assez souvent même! À mes collègues qui liront ce billet, ne craignez rien, je ne vous abandonnerai pas en plein milieu du projet. Mais ça ne m’empêchera pas de rêver non plus.

Mon ami Jocelyn l’a fait et est parti avec sa femme à Bangkok pour plusieurs mois. J’ai beaucoup de respect pour ce courage et cette douce folie. Mais ça me fait aussi réaliser que tout est possible et que quand on se fixe un objectif, on doit simplement aligner nos faits et gestes pour l’atteindre et on y arrivera.

Il y a plusieurs années, blasée d’être constamment devant un écran, j’ai fait un cours en massothérapie. On peut dire que j’allais dans l’extrême, passer du virtuel au concret, au physique, au toucher. Je n’ai pas vraiment pratiqué dans ce domaine mais ça m’a amené une meilleure connaissance du corps humain, une meilleure façon de gérer mes soucis de santé et une prise de conscience importante sur l’effet du stress sur le corps.

Mais je travaille toujours dans le milieu numérique, sur des projets virtuels et intangibles qui sont éphémères et qui en réalité ne change rien au monde qui m’entoure. Mis à part satisfaire un client pour un produit web livré, la société ne s’en porte pas changé. Et je n’ai pas de réel contact avec les clients qui utilisent ces plateformes en ligne, ou très peu. C’est une partie de mon travail que je trouve frustrante et je dirais un peu déprimante.

Être en contact avec les gens, sentir leur énergie, pouvoir déceler les non-dits, voir le non verbal, les réactions faciales et corporelles, tout cela fait partie de la relation avec les autres. Le virtuel a beaucoup de bon mais nous coupe d’une part importante de la dynamique relationnelle. D’où le désir parfois de sortir de tout cela et de revenir vers quelque chose de plus humain.

Concrétiser un désir profond ne se fait pas aisément, abandonner un domaine d’expertise acquis depuis plus de 17 ans non plus. Mais le changement procure aussi ses bienfaits indiscutables et amène à tout revoir, à refaire ses repères, à sortir de la zone de confort qu’on a passé des années à se forger. Être trop dans le connu, dans le facile, dans ce qu’on maîtrise nous enferme parfois et nous empêche de voir les possibilités. Ça demande un effort et une ouverture d’esprit pour oser explorer de nouvelles avenues.

Rester à l’affût des possibilités et être capable de se transposer dans un nouveau contexte, se visualiser dans un autre monde, une autre vie… c’est un atout que je souhaite avoir car je sais qu’un jour, l’écran devant mes yeux ne me suffira plus. J’aurai envie de voir le monde, de changer de sphère, de voir et surtout de vivre autre chose.

Quand? Comment? Dans quoi? Je n’en ai aucune idée pour le moment et je crois que c’est ce qui est stimulant. Comme un cadeau qu’on a hâte d’ouvrir ou une surprise qu’on a hâte de découvrir… L’inconnu peut insuffler une réelle dose d’énergie et d’espoir.

Qui sait où la vie me mènera!

 

Photo : Unsplash | Jared Erondu

Vivre en société, l’hiver…

Bob Nelson

Après la petite tempête d’hier, les rues et les trottoirs ressemblent à des patinoires par endroit. Il faut user de prudence et surtout, respecter les limites et agir intelligemment. Ce n’est pas la journée pour faire le fou comme on dit. Mais malgré tout, j’ai vu des gens ce matin se prendre pour des pros de la course automobile, des gens avec des voitures complètement prises dans la glace tenter de voir où ils allaient à travers un minuscule trou…

Premier point : déneigez votre voiture! Déglacez-la, assurez-vous d’avoir une bonne visibilité et que vous n’avez pas l’air d’un iceberg ambulant! Ça prend 5 minutes et ça vous évitera de frôler les élèves qui tentent de se rendre à pied l’école primaire du coin (vu de mes yeux de matin, le cœur m’a arrêté)… Le niveau de lave-glace est aussi un bon point de repère pour prévoir les situations fâcheuses.

Deuxième point : si vous voyez une personne qui traverse la rue, laissez-lui le temps de traverser au complet car en quelques minutes ce matin, j’ai vu 2 chutes devant moi. Et vous savez, les petits panneaux sur le bord de la rue qui démontrent 2 personnes avec une ligne pointillée? Vous souvenez-vous à quoi ils servent? C’est un passage pour piétons et en temps normal, si une personne s’y pointe pour traverser, vous devriez vous arrêter pour lui laisser le champ libre. C’est ce que j’ai fait ce matin et je me suis fait klaxonner. Vraiment? Bref…

Troisième point : les rues ne sont pas encore déblayées. Ça passe « serré » comme on dit… Ralentissez! J’ai vu un gros camion passer à vive allure dans une petite rue et une voiture a dû se planter dans un banc de neige pour lui céder le passage… Soyez civilisé je vous prie. On vit au Québec et à chaque année c’est la même chose. Quelques tempêtes, des conditions parfois difficiles et des rues souvent enneigées. Et vous savez quoi? Ça sera comme ça l’an prochain et les années qui suivront. Respirez!

Finalement… Si vous pouvez travailler de la maison, prendre le transport en commun, covoiturer : faites-le! On doit, en tant que société, trouver le moyen de vivre avec ces conditions sur lesquelles nous n’avons pas de contrôle. On vit dans une région du monde considérée comme nordique et il y a mille et un avantages à cela. Mais il y a aussi des désagréments et ce n’est pas en se précipitant et en maugréant que ça changera les choses.

Vivre en société, c’est s’entraider, c’est se soutenir, c’est se respecter.

 

Photo : Unsplash | Bob Nelson

Journées de la persévérance scolaire

Soyez un superhéros de la persévérance scolaire!

La semaine du 15 au 19 février est consacrée à la persévérance scolaire. On parle souvent du manque d’investissement en éducation, de l’état de décrépitude des écoles, des ressources qui se font rares et des cas particuliers qu’on tente d’intégrer aux classes régulières par souci financier… Mais à quand remonte la dernière vraie réflexion sur notre vision commune, en tant que société, de la vie étudiante, des objectifs que nos jeunes devraient atteindre et sur les attentes que nous avons envers ce système anémique?

En cette période de désengagement de l’état, le journal Les affaires nous rappelle qu’en 2015, Québec a décidé de ne plus participer au financement du programme Réunir Réussir (R2), qui organise notamment ces Journées de la persévérance scolaire. La Fondation Lucie et André Chagnon est maintenant seule à soutenir le programme. C’est pourtant une initiative importante qui supporte plusieurs projets à travers la province et qui a un impact réel et concret sur le taux de diplomation.

Et on le sait : un jeune qui décroche en souffrira toute sa vie. Et je ne veux pas mettre l’emphase sur ce que ça nous coûtera en tant que société même s’il est clair que dans bien des cas, on en paie le prix. Je veux plutôt penser en fonction de l’humain, de sa place dans notre société avec des acquis manquants, avec des difficultés d’intégration, avec un accès au travail réduit, avec souvent des problèmes d’alphabétisation qui l’empêchent d’avoir accès aux services qui lui sont offerts tout simplement par manque de compréhension et incapacité à remplir les formulaires adéquatement.

Tout fonctionne par un formulaire ici et quand on regarde nos nouveaux réfugiés syriens qui ne parlent ni français ni anglais, je me demande parfois comment ils font pour se débrouiller. Mais là, je m’égare…

La persévérance scolaire, c’est l’affaire de tous. C’est à chacun de nous de valoriser l’éducation et d’encourager les jeunes à persévérer. Un diplôme n’ouvre pas nécessairement toutes les portes, mais sans lui, certaines demeureront fermées sans aucun doute. La décision de Québec de ne plus participer aux Journées de la persévérance n’est qu’un autre exemple de sa propension aux économies de bout de chandelles. Sur le coup, on semble économiser et ça fait balancer des colonnes de chiffres mais à la longue les conséquences sont désastreuses et surtout, les générations futures en souffrent et on finit tous par en subir les effets.

Le thème de cette année pour les Journées de la persévérance scolaire est : les héros de la persévérance. En gros, ce qu’on y dit c’est « Soyez un héros de la persévérance scolaire ». Comment? En encourageant, en montrant l’exemple, en félicitant les efforts, en appuyant, en étant présent…

Plusieurs héros de la persévérance vous entourent, que ce soit en milieu scolaire, dans un organisme ou en tant que parent. Partagez leur histoire avec le mot-clic #JPS2016 sur Twitter. En mettant en avant leur talent et leur passion, vous montrerez ainsi votre appui et participerez à ce mouvement qui a bien besoin de l’implication de tout le monde pour réussir.

Pouvez-vous m’aider?

Montreal

Depuis plusieurs années déjà, je vis un phénomène social assez cocasse. Les gens me parlent… Et quand je dis les gens, je parle bien entendu de ceux que je connais mais aussi étrangement de ceux que je ne connais pas. Des inconnus… Je dis souvent à la blague à mes amis qui assistent à ces événements anecdotiques que j’ai une face de guide touristique.

Encore ce matin, dans les couloirs du métro, un homme m’a arrêté pour me demander son chemin. « Excusez-moi madame, pourriez-vous m’aider en m’indiquant comment me rendre à l’endroit X. »

C’est commun et usuel pour moi maintenant. Et à chaque fois, ça me fait sourire. Car nous étions une dizaine de personnes à passer à ce moment-là près de cet homme et il a fallu que je sois l’heureuse élue.

Bien sincèrement, ça ne me dérange pas le moins du monde et je trouve cela même amusant. Car des fois je suis dans un quartier que je ne connais absolument pas et je dois avouer à cette personne que je suis aussi embêtée qu’elle sur le trajet pour se rendre mais avec un iPhone en poche, on réussit toujours à se débrouiller.

Je me souviens d’une jeune femme, à peine majeure, à la sortie du métro Mont-Royal il y a quelques années, qui semblait tout droit sortie du fin fond de la Côte-Nord et qui devait en être à ses premières heures dans la grande ville. Les yeux écarquillés comme un chevreuil sur la route, elle me regardait l’air de dire : si tu ne m’aides pas, je vais m’effondrer en larme.

La pauvre devait rejoindre ses amis à leur appartement mais elle ne connaissait pas du tout les rues, le quartier, la ville, les sens unique… Bref, elle arrivait de loin. Et je me souviens lui avoir demandé : as-tu le numéro de téléphone de tes amies? Et tout à coup, ses yeux ont brillé. Elle était tellement stressée par sa désorientation qu’elle n’avait pas pensé à cela. Je lui ai prêté mon cellulaire et elle a pu leur parler. Et j’ai marché, rue Mont-Royal avec elle, juste qu’à la rue Mentana, où ses amies sont venues la rejoindre.

Elle doit encore s’en souvenir aujourd’hui elle aussi. Et je me souviendrai toujours de ce moment un peu rigolo car au fond il n’y avait rien de dangereux. C’était simplement une personne vulnérable qui m’a vu dans la foule pressée et qui a probablement senti qu’elle pouvait me faire confiance.

On a tous un quelconque aura, on dégage tous quelque chose autour de nous. Les gens nous regardent et en quelques secondes, ils se font une idée. À voir le nombre de citoyens, touristes et nouveaux arrivants qui m’abordent, je me dis que je dois leur donner une impression d’honnêteté et ça me fait un petit velours.

Comme je fais souvent la blague au bureau : on s’accroche aux petites choses!

Sur ce, je vous souhaite, malgré le froid sibérien, un excellent week-end!

Être soi-même…

Michael Hull

Ce matin, un collègue de travail est venu me présenter le fruit de son labeur. Cette personne que je croise à tous les matins, qui me sourit et ma salue, je la connais peu au fond. Et aujourd’hui, je lui ai découvert un talent de minutie et de passion : il sculpte des pierres précieuses. J’ai été touchée qu’il s’ouvre ainsi en me présentant sa « collection ». Démontrer sa vulnérabilité et sortir du cadre du travail n’est pas donné à tout le monde.

Ça m’a fait réfléchir sur ce qu’on montre de nous, sur la partie qu’on ose exposer versus la part de nous qui demeure dans l’ombre, de peur d’être jugé. Quand on est petit, on n’a pas cette crainte, on avance, on s’amuse et on n’est aucunement conscient de toute cette réalité qui bourdonne autour de nous. Et un jour, lentement et insidieusement s’installe au fond de nous la petite bête de la comparaison. Suis-je assez ceci ou cela, vais-je être accepté dans tel groupe, va-t-on me rejeter ou m’accepter comme je suis… Tous ces questionnements arrivent un jour ou l’autre et polluent notre estime de nous-mêmes.

Apprendre à se connaître, se valoriser dans des activités qui nous ressemblent avec des gens qui nous respectent aident à se forger une personnalité forte, capable d’affronter les tempêtes. Avec du recul, on comprend cela mais malheureusement, la vie a parfois fait ses ravages et on doit reconstruire une partie de nous qui a été durement touchée dans notre enfance et notre adolescence.

Je repense aux publicités que l’on voit actuellement sur l’intimidation qui nous racontent des situations et ce que les gens auraient aimé faire autrement. Je les trouve d’une simplicité désarmante et surtout efficace. On n’a pas besoin de voir les blessures, de voir un jeune se faire frapper dans la cour d’école, pour comprendre la douleur engendrée par ce phénomène destructeur. On peut fort bien se l’imaginer car tout un chacun, nous avons déjà vu ou subit cela. Personne ne peut se vanter de n’avoir jamais assisté à une scène malaisante où une personne a fait face à la méchanceté humaine.

Parfois, dix ans plus tard, la victime explose et toute l’accumulation refait surface, sans qu’on ne comprenne pourquoi. Et un long processus s’enclenche pour elle afin de se libérer de son passé pesant.

Alors je reviens à l’origine de ce texte : la passion et l’audace de la montrer. Oser être qui l’on est et faire fi des regards hautains, des jaloux et des gens qui rigolent dans un coin mais qui au fond nous envient d’avoir cette force en nous.

Je me suis bien souvent sentie différente des autres et je me souviens d’une personne qui m’a dit un jour : tu te sens seule parmi les gens. Aujourd’hui, je réalise que je ne voulais pas être comme tout le monde simplement pour ne pas détonner. J’en étais incapable. Tenter de rentrer dans un moule le faisait mal.

Et je constate que malgré les obstacles, ça a fait de moi une personne résistante et résiliente car avec mon parcours atypique, j’ai pu découvrir des choses que je n’aurais pas pu connaître sur la belle route tranquille. Et ça, ça me rend fière.

 

Photo : Unsplash | Michael Hull