En cette Semaine nationale de la santé mentale, je suis particulièrement sensible aux messages qu’on nous envoie de toute part. Comme dans toutes situations, certains abusent de l’opportunité alors que d’autres, sans mauvaises intentions, promeuvent leurs services, sans que ceux-ci ne soient nécessairement de grande qualité. Mais derrière tout ce brouhaha communicationnel se cache un élément très important : est-on réellement capable de parler de santé mentale?
Lorsque quelqu’un de votre entourage ne se porte pas bien, au-delà de la grippe ou de la gastro je veux dire, comment réagissez-vous? Quand un de vos proches, un collègue ou un ami s’isole et semble avoir de la difficulté à surmonter une épreuve ou à remonter la pente, comment vous sentez-vous? J’ai l’impression qu’on a encore bien de la difficulté à assumer les petits et grands problèmes mentaux.
Le simple fait de dire qu’on consulte un ou une psychologue génère souvent de la surprise et un certain malaise chez notre interlocuteur. Et pourtant je demeure convaincue que tout le monde devrait faire une thérapie, consulter, à un moment de sa vie, un professionnel. Faire un travail sur soi représente un défi en tant que tel car il faut, à la base, se laisser aller, mettre de côté les barrières et les mécanismes de protection pour être totalement honnête et transparent.
On est prêt à attendre des heures à la clinique quand on ne file pas, physiquement, mais quand on se sent troublé dans notre tête, on s’enferme, on s’anesthésie, on se met la tête dans le sable. Et pourtant… Un rhume, ça peut passer tout seul mais l’accumulation de moments difficiles peut, à long terme, nous emmurer dans une vision distorsionnée de la vie. Et personne n’est à l’abri, soyons clairs là-dessus.
Certains diront qu’eux, ça ne leur arrivera jamais, qu’ils sont faits forts, qu’ils n’ont pas besoin de ça… Mais pourtant, tout le monde a ses schémas cognitifs et ceux-ci sont si forts qu’ils nous font croire que c’est normal de penser ainsi. De notre enfance à nos expériences de vie, notre esprit se forge avec des images, des pensées et des influences de toutes sortes qu’on ne contrôle pas. Prendre un peu de recul et avoir un regard extérieur permet bien souvent de comprendre mieux nos réactions et de voir autrement des événements de notre vie.
Ça demande un certain courage et pour consulter et demander de l’aide. Se remettre en question, revivre des moments moins heureux de sa vie, prendre conscience d’attitudes destructrices qu’on ne voyait pas avant, réaliser la souffrance infligée, à soi et aux autres, tout cela peut être ardu mais surtout hautement libérateur. Être bien dans sa tête, c’est se sentir plus en confiance, plus léger, plus solide et plus ouvert aux autres. La société entière bénéficie de notre saine santé mentale et collectivement, nous devrions être plus ouverts à en parler, à accepter et à promouvoir cette sphère de nos vies.
Peu importe l’approche choisie pour votre cheminement thérapeutique, l’important c’est l’investissement que vous faites sur vous. Dans le fond, la thérapie, c’est comme un REER mais dont on profite dès maintenant et que même l’impôt ne peut pas nous enlever 😉
Photo : Unsplash | Alondra Olivas