Mon beau sapin, roi des forêts…

Markus Spiske

Récemment, je vous partageais des suggestions pour concevoir quelques décorations vous-mêmes. Depuis ce jour, dans ma tête, une idée trottait, que je rejetais systématiquement mais qui s’acharnait et revenait à la charge. Puis, hier, j’ai flanché et j’ai décidé de succomber à la tentation : cette année, j’aurai un sapin naturel.

C’est complètement absurde car j’habite seule avec mon vieux matou qui risque d’y faire sa fête. Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai eu une furieuse envie de cette bouffée de nature dans ma maison, de cette évocation de mes souvenirs d’enfance alors que je partais dans le bois pour choisir le sapin avec mon père.

En discutant avec des amis récemment, j’ai réalisé que ce ne sont pas tous les enfants qui ont eu le privilège de cette tradition. Partir en excursion en famille, choisir l’arbre qui trônera fièrement au milieu du salon, et surtout, le ramener à la maison sur un traineau en raquette… Je ris simplement en me remémorant toutes les anecdotes qui ont ponctuées les fêtes de Noël de mon enfance.

Il y a quelque chose de complètement magique dans cette période de l’année, même quand on est seul, même quand on n’a pas d’enfant. Les rencontres de famille nombreuse, les repas copieux qui débordent de la table et rapprochent les gens, les chants pas toujours bien exécutés, les trous de mémoire sur les paroles, les histoires qui reviennent à chaque année, les larmes qui montent en évoquant ceux qui ne sont plus parmi nous… Et les enfants qui illuminent la maisonnée avec leurs yeux brillants devant toute cette frénésie (et surtout en admirant la montagne de cadeaux qui siègent sous l’arbre).

Cette année, donc, j’aurai un vrai sapin. Pas un de 8 pieds comme dans mon jeune temps, mais un vrai, qui sentira bon, que je devrai arroser, et qui laissera un million d’épines dans ma maison. Je suis excitée comme une enfant de 6 ans juste à l’idée de le décorer, d’être responsable de sa splendeur. Je sais que la première soirée, je l’admirerai en pleurant car trop de souvenirs remonteront.

Pour moi, cette période de l’année où mon père me manque terriblement est tout de même douce et chaleureuse car elle évoque les retrouvailles de la famille qu’on ne voit jamais assez. Comme on dit, rien n’est parfait en ce bas monde mais on dirait qu’on est capable, pour une fois, de laisser nos soucis dehors, dans le froid et la neige, pour profiter de la présence de nos proches et savourer ces moments rares pour faire le plein d’énergie.

Une nouvelle année arrivera trop vite, on dira encore qu’on n’a pas vu le temps passer, on chialera contre mille et un sujets, on rira, on se rappellera nos bons et mauvais coups, on abusera des bonnes choses et on rechargera nos batteries de bonheur pour affronter l’hiver en rêvant à notre prochain été.

Je l’aime notre coin de pays, notre vie ici et notre paix. Ce n’est pas parfait, on a nos soucis et nos défis mais quand je nous compare à bien des lieux instables du monde, je remercie la vie de ce privilège de pouvoir, librement, me commander un sapin sur Internet et n’avoir comme seul enjeu celui de me demander comment je vais le faire survivre jusqu’en janvier!

 

Photo : Unsplash | Markus Spiske

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