On a tous entendu parler de familles qui vivent autrement, dans la nature, dans la simplicité volontaires, en accord parfait avec leurs valeurs et philosophie de vie. J’ai beaucoup d’admiration pour ces gens qui osent suivre leur chemin, qui plaquent tout pour tenter l’aventure qui les appelle. Que ce soit pour insuffler à sa famille des principes de respect de la nature, pour cultiver et concevoir de ses mains les biens nécessaires, se retirer de la vie stressante de la ville ou simplement, décider de changer de mode de vie, une telle décision représente une étape importante dans une vie.
Ceux qui me connaissent savent que j’aime le beau, les objets design, la modernité… Sans être une gadget happy, j’aime pouvoir profiter des innovations et du progrès… Mais est-ce vraiment du progrès quand on sait la pollution engendrée par nos bébelles, le transport requis, les conditions des gens qui ont construit ce qu’on se procure?
Je me souviendrai toujours d’une phrase d’une journaliste il y a quelques années qui disaient : si vous vous procurez un chandail à 7$, imaginez les conditions des gens qui l’ont conçu pour vous offrir ce beau morceau à rabais! On trouve ça une aubaine ici mais quel est le prix réel sur la vie des gens qui triment fort, au péril de leur vie?
Je travaille dans un domaine de pointe, dans les technologies qui font maintenant partie intégrante de notre quotidien. On ne s’imagine plus une journée sans consulter notre téléphone pour vérifier la météo, consulter nos courriels, trouver un commerce de proximité, vérifier les heures d’ouverture ou le trajet pour se rendre quelque part…
Alors qu’avant, on savait percevoir dans le fond de l’air une averse à venir, on se fiait sur notre instinct et notre mémoire pour retrouver sa route ou on arrêtait pour demander de l’aide, nous permettant un contact avec des inconnus souvent fascinants et chaleureux, on cousait, confectionnait et cuisinait pour notre survie, on communiquait par écrit et on avait la patience d’attendre la réponse par la poste pendant des jours, on se parlait au téléphone avec le timbre de voix nous permettant de percevoir l’état de notre interlocuteur…
Tout ça nous semble si loin alors que c’est pourtant encore si frais… C’est presque impensable d’imaginer tout ce qu’on a oublié, mis de côté et boudé au profit d’une technologie abrutissante et désarmante. On se prive de sensations, de contacts réels et de plaisirs pour en vivre plus et plus rapidement. Et on appelle ça le progrès…
Les vacances me donnent toujours un coup de fouet, un sentiment d’absurdité en me reconnectant à un rythme plus réaliste et cohérent. Prendre le temps de vivre, de sentir, de voir et d’entendre la vie autour de soi procure toujours un sentiment mitigé de déception et de bonheur.
Je crois que l’important est d’en être conscient, de savoir et trouver des moyens pour se garder branché sur cette source vitale, sur ce qu’on sent réellement et de parsemer notre vie de moment de lenteur et de contemplation. Et qui sait où la vie nous mènera!
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