Dichotomie entre plaisir et peine

Peter Hershey

C’est étrange comment, parfois, on peut ressentir des émotions totalement opposées, en même temps. Des sentiments qui, à prime abord, ne peuvent pas cohabiter mais qui, dans des circonstances particulières, se retrouvent côte-à-côte, mitoyennes dans notre esprit, notre cœur et notre ventre.

C’est ce que je vis actuellement. Je suis partagée entre l’immense joie et le soulagement que m’apporte ma décision de prendre une pause, un temps d’arrêt mérité dans ma carrière, pour me déposer et me recentrer, et la peine de voir dépérir mon ami, mon compagnon, mon beau matou Boris. C’est difficile d’être heureuse quand j’ai devant moi cette petite bête que j’adore qui perd tranquillement le contrôle de ses membres et ses facultés cognitives.

Je me sens comme si j’accompagnais un malade en fin de vie sauf que celui-ci ne peut pas s’exprimer ni me dire comment il se sent, me confier ses dernières volontés ou se libérer de vieilles rancunes enfouies. Je me retrouve devant ce petit amour affaibli complètement dépourvue et en quête de réponses introuvables. Mon seul recours est de le réconforter, de le soigner et de tenter de déceler des signes à peine perceptibles de son confort ou de sa douleur. Je réalise que la santé animale est bien plus mystérieuse à mes yeux que celle de l’humain à laquelle je m’intéresse avec passion depuis de nombreuses années.

Et l’autre partie de moi se réjouit du temps libre qui s’annonce, des cases horaires à remplir, des moments à ne rien faire que je pourrai pratiquer abondamment. Je n’ai même pas envie de me demander ce que j’en ferai, le plaisir de me laisser guider par mes envies soudaines est trop flagrant. Moi qui adore l’automne, je serai choyée d’y savourer chaque instant.

Comme je fais confiance à la vie, je me dis que cet entracte coïncide surement volontairement avec ce qui m’apparaît être les derniers moments de mon beau félin adoré. Pouvoir être présente, en corps et en esprit, est un cadeau que je me permets et qui fait que je n’aurai pas le regret d’avoir manqué ces précieuses journées. Son rythme sera le mien et il pourra, je l’espère, profiter des bonnes odeurs de la cuisine maison et de la douceur des caresses apaisantes.

On ne choisit pas dans la vie et on ne contrôle pas ce qui arrive. Je le comprends de plus en plus et accepter ce qui est fait partir des apprentissages que le yoga, la thérapie et de nombreuses lectures m’ont apporté. J’aurais beau combattre cette réalité, rager et être en colère mais rien n’y changera et je préfère transmettre une énergie positive à mon beau Boris que de lui faire sentir ma perturbation. Après tout, il n’y est pour rien et il n’a pas choisi cet état. Je suis convaincu qu’il préférerait gambader dans le par cet chasser les insectes comme il l’a fait si souvent, ou grimper dans mon lit pour récolter des câlins que d’être couché en boule sans comprendre ce qui se passe.

Le seul mot qui me vient en tête en ce moment et qui termine ce billet : Namasté!

 

Photo : Unsplash | Peter Hershey

Related Posts

Toute bonne chose a une fin… 16 septembre 2016
Paul Gilmore On ne sauve pas des vies… 26 mai 2016