Hier, c’est avec un très grand enthousiasme que je suis allée récupérer mon panier bio. Je vous mets un peu en contexte : j’ai participé à un petit concours sur Facebook et, magie, j’ai gagné! Alors j’étais d’autant plus heureuse d’aller chercher mon « prix ». Et ce panier, ce n’est pas un simple panier ordinaire comme il s’en fait des dizaines… c’est un panier de produits bios dits « moches », offerts par l’entreprise Second Life.
J’étais donc très intriguée de pouvoir voir ce qu’on considère comme des moches parmi les fruits et légumes… Je me doutais bien de voir quelques aliments déformés car on a tous l’image de la carotte à trois pattes ou de la tomate qui a l’air d’une paire de fesse. Mais mon étonnement a été assez instantané : la plupart des légumes me paraissaient tout ce qu’il y a de plus ordinaire!
Et je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle avec les gens. Si on jugeait les humains comme les légumes dans notre société, ce n’est plus une élite qu’on aurait mais une secte! Mais attendez… On le fait! Je ne veux pas revenir sur l’histoire de Safia Nolin mais c’est presque inévitable. Elle est différente, authentique et complètement elle-même et on la juge. Comme on juge plein de gens qui osent afficher leur couleur et leur personnalité. Dans notre vie, on a tellement le jugement facile, moi y compris.
Mais on dirait que de voir ce panier de fruits et légumes où, mis à part les tomates craquées qui en deviennent attachantes, m’offrent des aliments frais, bios et qui feront des plats tout aussi délicieux, ça m’a frappé fort. On rejette facilement ce qui ne rentre pas dans le moule, ce qui détonne, ce qui ne brille pas comme on le voudrait. Car tout est là! Dans le « comme on le voudrait ». Ce foutu conditionnement qu’on nous a entré bien creux dans le cerveau à grand coup de campagnes marketing finement produites.
Qui a décidé qu’une carotte devait absolument être bien droite pour goûter bon? Et qui a dit qu’on mérite plus un prix parce qu’on porte une belle robe de gala? D’où vient cette obligation de faire du 9 à 5 bien cordé dans des tours du centre-ville, de ne pas porter de jeans au travail ou de s’infliger un rythme qui n’est pas naturel? On n’est pas des robots, on est des humains… Comme une carotte est une carotte. C’est son goût qui importe, pas son look. Si on la cuisine pour la mettre en valeur, elle sera succulente.
Alors si on accepte les gens comme ils sont, avec leurs différences, et qu’on trouve le meilleur contexte pour les faire éclore, les faire briller, les mettre en lumière, on tirera le meilleur de ces gens, on bénéficiera de leur talent et tout le monde s’en portera mieux.
La vie nous envoie en plein visage des métaphores et des messages et il faut savoir les capter. Si mes comparaisons matinales ne vous plaisent pas, c’est correct. Je suis qui je suis et je m’accepte ainsi. Et je nous souhaite plus de tolérance, de compréhension et d’inclusion pour l’année 2017 car j’ai l’impression qu’on en a sérieusement besoin. Quand on est rendu à rejeter un poireau car il a une petite entaille, c’est vraiment qu’on a besoin de se recentrer je crois.
Alors, je vous invite à visiter le site de Second Life qui offre des paniers bios moins chers avec des produits qu’on rejette au supermarché et qui pourtant feront d’aussi bons plats réconfortants. L’initiative me plait grandement et le simple fait de savoir que ces fruits et légumes étaient auparavant jetés me motive encore plus. Réduisons le gaspillage alimentaire en se nourrissant du fruit de nos terres.