Il y a quelques années, j’étais ce genre de personne qui attendait pour être heureuse. J’attendais de déménager, de rencontrer quelqu’un, de régler mes dettes, de pouvoir voyager, que l’été arrive, qu’il fasse plus beau… bref, vous comprenez le concept. J’étais tout le contraire d’être dans le moment présent. J’avais l’impression qu’il me manquait quelque chose, que ça serait mieux plus tard.
Je lisais des phrases qui m’apparaissaient clichées et qui disaient que le bonheur est à l’intérieur de soi, qu’on doit se satisfaire de ce que l’on a, qu’il ne faut pas attendre et vivre pleinement notre vie. Et je ne comprenais pas. En fait, ma tête comprenait mais ça ne résonnait pas dans mon cœur. La connexion ne se faisait pas… Connection lost comme disent les anglais…
Mais pendant tout ce temps, je continuais à avancer, j’allais à mes rendez-vous avec ma psy avec l’impression que j’étais à côté de la plaque, que je piétinais. Je ne me rendais pas compte que je semais des graines que j’allais un jour récolter. Mon cœur était en jachère, en période de dormance.
Puis, subtilement, j’ai eu l’impression que le printemps se pointait le nez à l’intérieur de moi, que tout à coup le soleil venait me réchauffer l’âme. Sans que je ne m’y attende, sans tambour ni trompette, sans grand dévoilement… Sur la pointe des pieds, un changement s’est installé. Et j’ai levé la tête, j’ai vu la vie sous un nouvel angle.
Je ne peux pas expliquer ce qui s’est passé et s’il y avait une recette en 10 étapes faciles, il me ferait immensément plaisir de vous la partager. Mais justement… J’ai compris que nous sommes tous différents et qu’on a tous notre parcours spécifique vers le bonheur. On ne peut pas prendre deux personnes et les faire progresser de la même façon. Chacun sa route, chacun son rythme, chacun ses moments de pause dans la progression.
Car non, quand on décide qu’on se prend en main, qu’on change les choses, ce n’est pas facile, ce n’est pas sans faille, ce n’est pas parfait. Rien n’est parfait, et si on se rentrait ça dans la tête dès le départ, on arrêterait peut-être d’être déçu et de se décourager. Il arrive qu’on fasse un bout dans la bonne direction puis qu’on ait besoin de prendre du recul, de se mettre sur le bas-côté pour intégrer ce qu’on a appris, pour laisser le changement opérer.
Puis on reprend la route, plus léger, plus solide et on continue de progresser. La vie est comme le ciel, parfois il y a quelques nuages, parfois c’est l’orage mais souvent, c’est un beau soleil qui réchauffe, un ciel bleu qui nous émerveille et met un baume sur nos petits moments moins joyeux.
J’avais envie ce matin de vous partager cela car j’entends souvent des gens dire qu’ils n’ont pas l’énergie de se prendre en main, qu’ils ont l’impression que c’est trop tard ou qu’ils ne savent pas par où commencer. Mais il faut avant tout prendre le pouls de notre état et accepter ce qui est, accueillir la réalité et cesser de se mettre la tête dans le sable. Personne n’est parfait et quiconque prétend l’être est sans doute souffrant. Quand on commence à travailler sur soi, on se rend compte que c’est l’affaire d’une vie mais que c’est aussi le plus beau cadeau que l’on peut s’offrir. Et aller mieux, c’est aussi offrir mieux. Être plus disponible mentalement pour nos proches, être plus présent d’esprit, avoir le cœur plus disponible…
Cessons d’avoir peur, de se juger les uns et l’autres et soi-même, de vouloir que tout soit lisse, impeccable. Sans l’imperfection, la vie serait morne et banale. Les petits défauts, ce sont les preuves de l’existence. C’est notre couleur, ce qui nous définit et qui prouve qu’on a pris des risques, qu’on a vécu, qu’on a essayé. C’est ce qui est beau, comme le bois ancien qui porte les marques du temps.
Photo : Unsplash | JOHN TOWNER