Quand bouger n’est plus un réflexe

James Sutton

Article troublant dans La Presse+ ce matin concernant la dégradation de la forme physique chez les jeunes dans les écoles. J’aurais beau chercher une introduction en la matière moins brutale, le constat ne le serait pas moins : ça ne va pas bien. Et un passage qui m’a particulièrement choquée dans ce papier?

Au primaire, le ministère de l’Éducation recommande 120 minutes d’éducation physique par semaine. Mais il ne s’agit que d’une suggestion. Selon la FEEPEQ, plus de 30 % des écoles ne respectent pas ce minimum recommandé.

Pardon? 30%? Une simple suggestion? Comment peut-on décider de couper dans la santé des jeunes, de les priver de cette occasion d’être encadrés dans la pratique de l’activité physique, dans un des rares moments dans leur horaire chargé pour se défouler un peu, faire sortir le stress et la fatigue accumulés? Je n’ai jamais compris que le gouvernement ait pu même envisager une seconde de couper les cours d’éducation physique et je peux vous jurer que je serais montée aux barricades si un projet avait été déposé dans cette optique.

Je n’ai pas été élevée dans une famille où le sport était très présent et j’ai dû m’éduquer moi-même à intégrer l’activité physique dans ma routine de vie. Il faut apprendre à découvrir ce que l’on aime et ce qu’on sera capable d’incorporer dans son horaire sans se sentir privé de temps. Car quand on n’a jamais bougé beaucoup, au départ, on peut sentir que c’est du temps en moins. Pour les grands sportifs, cette phrase peut paraître insensée mais pour le commun des mortels, c’est la réalité. Cessons de se mettre la tête dans le sable sur ce sujet…

Alors quand on réussit à trouver ce qui nous plaît et nous permet de garder notre motivation, c’est tout un accomplissement. Si on coupe l’opportunité de ces jeunes d’expérimenter plusieurs sports, on les prive d’un apprentissage sur eux-mêmes et sur les bienfaits de l’activité physique. Et ce que ça génère, ce sont des jeunes qui souffrent de problèmes de santé beaucoup trop tôt car ils ne sont pas en forme. Et, nul besoin de m’étendre sur le sujet mais vous comprenez que c’est le système de santé qui doit gérer ces cas atypiques.

Comment peut-on croire que ça n’a pas d’impact, que c’est sans conséquence? C’est comme de dire qu’on va couper le français et qu’ils ont seulement à ouvrir la télé et à lire un peu pour l’apprendre. Voyons, ça n’a aucun sens! L’école est un milieu de vie qui doit encadrer et offrir un terrain favorable aux bonnes habitudes de vie autant qu’aux connaissances.

Oui, les parents ont un rôle à jouer mais les enfants sont fortement influençables et si, à l’école, on leur passe le message que ce n’est pas important de prendre soin de soi, ils vont l’intégrer d’une certaine façon. Et je ne crois sincèrement pas que c’est un risque que l’on veut prendre collectivement. On a déjà des chiffres qui nous prouve qu’une dérive s’opère. Ne la laissons pas empirer!

Ce matin, oui, c’est un coup de gueule et non un partage positif et serein mais ça aussi, ça fait partie de la vie. On doit demeurer à l’affût du laisser-aller de notre société car c’est collectivement qu’on peut garder le cap. La facilité est un mal commun dans la gouvernance de notre pays et notre province et si on n’insiste pas sur ce que l’on désire comme société, certains pourraient décider à notre place et nous imposer des règles incongrues qui leur semblent plus faciles à gérer.

Soyez présents et faites savoir à vos écoles et vos gouvernements que l’activité physique et le partage de bonnes habitudes de vie doivent occuper une place centrale dans la société. En ayant un message ferme et clair, nous démontrerons notre conviction. C’est l’avenir de nos jeunes qui en dépend. Sur ce, bon vendredi et bonne fin de semaine!

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Photo : Unsplash | James Sutton