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Utopie, vraiment?

Markus Spiske

Je fais partie des gens que certains considèrent comme des illuminés, des utopistes ou des granos mais je le dis d’emblée, ça ne me dérange pas du tout.  On me juge ainsi parce que je crois sincèrement que notre monde d’aujourd’hui cloche, qu’il y a quelque chose dans notre façon de vivre qui n’est ni réaliste, ni en accord avec le fondement de l’être humain.

On court sans cesse après nos vies, on travaille beaucoup pour payer nos voitures, nos maisons, nos voyages, on surconsomme pour compenser la perte de jouissance, on passe des heures interminables dans le trafic, on achète des gadgets censés nous rendre la vie plus facile sans mesurer que le temps travaillé pour ce payer les dits bidules nous a grugé notre énergie… Bref je pense que vous comprenez le concept…

Et tout ça pour, le dimanche, se déculpabiliser en achetant à l’épicerie quelques produits biologiques en ayant l’impression de faire une différence. On s’entend que je n’enlève rien à ces produits mais malheureusement, on sait maintenant que la provenance n’est pas assurée et le suivi de la chaîne est déficient donc il y a de fortes chances pour qu’on consomme en fait un produit qui vient de bien trop loin…

Je me souviens de ma jeunesse où un immense potager trônait dans notre cour arrière, où j’avais le plaisir de pouvoir cueillir une carotte directement de la terre et où on ne se souciait guère de manger quelques grains de terre… Le poêle à bois chauffait la maison, on passait notre temps à jouer dehors et on mangeait majoritairement des plats faits maison, de a à z.

Quand je regarde ma vie plus urbaine aujourd’hui, je me sens déconnectée de cette réalité. Je n’ai plus de champs tout près où les bovins et chevaux flânent, je n’entends plus le chant du coq, je ne peux plus aller jouer dans la grange avec les lapins… Je travaille devant un ordinateur, assise trop longtemps chaque jour, avec des fourmis dans les jambes et des douleurs lombaires.

Je tente de cuisiner au maximum pour me nourrir de plats que j’aime et que je conçois de mes mains, de diminuer ma consommation de produits du commerce, de réfléchir avant d’acheter quoi que ce soit… Mais je sens toujours que ce n’est pas suffisant.

Je partage beaucoup sur Facebook des histoires de familles qui ont décidées de changer radicalement leur vie, passant à l’autosuffisance et la vie à la campagne. Je rêve en lisant leur récit, en voyant les images des enfants au sourire radieux, avec leur maison rapiécée, rénovée avec les moyens du bord, avec leurs panneaux solaires, leur compost, leur bassin de récupération d’eau de pluie, leur serre…

On me dit parfois que c’est une utopie, qu’avec notre climat c’est impossible, qu’avec la vie d’aujourd’hui, c’est de priver ces enfants d’une réalité et qu’ils auront de la difficulté à s’adapter… Et je me fais toujours la même réflexion : mais pourquoi s’adapter? Est-ce vraiment ce mode de vie que l’on souhaite aux nouvelles générations? On les voit d’ailleurs réagir très différemment de nous, ayant comme priorité leur bonheur, leur santé mentale et physique…

L’argent et le succès ne sont pas des gages de réussite, contrairement à ce qu’on nous a fait croire aussi longtemps, capitalisme obligeant à toujours vouloir plus. La santé, on le sait, ne s’achète pas et on voit de plus en plus de gens changer complètement de style de vie pour revenir à l’essentiel, à l’ici et maintenant, à la base…

Je ne sais pas qui est le plus illuminé entre celui qui rêve d’un bureau en haut d’une tour versus celui qui rêve de son lopin de terre et de sa permaculture… Sincèrement je miserais sur le second. Mais ça, c’est mon humble opinion et j’assume mon excentrisme. Ce que je sais par contre, c’est que l’énergie que dégagent ceux qui ont choisi leur propre chemin, leur rythme de vie plus sain et plus ancré est contagieuse, nourrissante et inspirante. Et j’adore m’en abreuver… Qui sait, un jour, c’est peut-être moi qui partagera cette expérience…

 

Photo : Unsplash | Markus Spiske

Mois de la nutrition 2017

Alisa Anton

Depuis la fin des années 70, les diététistes du Canada mettent en œuvre une campagne dans le but de sensibiliser la population sur l’importance d’une saine nutrition. Le slogan de la campagne de 2017 est « Mettez fin au combat avec les aliments! Ciblez le problème, renseignez-vous et demandez de l’aide ». L’objectif de la campagne est de fournir de l’information aux gens et de les conseiller afin qu’il soit un peu plus facile pour eux de mettre fin au combat avec les aliments.

Mais qu’entend-on par combat avec les aliments? Quand j’ai lu le thème de cette année, j’ai eu une drôle d’impression sur le coup. Puis, en y réfléchissant et avec un peu de recul, j’ai constaté qu’effectivement une majorité de gens sont perpétuellement en train de se battre avec leur alimentation. La fameuse question « qu’est-ce qu’on mange » en horripile plus d’un et beaucoup de gens se laissent mener par les publicités laissant croire que leurs beaux repas préparés d’avance sont des choix sains.

De l’autre côté, on a les bloggeuses et chroniqueuses santé qui véhiculent parfois un sentiment de culpabilité outrancier à quiconque ne possède pas ses propres poules et son potager, quand ce n’est pas carrément  du jugement si vous osez encore manger de la viande. Les discours dictant un modèle restrictif et incriminant me font friser à chaque fois que je les entends et j’en ai un peu marre de cette tendance à vouloir nous imposer une fausse perfection malsaine.

Mettons les choses au clair : on a tous des goûts différents et à la base, l’important, c’est de s’écouter. Avant de décider de sortir la viande rouge de sa vie, de faire son propre lait de noix ou de bouleverser complètement ses habitudes alimentaires, il faut s’informer. Connaître la nutrition plus profondément, déboulonner les mythes qui ont forgés nos croyances jusqu’à maintenant, prendre le temps de découvrir les aliments et surtout, retrouver ou conserver le plaisir de manger.

Pour plusieurs personnes, manger est devenu une source d’angoisse, une obsession, un calvaire. Et ça, c’est le premier problème auquel on devrait s’attaquer. La pression sociale mettant l’emphase sur la minceur fait en sorte qu’un déséquilibre s’installe et que l’anxiété peut vite prendre la place dans la tête de quiconque tente de correspondre aux « standards ».

Je crois qu’il devient crucial de rétablir la relation avec la nourriture, de chasser ces fausses croyances et de retrouver un peu de légèreté dans tout ce qui touche l’alimentation. Je prône personnellement les produits biologiques mais je ne juge pas ceux pour qui ce n’est pas un critère. C’est un choix personnel, comme tout choix devrait l’être d’ailleurs. Personne ne devrait nous imposer quoi que ce soit dans la vie.

Après un épisode difficile au niveau de ma santé, j’ai entrepris une longue réflexion sur ma relation avec la nourriture et j’ai réalisé que je n’avais vraiment pris le temps de me demander ce que j’aimais, ce qui me plaisait et surtout je n’avais jamais pris conscience de l’importance du carburant qu’on choisit de donner à notre corps.

Manger, ce n’est pas seulement remplir un estomac, combler un vide. C’est directement lié à l’image qu’on a de nous-même, à notre estime et à notre confiance. Prendre le temps de bien se nourrir, selon nos goûts, prendre le temps de cuisiner les aliments qui nous font du bien, c’est se donner de l’amour et l’attention que l’on mérite. Vos choix sont les vôtres et ne laissez personne vous dicter un régime sans vous questionner. Mais prenez le temps de bien vous nourrir car on n’a qu’un seul corps toute notre vie et ce qu’on ingère influence grandement notre santé.

 

Photo : Unsplash | Alisa Anton

À chacun son chemin

Christian Spies

Hier, je vous parlais de ce moule imposé par la société dans lequel plusieurs se sentent à l’étroit et ne se reconnaissent pas du tout. J’ai eu plusieurs réactions et partages et ça m’a fait réaliser à quel point de plus en plus de gens tentent de trouver leur propre route, de définir leurs valeurs et d’établir un nouveau modèle, adapté à eux.

Ça m’encourage beaucoup de lire des commentaires sur des expériences uniques et personnelles, malgré les difficultés vécues et les embûches rencontrées. Car s’il y a bien un point en commun dans toutes ces histoires, c’est que ça n’a pas été facile. Le découragement aurait pu être la solution, revenir dans le rang pour se fondre dans la masse et suivre le courant.

Mais j’ai aussi compris à travers les témoignages que viscéralement, c’est parfois impossible et qu’une fois que le cœur a compris sa mission, plus rien ne l’empêchera d’atteindre son but, contre vents et marées. Je me réjouis de voir que beaucoup d’entre vous gardent le cap et affrontent les obstacles, armés de votre passion et de vos convictions. Je crois que ça fait grandir toute la société, pas seulement votre petit clan.

J’ai aussi reçu un commentaire sur le fait que ce n’est pas tout le monde qui a besoin de grands projets ou de changer sa vie au complet et je suis tout à fait d’accord. J’avais envie de mettre en lumière et de démontrer mon respect pour cette audace mais je crois aussi que chaque petit changement compte quand c’est pour se rapprocher de son essence. Parfois, il suffit de prendre une heure par jour pour faire une activité qui nous comble pour se donner l’élan suffisant dans notre vie. Pour un autre, il faudra tout remettre en question et transformer l’entièreté de sa vie pour trouver sa place. Et toutes les possibilités du spectre séparant ces deux extrêmes sont toutes aussi valides.

L’important dans tout cela, c’est de s’écouter et de sentir, au fond de soi, ce qui nous fait du bien et ce qui ne nous convient pas. On peut passer une vie entière à vivre dans la superficialité, sans réellement prendre le temps de savoir ce qu’on aime vraiment et ce qui nous rend heureux. C’est d’ailleurs un des éléments qui ressort souvent dans les témoignages de gens, en fin de vie, à qui on demande ce qu’ils regrettent le plus : de ne pas avoir écouter leur petite voix intérieure qui leur disait de prendre soin d’eux et de leurs proches.

On répète souvent que l’argent ne fait pas le bonheur et on a tous des exemples en tête de gens riches et malheureux. Mais certaines personnes regardent aussi ces modèles en les enviant, se disant que malgré tout, l’argent apporte son lot de plaisir. C’est vrai, mais c’est aussi vrai que plusieurs personnes qui vivent de peu rayonnent et sont parfaitement comblés par leur vie. L’important n’est pas le montant dans le compte de banque mais bien à quel point on se connait et on dirige nos efforts et nos énergies sur ce qui compte vraiment pour nous.

Peu importe qui vous êtes, sachez que vous avez le droit d’être tel que vous êtes, avec vos forces, vos faiblesses, votre vulnérabilité et vos zones d’ombre. On en a tous et tout ce beau monde se complète dans la différence. Il suffit simplement de prendre le temps d’apprendre à se connaître soi-même et de s’ouvrir aux autres pour trouver avec qui on a envie de faire un bout de chemin.

J’ai envie qu’on réfléchisse à la tolérance, envers les autres mais aussi envers nous-mêmes. On est parfois si dur et si exigeant qu’on en oublie de se pardonner nos propres erreurs. On en fait tous et c’est dans ce processus qu’on apprend. Prenons le temps de s’aimer un peu, de relativiser et de rêver. La vie est longue mais si courte à la fois. Ne passons pas une partie de notre vie dans la rancune et le mépris. Ce serait gâcher de précieuses minutes qui pourraient servir à devenir heureux.

 

Photo : Unsplash | Christian Spies