La majorité d’entre vous sait que je suis consultante (et non, je ne vis pas de ma plume, malheureusement). Ce statut me confère certains avantages comme celui, parfois, de travailler de la maison. La plupart de mes clients, après un certain temps, accepte que j’accomplisse mes tâches sporadiquement à partir de mon domicile, constatant que ça n’affecte pas mon rendement ni ma performance. Au contraire, j’ai tendance à en donner plus que le client en demande comme on dit, réflexe de reconnaissance de leur confiance je présume.
Mine de rien, actuellement, je travaille à domicile 3 jours par semaine et, avant d’être pleinement ancrée dans cette routine, je ne mesurais pas concrètement la valeur de cette situation. Aujourd’hui, j’en constate les effets positifs tous les jours. À la base, comme mon client se situe sur la rive-sud, je m’épargne 6 heures de déplacement par semaine, ce qui est une éternité dans notre monde pressé d’aujourd’hui. Aussi, n’ayant pas à planifier les lunchs et tout le tralala en avance le dimanche, je suis moins coincée dans un horaire strict la fin de semaine. Et dans mon cas, un élément important : je peux aller courir pendant l’heure du dîner sans perturber ma disponibilité durant les heures régulières.
Mais une question qui m’est souvent posée est : mais travailles-tu vraiment? La première fois qu’on me l’a demandé, j’ai pouffé de rire parce que je croyais à une boutade. Mais non, c’était étrangement sérieux. Comme si mon interlocuteur ne pouvait pas s’imaginer la combinaison travail + domicile comme étant possible. Et depuis le temps, j’ai constaté qu’il n’était pas le seul à avoir ce préjugé envers les travailleurs en mode « mobile ».
Pourtant, de pouvoir débuter ma journée de travail dans le confort de mon bureau à la maison, sans avoir préalablement subit le trafic, assise dans mon véhicule pendant de (trop) longues minutes, m’offre un cadre beaucoup plus sain et plus adapté à la productivité. Et avec la température actuelle, la fenêtre légèrement entrouverte, le chant des oiseaux m’accompagne dans mes réflexions et analyses, fruit de mon mandat. Aucune perturbation par les collègues autour, aucun risque de retard, les bouchons de circulation se faisant rares dans mon escalier…
Je sens un certain jugement envers les travailleurs autonomes et autres consultants indépendants, comme si nous étions payés à ne rien faire. Je veux bien croire que la commission Charbonneau a mis en lumière certains abus mais ce serait bien de ne pas mettre tous les gens dans le même bateau. Comme on dit, des crosseurs il y en a partout, ce n’est pas une raison de se mettre à douter de tout un chacun!
J’aime mon rythme et surtout mon statut qui me permet de sauter à pieds joints dans une nouvelle aventure après chaque mandat, sans savoir ce qui m’attend, sans pouvoir réellement planifier d’avance. C’est grisant et euphorisant, même! Mais c’est aussi avec le temps et l’expérience que j’ai acquis ce mode de vie qui me permet concentration et discipline pour m’adapter à tous les contextes, dont celui de travailler de chez-moi.
Je crois sincèrement que c’est le modèle idéal pour une société si connectée. La raison la plus probable pour laquelle les employeurs et clients ne sont pas plus enclins à offrir ce mode de travail est bien souvent un sentiment de perte de contrôle sur les gens sous leur garde. C’est triste mais ça met aussi en lumière certaines failles du niveau de gestion des leaders de nos entreprises. J’espère surtout que les universités enseignent aujourd’hui à nos futurs gestionnaires que la confiance un atout majeur et un avantage pour créer une communauté de travailleurs investis, peu importe le lieu d’où ils effectuent leur besogne. Il n’y a plus qu’un seul modèle, une seule façon de gérer. Adaptons-nous, soyons créatifs dans nos méthodes, c’est toute la société qui en bénéficiera. Au lieu de construire des routes, bâtissons des ponts de collaboration basés sur la loyauté, la créativité et l’ouverture d’esprit. C’est dans ce contexte que naissent les meilleures idées!
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