Fin de semaine de Pâques, congé de 4 jours, le bonheur m’attendait, une occasion pour prendre mon temps, lire, courir, cuisiner et dormir à profusion. Quelques activités à l’horaire, une cour arrière qui n’attendait que mes mains pour être mise en ordre, prête à accueillir les chauds rayons du soleil pour faire pousser mes vivaces.
Dans un élan d’enthousiasme, je crois que j’ai poussé la machine un peu trop. Mon corps, pourtant renforcé par la course à pieds des derniers mois, n’était pas prêt pour ces efforts. Mes jambes sont fortes mais mon dos n’a toujours pas saisi mon rythme il faut croire. Résultat des courses? Je peux à peine bouger ce matin, ayant toute la misère du monde à faire aller mes mains sur mon clavier.
Le pire dans cette histoire est que je l’ai senti, je savais que mon dos avait difficilement supporté l’atelier de 3 heures d’exercices et d’étirements de samedi. Je me sentais tendue et j’avais l’impression que mon corps avait subi quelques torsions de trop. Mais, entêtée comme je le suis, je ne l’ai pas écouté. Et me voici à peine mobile, clouée à ma chaise et droguée aux Tylenol.
Savoir s’écouter, c’est presque un art. Et ça prend de longues années de pratique avant de le maîtriser. Je ne suis qu’une apprentie dans ce domaine, il faut croire. Malgré toutes ces années de problèmes dorsaux, j’en arrive encore au même résultat. Et un mal de dos de la sorte, ça gâche tout ce qui est prévu au programme. Pas de course, pas de yoga… Même pas de marche en fait car le simple fait de monter l’escalier me prend un temps fou.
Telle une leçon d’humilité et de patience, cet événement chamboule mon quotidien et m’oblige à revoir mes priorités, à prendre soin de moi. J’ai fait un bout de chemin dans ce domaine mais je trouve toujours aussi frustrant cet état d’incapacité physique. J’ai encore des croûtes à manger comme on dit…
Être à l’écoute de son corps, savoir y déceler les signes de faiblesse ou de malaise requiert de ma part plus de conscience et de présence. J’ai beau travailler fort à ce niveau, je me laisse prendre par des élans d’ardeur quand vient le temps de travailler dans la terre. Pourtant, cette terre est très bien capable de se débrouiller sans moi. C’est moi qui ai besoin d’elle et non le contraire.
Le seul point positif dans tout cela? Mon travail ne requiert que ma tête et mes mains et je peux travailler de la maison. En d’autres termes, mon état ne m’empêche pas de gagner ma vie, heureusement. Mais, comme à chaque fois que ça m’arrive, je me promets de faire plus attention, d’être plus prudente et plus à l’écoute de mon corps.
Espérons que cette fois-ci sera celle qui m’aura suffisamment convaincue pour cesser d’en demander trop à mon corps (j’y crois à peine en l’écrivant). Il y a pire dans la vie et je sais que ma situation peut paraître banale pour ceux qui vivent de véritables épreuves de la vie. Mais je crois que cette résilience dont je tente de faire preuve s’applique à tout et peut être salvatrice, peu importe l’ampleur du trouble vécu.
Pourquoi est-ce si difficile de prendre soin de soi, de s’arrêter, de s’écouter, d’accepter et de se donner le temps pour se rétablir? C’est pourtant le seul corps qui m’accompagnera pour l’entièreté de ma vie! Je suis meilleure pour prendre soin de ma maison que de mon corps, c’est quand même fou… Avec tout ce temps à devoir demeurer presque immobile, j’aurai amplement le temps de réfléchir à cela. Et méditer, ça se fait immobile, non?
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