Je n’aurais jamais cru dire cela un jour mais il y a de sérieux avantages de vieillir. Malgré les rides, les lendemains de veille plus difficiles, les excès qui sont plus durs à éliminer, il y a tout de même le fait qu’on se connaît mieux et qu’on est moins enclin à se laisser submerger par les émotions. Vivre une situation à 22 ans versus 38, c’est un monde de différence.
J’ai un entourage assez diversifié en âge et, quand je prends du recul, ça me fait toujours sourire de voir l’impulsivité chez les plus jeunes, ce sentiment d’invincibilité et une certaine naïveté qui témoigne du manque d’expérience normal à cet âge. Je ne suis pas nostalgique de cette époque car je me souviens très bien de l’angoisse qui me tenaillait et d’une certaine peur de l’inconnu qui se présentait devant moi.
Je ne me considère pas comme quelqu’un de sage, loin de là, mais je saisis mieux les enjeux et mesure mieux les conséquences de mes faits et gestes. Étant relativement franche et spontanée de nature, je prends quand même plus de temps avant de prononcer une parole ou de poser un geste qui pourrait avoir des impacts sur les autres.
En ayant acquis une certaine maturité, j’arrive aussi à mieux me motiver et me discipliner au niveau du sport et des habitudes saines. Les aléas de la vie tout comme les invitations influencent moins mon plan de match. Les objectifs à atteindre deviennent plus importants que le plaisir immédiat. Je me souviens que, plus jeune, j’avais de la misère à planifier le lendemain, étant constamment dans le moment actuel, dans ce qui me faisait plaisir maintenant.
Dans la fable de la cigale et la fourmi, j’étais clairement la cigale et les fourmis m’emmerdaient. En langage d’aujourd’hui, j’étais très YOLO. Un brin rebelle et insouciante, pour moi, les responsabilités étaient un mal nécessaire et je n’avais aucune envie de devenir sérieuse ni responsable.
Pourtant, avec les années, tranquillement, j’ai mûri et compris qu’il était possible d’avoir du plaisir sans se foutre du lendemain, qu’un juste milieu existait. Certains me diront que si j’avais eu des enfants, la réalité m’aurait frappée plus tôt et je ne pourrais les contredire. Mais comme ce ne fut pas le cas, la transition s’est faite de façon plus modérée et progressive.
Je ne vis pas dans le regret et je ne l’ai jamais fait donc quand je regarde mon parcours un peu sinueux et imprévisible, je souris car j’y vois le reflet de mon état d’esprit à travers les années. Et tout cela a forgé la personne que je suis aujourd’hui. Je ne m’en suis pas trop mal sorti, j’ai expérimenté, poussé mes limites, eu certains succès et frappé quelques murs. Les échecs au même titre que les bons coups font partie intégrante de l’apprentissage de la vie et sans cela, j’ai l’impression que je ne serais pas rendue où j’en suis aujourd’hui.
Mais pour être capable de tenir un tel discours, il faut avoir fait le parcours, avoir gravi les obstacles et frôlé quelques catastrophes. On dit souvent qu’il faut avoir touché le fond pour remonter et je sais que je l’ai visité à quelques reprises. Sans ce rebond, sans ces écorchures, je ferais peut-être des erreurs qui auraient plus de conséquences aujourd’hui.
Certains me diront que c’est d’apprendre à la dure, que ce n’est pas nécessaire de souffrir pour apprendre. Mais pour ma part, je considère ces épreuves comme des opportunités que la vie me donne pour me dépasser et me prouver qu’il fait bon d’être sur cette terre. C’est mon parcours, celui de personne d’autre, et je l’aime bien, au bout du compte. Et vous, êtes-vous satisfait de votre bout de chemin?
Photo : Unsplash | Ariel Lustre