Apprécier sa vie

averie woodard

Si on vous annonçait demain matin qu’il ne vous reste qu’un an à vivre, quelles seraient les premières choses que vous auriez envie de réaliser, d’accomplir? Désireriez-vous partir en voyage, tout balancer derrière vous et faire le tour du monde? Seriez-vous plutôt du type à vouloir passer le plus de temps possible avec vos proches pour savourer chaque minute en leur compagnie? Ou aimeriez-vous plutôt vous retirer à la campagne et vivre paisiblement ces derniers moments?

Vous me voyez surement venir de loin avec mes questions… Mais malgré qu’on sache tous très bien qu’il ne faut pas attendre d’être rendu à ce stade, on prend souvent pour acquis notre vie, nos avoirs, notre situation et surtout notre santé.

Quand on est dans la vingtaine, on a ce sentiment d’être invincible, comme si rien ne pouvait nous atteindre ou ralentir notre élan de vie. On se croit un peu au-dessus de la maladie, des risques et des problèmes, ayant en nous ce sentiment de légèreté lié à l’innocence et l’inexpérience. Quand on n’a pas encore vécu de gros coups durs, c’est difficile d’imaginer pouvoir avoir un genou par terre…

Puis, dans la trentaine, on prend conscience de la valeur de la vie. Pour plusieurs, devenir parent sera le déclencheur de cet éveil, pour d’autres ce sera un désaveu en regard à leur carrière, une impression d’avoir fait le mauvais choix. Pour d’autres encore, une certaine crise de la trentaine les fera questionner toute leur vie, tous leurs choix et leurs espérances. Parfois, la marche est haute, parfois, il faut reculer plus loin pour avancer de nouveau.

Puis, la vie nous apprend à apprécier ce que l’on a et ce que l’on est, à être moins dans l’image, plus dans le vrai, dans le senti, dans les émotions sincères. Aimer les nouvelles rencontres, les découvertes, les petits moments de bonheur, au lieu de refouler les vieux sentiments, d’entretenir la colère ou ruminer son malheur.

Mais au-delà de cela, je crois qu’il faut apprendre à faire de notre vie ce que l’on voudrait qu’elle soit, et non pas la rêver uniquement. Combien de personne entend-on dire, une fois à la retraite, qu’ils auraient aimé faire plus ceci ou cela. Et rendu à un certain âge, réaliser qu’ils ne sont plus en mesure de faire toutes ces activités, la santé n’y étant plus.

J’ai toujours trouvé ce constat triste et ça me ramène souvent à mon père, qui adorait voyager, et qui ne s’en privait pas. Il trimait dur mais se gâtait, comme si chaque plaisir était pleinement mérité. Oh bien sûr, il avait ses parts d’ombre, mais il m’a tout de même transmis cette fibre qui permet de savourer la vie, sans grande parure ni éclat. Jardiner, embellir son environnement, c’est un des éléments qui me vient de ma famille et que j’apprécie chaque jour. Un simple bouquet de lilas peut embellir ma journée…

Ces derniers temps, avec tous ces efforts pour la course et une attention particulière à ma santé, j’ai réalisé que je n’ai jamais été aussi à l’écoute de mon corps, aussi concentrée sur l’entretien de ma personne. Et, il faut croire que ça me prenait ça car je n’ai jamais été aussi bien, dans ma tête et dans mon corps.

Comme quoi, nul besoin de prendre un avion parfois pour être heureux. J’ai longtemps repoussé ce moment où je changerais ma routine de vie, où j’entamerais un retour aux études, où je ferais des choses pour moi, tout simplement. Après des années à m’investir à fond dans ma carrière, j’ai compris que celle-ci ne nourrirait pas mon âme éternellement et que je devais trouver les sources de stimulation ailleurs, diversifier mes occupations.

Ce temps qui a passé m’a permis de comprendre tout cela, et je sais que chaque jour, j’apprendrai de nouvelles choses sur la vie. Quand on ouvre son esprit à la découverte et la nouveauté, on s’offre un cadeau, celui de s’émerveiller. Un peu comme si on retournait en enfance, cette époque où on s’étonnait devant un beau sapin de Noël, un ciel étoilé ou un champ de fleurs. Et quoi de mieux pour bien vieillir que de retrouver ce cœur d’enfant…

 

Photo : Unsplash | averie woodard

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