Un devoir d’automne

Daiga Ellaby

Les petits matins frisquets nous rappellent que l’été tire à sa fin et que, si on n’en a pas profité pour faire le plein de chaleur et de vitamine D, on devra attendre un peu avant de pouvoir se reprendre. Personnellement, j’adore cette saison de transition qui nous offre un paysage coloré, des odeurs terreuses réconfortantes et la possibilité de s’emmitoufler avec grâce et confort. Vive les doudous!

Mais, outre ces petits plaisirs, j’aime la lenteur de l’automne. Je sais, les parents me diront qu’il n’y a rien de lent dans la routine de retour à l’école mais il y a tout de même un élan de ralentissement qui s’installe. Comment? Parce qu’on court moins pour profiter de chaque minute de soleil, on stresse moins de ne pas profiter de chaque journée au maximum. On a envie de se prélasser, d’étirer les matins au lit, de s’enrouler dans un grand châle pour regarder dans le vide, un thé bien chaud à la main.

À chaque changement de saison, on a l’impression que celle qui se termine n’a pas duré assez longtemps, qu’on aurait pu en faire plus, participer à plus d’événements ou organiser plus d’activités ou de sorties. Mais il faut cesser de se taper sur la tête et se dire que ce qui est arrivé devait l’être et que tout est parfait. On a la faculté de faire ce qu’on veut de chaque journée mais notre instinct est très fort pour nous faire ralentir quand c’est le temps… Alors arrêtons de se sentir coupable de ne pas avoir TOUT réalisé.

On lit beaucoup de textes sur le pouvoir qu’on a sur notre vie, sur la satisfaction de rayer un item sur la liste interminable de choses à faire ainsi que sur l’importance de se réaliser. Mais, tristement, ça met une pression indue sur quiconque a besoin de prendre une pause, de modérer, de se questionner, de changer d’idée, d’explorer et de se redéfinir.

L’automne, pour moi, c’est justement ce moment idéal pour apaiser mon hamster, comme pour me préparer à la saison froide qui sera rude sur mon humeur. Le soleil est encore assez haut pour qu’on profite de ses rayons mais le vent frais nous vivifie. N’est-ce pas le meilleur des deux mondes? La lumière est magnifique, la forêt s’endort tranquillement en laissant tomber ses feuilles et en diffusant le parfum humide qui me rappelle mon enfance. Vous me trouvez peut-être intense mais je m’assume 😉

Alors, si vous avez un petit sentiment de culpabilité face à votre été, je vous invite à lâcher prise. Ça ne sert à rien de s’autoflageller et de dépenser de l’énergie pour quelque chose qui est passé. Regardez en avant, savourez chaque journée, rêvassez et souriez. C’est beaucoup plus bénéfique que de pester contre la todo list qui s’éternise.

Être aussi compréhensif avec soi qu’on l’est avec les autres, ce n’est pas si difficile. C’est comme un muscle, ça s’entraîne, ça se travaille. Ça prend de la volonté et un peu de persévérance mais je vous promets que ça se fait. J’ai déjà été terriblement exigeante, voir intransigeante envers moi-même. Je le suis encore un peu parfois, mais j’ai appris à défaire ce mécanisme négatif pour plutôt voir des opportunités d’amélioration et d’analyse.

Quand vous regrettez un geste ou une parole, quand vous avez l’impression d’être passé à côté de votre objectif ou que vous avez ce sentiment qu’une situation vous a glissé entre les mains, prenez un pas de recul et demandez-vous si, à la base, vos attentes étaient réalistes. Est-ce que c’était réellement ce que vous vouliez ou est-ce que vous avez simplement suivi le troupeau? Ce qui est survenu est-il vraiment dérangeant ou si c’est simplement différent que ce que vous aviez anticipé? La différence est très formatrice parfois…

Cette saison mitoyenne est l’occasion idéale pour prendre du temps pour soi, pour se recentrer, pour réaligner nos buts et nos plans de match. Tout comme les élèves vont élaborer le programme de leur année scolaire, on peut, nous aussi, définir ce sur quoi on veut travailler personnellement, ce à quoi on veut accorder notre temps et notre énergie. Si on ne se le demande pas, personne ne va nous inviter à revoir nos rêves et nos envies. N’est-ce pas là un beau devoir à faire à la maison? Et l’avantage, c’est que personne ne va nous noter à la fin!

Photo : Unsplash | Daiga Ellaby

Related Posts

Andrew Neel Être touche-à-tout 20 février 2018
Sweta Meininger Mon Noël parfait 20 novembre 2018