Je ne sais pas si, comme moi, ça vous arrive de douter de vous, de douter de tout, de remettre en question vos choix ou vos ambitions. Avec le temps, j’ai compris que c’est un processus normal, et même sain, mais non moins perturbant. Se questionner, se demander si sincèrement on est sur la bonne voie est tout à fait louable puisque, comme on dit, seuls les fous ne changent pas d’idée. Mais c’est tout de même un processus qui peut être angoissant et exigeant.
Dans le sport, le doute peut devenir un réel ennemi car il s’immisce dans votre tête à tout moment et trouble votre confiance en vous et votre capacité à vous dépasser. Comme si tout à coup, une tonne de briques s’abattait sur vos maigres épaules, vous assenant d’une lourdeur et d’un sentiment de fatigue. Mais s’il y a bien une chose que j’ai comprise avec la course, c’est que tout ça, c’est dans la tête et non dans le corps. Et notre cerveau a une capacité folle de nous faire croire des choses qui ne sont pas réelles.
Quand j’ai commencé à m’entraîner sérieusement, et j’entends par là de faire des intervalles intenses et de plus en plus longues, il m’arrivait de plus en plus souvent de me sentir lâche, d’avoir l’impression que je n’y parviendrais pas, que ça ne menait nulle part. Et hier, mon entraîneure a partagé une vidéo d’un autre coach qui explique ce fameux phénomène mental. La psychologie dans le sport est réellement nécessaire à comprendre sinon on frappe des murs souvent et on se décourage facilement. Je vous invite donc à la regarder pour comprendre de quoi je parle…
Et, ce qu’il y a de bien dans tout cela, c’est que j’ai réalisé que ce phénomène s’appliquait à d’autres sphères de ma vie, qu’il n’y avait pas que dans la course que je vivais ces étapes d’abattement et de doute. Mais je sais maintenant que je peux dépasser ce stade et que justement, il ne s’agit que d’un repère sur un chemin complexe et sinueux. Quand on a mal partout, quand on est épuisé, quand on n’est plus sûr de rien, ce n’est qu’un moment parmi tant d’autres, un instant minime dans une mer de belles sensations, un échelon nécessaire pour se rendre plus loin. Comme si, d’une certaine façon, c’était pour marquer notre passage au niveau supérieur.
Aristote disait : le doute est le commencement de la sagesse. Et aujourd’hui, je crois que je commence à comprendre ce concept. Le doute amène avec lui l’examen de la situation et de notre état et c’est en se connectant à soi qu’on peut prendre la mesure. La mesure de notre fatigue oui, mais aussi la mesure de notre avancement, de notre capacité, de notre force, de notre beauté, de notre grandeur… Douter, au fond, c’est s’écouter…
On ne doit pas laisser les doutes nous envahir par contre car ils pourraient devenir des certitudes. Un état permanent de doute n’apporte rien et nous éloigne de la réalité. Mais par moment, il faut accepter le doute dans notre vie, l’accueillir pour pouvoir le surmonter et être fier de soi.
Aller au-delà du mental, se servir des doutes pour se connecter et retrouver sa force intérieure, c’est encore plus gratifiant car il n’est pas toujours facile de franchir cette barrière. Il faut mettre de côté son égo, le semeur de doutes par excellence.
J’apprends plus chaque jour, je grandis dans cette expérience et je réalise que je ne saurai jamais tout. Ma seule certitude est que je continuerai de douter… Et que je parviendrai toujours à aller au-delà des doutes.
Photo : Unsplash | Saulo Mohana