Posts published on "juin 2017" — Page 4

Au-delà des doutes

Saulo Mohana

Je ne sais pas si, comme moi, ça vous arrive de douter de vous, de douter de tout, de remettre en question vos choix ou vos ambitions. Avec le temps, j’ai compris que c’est un processus normal, et même sain, mais non moins perturbant. Se questionner, se demander si sincèrement on est sur la bonne voie est tout à fait louable puisque, comme on dit, seuls les fous ne changent pas d’idée. Mais c’est tout de même un processus qui peut être angoissant et exigeant.

Dans le sport, le doute peut devenir un réel ennemi car il s’immisce dans votre tête à tout moment et trouble votre confiance en vous et votre capacité à vous dépasser. Comme si tout à coup, une tonne de briques s’abattait sur vos maigres épaules, vous assenant d’une lourdeur et d’un sentiment de fatigue. Mais s’il y a bien une chose que j’ai comprise avec la course, c’est que tout ça, c’est dans la tête et non dans le corps. Et notre cerveau a une capacité folle de nous faire croire des choses qui ne sont pas réelles.

Quand j’ai commencé à m’entraîner sérieusement, et j’entends par là de faire des intervalles intenses et de plus en plus longues, il m’arrivait de plus en plus souvent de me sentir lâche, d’avoir l’impression que je n’y parviendrais pas, que ça ne menait nulle part. Et hier, mon entraîneure a partagé une vidéo d’un autre coach qui explique ce fameux phénomène mental. La psychologie dans le sport est réellement nécessaire à comprendre sinon on frappe des murs souvent et on se décourage facilement. Je vous invite donc à la regarder pour comprendre de quoi je parle…

Et, ce qu’il y a de bien dans tout cela, c’est que j’ai réalisé que ce phénomène s’appliquait à d’autres sphères de ma vie, qu’il n’y avait pas que dans la course que je vivais ces étapes d’abattement et de doute. Mais je sais maintenant que je peux dépasser ce stade et que justement, il ne s’agit que d’un repère sur un chemin complexe et sinueux. Quand on a mal partout, quand on est épuisé, quand on n’est plus sûr de rien, ce n’est qu’un moment parmi tant d’autres, un instant minime dans une mer de belles sensations, un échelon nécessaire pour se rendre plus loin. Comme si, d’une certaine façon, c’était pour marquer notre passage au niveau supérieur.

Aristote disait : le doute est le commencement de la sagesse. Et aujourd’hui, je crois que je commence à comprendre ce concept. Le doute amène avec lui l’examen de la situation et de notre état et c’est en se connectant à soi qu’on peut prendre la mesure. La mesure de notre fatigue oui, mais aussi la mesure de notre avancement, de notre capacité, de notre force, de notre beauté, de notre grandeur… Douter, au fond, c’est s’écouter…

On ne doit pas laisser les doutes nous envahir par contre car ils pourraient devenir des certitudes. Un état permanent de doute n’apporte rien et nous éloigne de la réalité. Mais par moment, il faut accepter le doute dans notre vie, l’accueillir pour pouvoir le surmonter et être fier de soi.

Aller au-delà du mental, se servir des doutes pour se connecter et retrouver sa force intérieure, c’est encore plus gratifiant car il n’est pas toujours facile de franchir cette barrière. Il faut mettre de côté son égo, le semeur de doutes par excellence.

J’apprends plus chaque jour, je grandis dans cette expérience et je réalise que je ne saurai jamais tout. Ma seule certitude est que je continuerai de douter… Et que je parviendrai toujours à aller au-delà des doutes.

 

Photo : Unsplash | Saulo Mohana

La liberté

Jessica Polar

On a tous une conception bien personnelle de ce qu’est la liberté. Pour certaines personnes, ce sera un compte de banque bien rempli, pour d’autres, c’est d’avoir un toit sur la tête, et pour certains, c’est de se sentir bien tout simplement. Mais s’il y a une chose que la majorité des gens voit en commun dans ce sentiment, c’est d’être loin du stress.

Hier, je rencontrais mon entraîneure pour un suivi suite à ma course officielle. Depuis cet événement, je n’ai plus de programme, plus de marche à suivre, plus de plan. Et un léger vertige… Pas physique mais bien mental. Je me sens en déséquilibre car depuis plus de neuf mois, je suis à la lettre le programme conçu pour moi. J’adopte sans réfléchir les instructions, les durées et les vitesses mises dans des petites cases, sans trop broncher, sans trop regarder plus loin que la journée présente.

Et ce temps de pause me fait du bien mais m’effraie un peu aussi. La course fait maintenant partie de mon quotidien, de ma routine, de ma vie. C’est mon équilibre, mon échappatoire, ma soupape. C’est ce qui m’enracine et me libère de mes tracas, m’aide à réfléchir et à me détacher de ce qui n’est pas si important.

Et en discutant avec ma coach hier, j’ai compris qu’il n’y a pas de plan strict à l’horaire cet été. En fait, pour les prochains deux mois, j’y vais à mon rythme, selon mes envies, selon la température, selon l’endroit où je me trouve et les pistes à proximité. Je suis ambivalente devant ce vide puisqu’il m’offre une liberté euphorisante mais aussi un petit tournis. Celui de l’inconnu, celui de la crainte de perdre mes acquis, celui de l’insécurité latente qui me suit depuis mon jeune âge.

Mais je sais au fond de moi que j’ai maintenant les outils pour le gérer. Et j’ai réalisé à quel point la course, au-delà des bienfaits corporels, m’a apporté une nouvelle confiance en moi et en mes capacités, mentales et physiques. Une nouvelle liberté en fait… Et ça, ça me propulse, ça m’encourage et me motive à croire en moi et en mon aptitude à « gérer » mon entraînement estival.

Autre source de motivation dans ma vie : je rencontre plein de gens qui changent de carrière ou qui se lancent dans le démarrage de leur entreprise et désirent me faire part de leur projet. Je suis toujours très touchée par ce partage et cette confiance que l’on m’accorde car je sais à quel point ce peut être intimidant de dévoiler son bébé. Et c’est extrêmement stimulant d’accueillir le projet d’entreprise des autres, de ressentir cette belle énergie qui s’en dégage, de voir les yeux qui brillent et le sourire révélateur d’une source profonde de bien-être.

J’adore participer à ces échanges nourrissants car je crois qu’on doit collaborer du mieux de notre être à faire évoluer notre société et pour moi les entrepreneurs sont une des sources les plus florissantes de cette évolution. Sans nouveau projet, la société stagne, rien ne bouge. Le mouvement, c’est la vie, c’est ce qui améliore le monde. Et donner de mon temps dans ce type de circonstance est un réel plaisir et un honneur.

J’ai toujours été ce genre de personne qui donne beaucoup, malgré parfois des abus. Mais jamais je ne cesserai de le faire pour quelques mauvaises personnes dans le lot. Je compense avec les gentils pour effacer de ma tête les méchants. C’est drôle à dire mais c’est ainsi… De toute façon, j’ai pour mon dire que ce sont ceux qui abusent qui perdent le plus en affadissant leur âme.

Je terminerai sur cette phrase que j’ai toujours bien aimé et qui, à mes yeux, a un fort lien avec ce que c’est que la liberté, au plan humain :

On s’enrichit de ce que l’on donne, on s’appauvrit de ce que l’on prend (Werber)

Photo : Unsplash | Jessica Polar

Trouver sa voie

Hunter Johnson

Connaissez-vous la Journée mondiale de la course à pied ? Si ce n’est pas le cas, sachez que c’est aujourd’hui. J’ai toujours trouvé un peu drôle cette mode de faire des journées mondiales pour tout et rien en même temps mais j’avoue que celle-ci me parle directement. Je ne suis pas une coureuse de longue date, quoi que j’aie toujours couru un peu mais pas assidûment, mais cette activité sportive greffée à ma vie il y a quelques mois a, en quelque sorte, changé le cours de celle-ci.

J’aime la course à pied puisqu’elle ne requiert aucun équipement complexe ni déplacement dans un lieu précis. On résume souvent cela à « mettre ses souliers et partir ». Et dans les faits, ça ressemble à cela, en plus des shorts, de la camisole, des écouteurs, de la montre GPS, de la casquette… Bref, de m’habiller quoi! ?

Mais sérieusement, j’ai longtemps eu des abonnements au gym que je délaissais immanquablement au bout de quelques mois, complètement écœurée de regarder des télévisions diffusant des programmes abrutissants (j’ai horreur de Dr. Oz!) et de voir des gens travailler leur corps trop intensément ou de manière incohérente. L’analyste en moi ne peut s’empêcher d’analyser alors…

Tandis que courir, ça me permet d’allier mon besoin profond d’être dehors avec celui de bouger. Et ce sentiment de me dépasser, de pousser la machine, de faire du bien à mon corps, de le sentir en constante évolution, complètement gorgé de nouvelle énergie et d’air frais, c’est juste euphorisant. Après avoir passé des années à mettre de côté cette sphère importante de ma vie, je crois que l’effet est doublement ressenti.

La Journée mondiale de la course à pied est un rassemblement annuel international de passionnés de la course à pied qui a lieu le premier mercredi de juin (donc aujourd’hui). Les coureurs de partout dans le monde sont alors invités à participer à l’un des événements organisés pour l’occasion.

Pour ma part, je veux juste aller courir, tout simplement. Nul besoin d’un événement officiel, d’un gros show pour me faire courir. En fait, pour moi, courir est très méditatif et solitaire. C’est un moment pour moi, à moi, où je me consacre entièrement à mon bien-être, mental et physique.

Je suis très heureuse que la course à pied prenne de plus en plus de place dans notre société, faisant preuve de notre intérêt pour de meilleures habitudes de vie. Et cette vague de fond, qui révèle selon moi une prise de conscience globale des enjeux de santé, se constate dans les courses organisées mais aussi dans les rues et dans les sentiers. Ce ne sont pas tous les coureurs qui veulent participer à des événements orchestrés. Beaucoup le fond pour le simple plaisir de la chose, sans besoin de valider leur temps ou avoir leur médaille de participation.

Avoir envie de sa dose d’endorphines au quotidien, c’est comme être accro à une drogue complètement légale et aucunement nocive. Qui dit mieux? Sérieusement, moi qui peut être intense et excessive dans certains domaines, j’ai vraiment trouvé chaussure à mon pied (joli jeu de mots)! Je n’aurais pas pu trouver plus approprié comme sport, en plus de pouvoir le diversifier avec la course en sentier, à obstacles…

Bref, en cette Journée mondiale de la course à pied, je vous souhaite de trouver, vous aussi, l’activité qui vous sortira de votre zone de confort, de votre sofa, de votre tête où le hamster lui, court à vive allure. Pour une vie saine, on doit trouver un équilibre et le travail, aussi rémunérateur et gratifiant puisse-t-il être, ne comble pas tout. Il faut parfois faire sortir la pression, évacuer le stress et pour moi, ce sont les foulées et la musique aux oreilles qui me procurent ce bonheur. Bonne course!

 

Photo : Unsplash | Hunter Johnson

Sans artifice

Yoann Boyer

6 juin, Journée sans maquillage. Oui, je sais, messieurs, ça ne vous concerne pas vraiment. Et pourtant… Ce masque que nous portons pour se sentir belle, pour mettre en valeur nos beaux yeux, pour se donner de la confiance, dorer notre image et masquer les imperfections, c’est bien souvent pour tenter de bonifier cette impression que vous aurez de nous. Le plus drôle dans tout cela? La majorité des hommes ne remarque pas ses efforts.

Quand j’étais adolescente, j’étais beaucoup plus préoccupée de mon image, angoissée à l’idée de ce que les gens pensaient de moi. Je m’appliquais religieusement du fond de teint à tous les matins, ce qui me rendait encore plus stressée car la pluie pouvait faire fondre mon masque en quelques secondes. Je tachais le col de mes vêtements et je devais constamment vérifier si tout était encore en place…

J’ai délaissé cette pratique il y a bien longtemps déjà, réalisant à quel point je ne faisais qu’ajouter du stress inutile à ma vie. Mais j’ai toujours été une abonnée fidèle de mon eyeliner et mon mascara. Mes petits yeux s’illuminent grâce à ces deux éléments simples et efficaces. Ça prend deux minutes et c’est réglé. Pas de longue séance de torture, petit coup de crayon, petite couche de mascara et hop, prête pour l’aventure!

Mais récemment, m’étant remise à la course, j’ai changé un peu mes habitudes. Moi qui me maquillais même pour aller au dépanneur, j’ai osé sortir au naturel pour aller courir. Je trouvais cela ridicule de me maquiller avant d’aller courir pour me doucher au retour. Mais je ne vous cacherai pas que ce fut un pas difficile à franchir. Toutefois, ça m’a fait réaliser à quel point je ne me questionnais même plus à ce niveau. Ça faisait partie de moi, sans que je réalise que ce n’était pas tout à fait moi. C’est un moi+, un moi avec artifice.

Cette journée sans maquillage peut sembler être un coup de marketing pour plusieurs, et oui, certaines marques, certaines entreprises sautent sur l’occasion pour tenter de nous vendre encore des cossins. Mais on doit s’arrêter sur la philosophie derrière cet événement et non sur l’appropriation que certains en font. On parle beaucoup des stéréotypes et des modèles que la société nous impose mais le maquillage, c’est plus subtil, c’est discret (pas toujours) et c’est dans notre quotidien.

Je ne dis pas que c’est mal de le faire, et croyez-moi, je vais me maquiller ce soir pour mon 5@7 avec une amie, je le confesse, mais il y a peut-être moyen de se libérer de cela tranquillement. Comme je le fais quand je vais courir ou quand je décide que je repousse le moment de me maquiller dans la journée, parce que je travaille de la maison, parce que je vais jardiner le samedi matin et que les insectes se foutent éperdument de mon look, tout comme mes voisins retraités.

Cette fascination que nous avons pour l’image est perturbante puisqu’elle est si implantée qu’on ne la voit plus, ne la sent plus. Elle est là, comme diffuse dans nos vies, sans qu’on en prenne réellement conscience, sans mesurer son importance.

Je vois des jeunes filles se maquiller dès l’âge de dix ans et j’avoue que ça m’attriste. Quel message leur envoie-t-on? Qu’elles ne sont pas assez belles pour sortir au naturel? Que l’image est plus importante que l’être? Qu’être soi-même n’est pas suffisant? C’est raide comme message pour une jeune de dix ans, non? Alors pourquoi ne pas faire un effort pour montrer l’exemple et se dévoiler, sans artifice, sans masque… Chose certaine, notre peau, elle, nous en remerciera…

Selfie – sans maquillage

Photo principale : Unsplash | Yoann Boyer

Les rendez-vous de la vie

Austin Chan

Avez-vous déjà lu ou vu la phrase de Paul Eluard « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous »? Moi c’est une phrase qui m’a marquée dès le premier regard, je l’ai ressentie comme un message à retenir tout au long de ma vie. Je partage souvent ma version de cette pensée en disant que rien n’arrive pour rien mais disons que l’originale est plus poétique. Qu’à cela ne tienne, ça demeure tout de même ma philosophie et mon mantra.

Si vous avez visionné l’épisode de vendredi de « Y’a du monde à messe », vous comprendrez que cette phrase était presque le thème englobant cette édition du rendez-vous que nous offre Christian Bégin. La belle et lumineuse Lulu Hughes a parlé sans pudeur de son mal-être et surtout de sa dépression qui est littéralement disparue lorsqu’elle a reçu le diagnostic de son cancer du sein. Comme quoi, dans la vie, ça prend parfois des messages rudement lancés pour comprendre qu’on n’a qu’une seule vie, une seule âme, un seul corps…

Je dis souvent qu’on prend pour acquis ce qu’on a, notre santé comme notre richesse, et que la vie se charge bien de nous faire comprendre que tout cela n’est que du vent. Que l’important est à l’intérieur de soi et qu’il faut cesser de chercher le bonheur dans le matériel ou l’artifice. Et d’entendre des témoignages comme celui de la chanteuse vient toujours nous remettre à notre place en quelque sorte.

J’ai eu toutefois un certain malaise devant les propos vaseux et déconnectés de François Bugingo, même si j’en avais longuement entendu parler avant. En fait, je trouve cela très triste de voir une personne brillante avec du talent se vautrer dans le mensonge et dans le déni, incapable d’avouer ses torts. Aucun remord ne se lisait sur son visage, aucune rédemption nécessaire. Mais je me dis que, soit il joue un personnage, soit la vie lui fera vivre autre chose pour qu’il prenne conscience de cette supercherie.

Je suis toujours touchée de voir des gens se livrer comme la belle Lulu, après de dures épreuves, lors d’un combat pour sa santé, ou suite à une tragédie. Ça prend beaucoup de courage pour oser dire qu’on n’avait pas envie de vivre, pour oser révéler au monde que l’image qu’on se faisait d’eux était superficielle et qu’à l’intérieur, ce n’était pas aussi joli. Et quand on a entendu sa voix vibrer, on a compris autrement sa force et sa résilience. De toute beauté!

Je ne sais pas ce qui se passe ces jours-ci, mais il y a beaucoup de mouvement autour de moi. Des gens se séparent, d’autres se rencontrent, certains s’exilent à l’autre bout du monde et d’autres rentrent au bercail. Comme si la saison chaude qui tardait à s’installer rendait les gens impatients, les poussaient à agir. D’un certain sens je trouve ça beau car j’ai souvent l’impression que la population se complait dans une certaine stagnation et que de brasser l’air, ça fait du bien.

Avec tous les attentats, les alertes, les craintes, je nous souhaite un été calme et heureux. Que la chaleur vienne toucher nos cœurs, que la musique nous entraîne et que les rires fusent de toute part. On a cette chance de vivre dans un coin du monde relativement stable, assez cool en fait… Savourons cette chance et explorons notre communauté. Prendre des vacances chez-nous, l’été, c’est la plus belle façon de redécouvrir notre chez-soi.

Rencontrer notre monde, découvrir nos producteurs d’ici, encourager l’achat de proximité et la production locale, c’est une belle façon de s’entraider tout en s’ouvrant aux autres. On peut d’ailleurs en profiter pour faire découvrir tout cela à des touristes venus nous rendre visite. Et de toute façon, il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous…

 

Photo : Unsplash | Austin Chan