Les aléas du partage

Geoffroy Baud

Hier, j’ai vu passer un commentaire sur le fil d’actualités d’une amie qui partageait ses photos de vacances paradisiaques. Le message se voulait être ce que je qualifierais d’une attaque au bonheur. Je vous le résume ici car il a été retiré depuis : arrête de nous écœurer avec tes vacances de riche.

Je ne sais pas si c’était sarcastique ni si les gens se connaissaient intimement mais ça m’a trotté dans la tête et, encore ce matin, je me questionnais sur notre rapport aux autres dans l’univers virtuel. Quand on écrit, on n’entend pas le ton de la voix, on ne voit pas le non verbal, on ne décèle pas le petit rire en coin, les yeux brillants de quelqu’un qui rigole intérieurement de sa blague. On ne voit que les mots, froidement affichés sur un écran. Et ça peut nous jouer des tours.

Qui n’a pas déjà été pris dans un échange absurde par sms parce qu’un message avait été mal interprété, ou pire, a envoyé le message à la mauvaise personne. On s’entend que dans la vie réelle de tous les jours, c’est rare qu’on se trompe de personne ou qu’on doive expliquer notre commentaire. Tous les éléments sont là pour qu’on se comprenne. Mais à travers l’écran d’un téléphone, les choses sont différentes.

Bref, le fameux commentaire, et le fait qu’il ait été retiré, m’a un peu troublé. Et ça me conforte dans mon attitude de protection de mon espace Facebook personnel. Je n’y accueille pas n’importe qui, je trie sur le volet ceux qui veulent s’y joindre et il m’est arrivé de retirer des gens qui ne concordaient pas avec mon style et mes valeurs. Après tout, je vois mon profil Facebook comme un canal de communication personnel et si une personne n’est pas un interlocuteur qui me plait, je ne vois pas pourquoi je le garderais dans mon cercle.

J’ai même fait un ménage des pages que je suivais dernièrement car j’ai réalisé que c’est comme si je cautionnais leur entreprise et parfois, je ne sais même pas qui ils ou elles sont. Je remets en question mes choix et je crois que cela est très sain. Rien n’est acquis et encore moins un fan Facebook. Je le sais, je vois mon nombre d’abonnés fluctuer et ça ne m’empêche pas de dormir la nuit. C’est la vie et c’est parfait ainsi.

Je le dis souvent, on évolue, on change avec le temps, et le cercle virtuel doit suivre notre transformation. Je crois qu’il est important de réviser régulièrement notre environnement numérique, tout comme on devrait changer fréquemment nos mots de passe et vérifier si nos nombreux comptes en ligne sont toujours utiles.

Mais si je reviens au commentaire qui m’a dérangé, je réalise qu’on ne mesure pas toujours la portée de nos mots et qu’il devient crucial de réfléchir avant de balancer notre opinion du moment sur une publication. Ça peut blesser, choquer ou même fâcher et il est parfois trop tard pour rebrousser chemin. Les paroles s’envolent, les écrits restent (même si on peut les supprimer).

Au début des réseaux sociaux, on était moins incisif car ça n’était pas encore implanté dans nos vies mais aujourd’hui, il se passe peu de journées sans qu’on consulte nos divers comptes, sans qu’on soit exposé aux opinions, aux messages et aux informations diverses. Et quand je constate que quelques mots laissés sur le mur de quelqu’un d’autre ont pu rester dans mon esprit si longtemps, je me dis qu’il faut être conscients de ce à quoi on s’expose. D’où l’importance d’épurer et de sélectionner ce qu’on désire voir.

Pour ma part, vos photos de voyages et les clichés de vos sourires béats me réjouissent. Partager son plaisir, c’est permettre aux autres de rêver et de s’y transposer pendant quelques secondes. Et jamais je ne pourrai vous reprocher de nous inviter dans votre bulle de bonheur. Merci!

 

Photo : Unsplash | Geoffroy Baud

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