Posts published on "août 2017" — Page 4

L’âme vraie

Andreas Selter

Parfois on croit savoir, on croit comprendre, on croit ressentir. Puis, la vie fait en sorte que l’on réalise qu’on s’est trompé, qu’on a mal évalué, interprété ou jugé un événement, une situation, une personne ou un texte. C’est humain de se tromper, c’est normal. Il faut simplement savoir ajuster le tir, admettre l’erreur et se repositionner.

Il arrive que des gens restent campés dans leur position par orgueil ou gêne et je trouve cela particulièrement triste. Ça s’ajoute au sujet du jeu ou de la game dont j’ai parlé récemment. Quand on n’accepte pas de s’ouvrir à autre chose, d’accueillir la nouveauté dans sa vie, de recevoir et d’accepter la différence ou la divergence, on peut vivre de manière aigrie ou frustrée. Ne pas être authentique, ça se voit aussi dans l’entêtement. Parfois, on se fait une idée et on reste avec cette impression alors qu’elle est fausse.

Aussi, il arrive qu’on soit dans un état qui altère notre jugement et ne pas avouer cela, c’est vivre en quelque sorte dans le déni. Dans le travail comme dans la vie de tous les jours, on est constamment sollicité, interpelé et amené à se faire une tête rapidement sur quelque chose. Quiconque prétend avoir le don de toujours être parfaitement en phase risque fort de vivre une immense déception le jour où il prendra connaissance de la mascarade inconsciente à laquelle il a participé.

Je ne sais pas si c’est naïf de ma part, mais je crois foncièrement en la bonne volonté des gens, en leur bonté, leur ouverture d’esprit, leur faculté à se transposer à la place des autres et surtout à faire appel à leurs émotions. Mais je réalise que pour certains, cela est terriblement effrayant car ça implique par moment de se montrer vulnérable. Hommes et femmes sont souvent tentés de masquer cette fameuse vulnérabilité de peur d’être attaqués dans cette mise à nu, de peur de paraître faibles. Pourtant, à mes yeux, il n’y a rien de plus beau qu’une personne qui ose être vraie.

Être soi-même c’est aussi ça : oser se dévoiler tel que nous sommes, avec nos qualités mais aussi nos défauts, et surtout nos failles. Car on en a tous mais peu osent l’avouer et l’assumer. Ça demande une certaine dose de maturité et d’humilité, une capacité d’autodérision et un sens de l’humour. Pourtant, quand on nous met sous le nez nos travers, il peut être facile de se braquer, voir de fuir.

La fuite sert de protection pour notre égo et notre âme blessée. Mais il faut savoir prendre du recul, relativiser et contextualiser. Parfois, le jugement en révèle plus sur celui qui juge que celui qui est jugé. Et c’est dans cet exercice que la maturité devient primordiale. Elle est nécessaire afin de comprendre et dédramatiser.

Chaque personne arrive dans notre vie avec son histoire, son passé et ses blessures. Certains ont eu si mal, ont été si éclopés émotivement qu’ils trainent une lourde carapace sur eux. Une armure qui semble les protéger mais qui en fait les coupe de la vraie vie, des sentiments et surtout de la possibilité d’être touché émotivement.

Un jour, au début de ma thérapie, ma psy m’a fait lire un livre qui a changé ma vie. Ce bouquin tout simple s’intitulait « le chevalier à l’armure rouillée » et j’en ai déjà parlé ici. Vivre avec une telle cuirasse peut littéralement gâcher la vie de celui ou celle qui doit la porter. Et vivre ainsi dans le déni ou dans l’entêtement revient en quelque sorte à s’imposer un carcan, un moule qui nous rend malheureux car au fond de soi, en général, on sait tout cela. Il faut juste parfois accepter de se connecter, de mettre de côté notre orgueil et vivre enfin ses émotions, sans avoir constamment peur du jugement. Ainsi, on peut enfin accéder à ce qu’il y a de plus beau dans le monde : la vérité de l’âme.

 

Photo : Unsplash | Andreas Selter

S’autoriser le bonheur

Annie Spratt

Hier, ma bonne amie Catherine a relayé un billet de blogue sur Facebook et, malgré que la qualité rédactionnelle de ce texte ne soit pas à son maximum, j’ai tout de suite senti une affinité avec l’auteur et ses propos. Si vous me lisez régulièrement, vous connaissez mon besoin d’authenticité et de respect et ce texte parle exactement du fait d’être soi-même et de cesser de « jouer une game ». J’en ai d’ailleurs parlé récemment sur mon propre blogue, particulièrement par rapport aux ridicules croyances qui mènent parfois les relations.

L’auteur en fait état et, malgré le côté cru et sans filtre presque exagéré, il faut admettre qu’il met le doigt sur un phénomène assez présent dans notre société. Pourquoi faut-il que les gens n’agissent pas selon leurs envies, leurs émotions et leur instinct? Pourquoi, quand quelqu’un nous plait, ne peut-on pas simplement vivre de beaux moments, sans penser au lendemain, ni tenter de manipuler l’image qu’on projette. À trop vouloir contrôler ce que l’autre pensera de nous, on finit par simplement passer à côté de la vraie vie.

Être honnête et dire ce qu’on pense réellement, il me semble que c’est quelque chose qu’on nous enseigne à l’école. Mais quand il s’agit de relation, il faudrait qu’on fasse autrement? Ne pas montrer à l’autre qu’il ou elle nous fait triper, nous fait de l’effet, allume quelque chose en nous, fait ressortir la joie en nous? Pourquoi donc ce masque de « tough », de personne au-dessus de ses affaires, de « moi je n’ai pas besoin des autres »?

L’être humain, à la base, est un être de relation. On est fait pour jaser aux autres, avoir du fun et découvrir d’autres humains. Si on n’ose pas avouer que quelqu’un nous plait, il me semble qu’il y a quelque chose de malsain qui est entretenu. On est en 2017, on accepte mieux toutes les orientations sexuelles, les choix de vie, les différences… Mais, pour quelque chose d’aussi de base que « toi et moi, ça clique », on ne peut pas le vivre tout simplement? Il faut passer les 12 étapes du jeu avant de se dire « tsé quoi, je suis bien avec toi »?

Il est plus facile de magasiner quelqu’un sur internet que de s’acheter des vêtements aujourd’hui alors si au moindre petit défaut ou faux pas (ou encore si ça semble trop beau), on passe au suivant, on risque de rester seul longtemps. Et quand je dis seul, je ne sous-entends pas qu’il faut être en couple (autre sujet traité maintes fois ici) mais je parle de solitude morale. Si on ne se permet pas de connecter avec quiconque de peur de montrer sa vulnérabilité, on va avoir une vie triste en chien!

Qu’y a-t-il de plus beau que de rencontrer une nouvelle personne et de sentir qu’il y a quelque chose qui nous relie? Une étincelle, une alliance, peu importe de quel ordre. C’est magique de sentir que l’autre vibre sur la même fréquence que nous. Je ne comprends donc pas que des gens, qui sentent cela, décident de jouer la game du « je ne lui dirai pas tout de suite, je vais attendre sinon elle va penser ceci ou cela ». Vivons, bordel! That’s it!

On s’en fout des apparences, des petits travers et des opinions des autres… Allons en profondeur, découvrons les gens, laissons-nous la chance de vivre nos émotions, nos rêves, nos joies et nos peines, parce que la vraie vie c’est ça. Ce n’est pas une liste, ce n’est pas un chemin tracé, un parcours prédéfini. Des fois, c’est dans un moment aussi banal qu’en allant mettre de l’essence qu’on croise un regard et qu’on sent que quelque chose se passe. Mais pour ça, il faut lever les yeux et être ouvert.

À force de trop jouer une game, on finit par ne plus savoir ressentir, ne plus savoir qui on est et surtout, ne plus aimer. Et s’il y a bien une chose que rien ni personne ne pourra nous enlever, c’est notre capacité d’aimer. D’aimer la vie, d’aimer les gens, d’aimer les émotions, d’aimer les surprises… Se laisser surprendre par la vie et accueillir à bras ouverts ce qu’elle a à nous offrir, c’est la meilleure façon d’être authentique. Et c’est en l’étant qu’on rencontre des gens comme nous et qu’on se permet de vivre des choses extraordinaires…

 

Photo : Unsplash | Annie Spratt

La liberté d’expression

Ryan Moreno

Pourquoi tu écris ? C’est sans doute une des questions qu’on me pose le plus souvent. Et, à lire les commentaires que je reçois depuis quelques temps, je réalise que ça fait du bien à des gens de lire mes péripéties, mes réflexions et mes coups de gueule. Certains en ont marre de la pensée magique et du « politiquement correct », alors j’aime bien ce sentiment d’apporter une dose de réalisme à la société.

Dire tout haut ce que plusieurs pensent tout bas, ça fait du bien et ça motive certaines personnes à prendre action à en juger par la rétroaction que je reçois. Parfois, on a simplement besoin du petit coup de motivation, de l’inspiration et de sentir que l’on n’est pas seul dans une situation pour se lancer et faire les changements nécessaires à notre vie. Que ce soit une remise en forme, une séparation, un changement de carrière ou d’alimentation, toute transformation mérite réflexion et support.

Mais écrire, c’est aussi approfondir sa pensée, décortiquer ses impressions, se connecter à soi et diffuser un message. Ça implique d’être prête à accepter la critique, les commentaires positifs comme les négatifs, à devoir parfois reformuler ou adapter pour être bien comprise. Cet exercice est, en soit, une expérience que je trouve personnellement enrichissante.

Au départ, je n’avais pas nécessairement l’intention d’aborder des sujets parfois crus, parfois tabous, mais je réalise que c’est nécessaire. Rester à la surface, ça n’a jamais été mon genre et j’aime approfondir les sujets comme les rencontres. La vie est belle et composée de facettes diverses et lucratives pour l’esprit. Il s’agit simplement de prendre le temps d’explorer et de garder ouvert son esprit.

J’écris pour moi, à la base, comme je l’ai toujours fait depuis que je sais écrire. Mais aujourd’hui, un aspect s’est ajouté, celui de servir aussi à quelque chose, d’apporter ma mince contribution à la société, de partager et de participer à la communauté. Je ne sais jamais sur quoi j’écrirai, je m’assieds et je ponds.

J’ai maintenant des collaborateurs silencieux, des gens qui me partagent des sujets à traiter à l’occasion ou des commentaires qui m’amènent de nouveaux sujets. Je n’ai pas une immense communauté mais j’apprécie chaque membre de celle-ci, gagné par mes mots et l’intérêt que ces gens portent à mes thèmes et réflexions.

J’ai déjà eu des offres de collaboration par des entreprises pour parler de leurs produits ou services mais j’ai réalisé que je préfère être autonome et libre de m’exprimer sur ce qui me plait et de la façon qui me tente. Comme on dit, l’argent ne fait pas le bonheur et je me sentirais en décalage avec les raisons profondes pour lesquelles j’écris.

La liberté est un concept que je défends à plusieurs niveaux, que ce soit dans les choix de vie mais aussi et surtout dans les actions que l’on prend et décide de cautionner. C’est ce que je tente de défendre ici et l’authenticité dans cette approche m’est très chère.

Alors, si jamais un sujet vous semble important et que vous aimeriez connaître mon opinion sur le sujet, n’hésitez pas à m’en faire part. Je ne vous garantis pas que je le traiterai mais je prendrai assurément le temps de me questionner sur celui-ci. D’ici là, je tiens à vous remercier de me suivre et de me partager vos impressions. C’est toujours agréable de vous lire…

 

Photo : Unsplash | Ryan Moreno

Cette chère fidélité

Paz Arando

Quelle est, pour vous, la définition de la fidélité ? C’est une question que l’on m’a posée récemment et pour laquelle j’ai réalisé que je n’avais pas de description précise ou fixe dans mon esprit. En fait, j’ai surtout pris conscience qu’on a tendance à associer la fidélité à notre relation à l’autre alors qu’en réalité, j’ai le sentiment que la fidélité commence par soi-même. Être fidèle à ses valeurs, ses convictions, ses principes, c’est de là que ça part je crois.

Comment peut-on espérer être réellement fidèle si on ne se connaît pas assez bien, si on n’a pas confiance en soi, si on ne se sent pas solide intérieurement. On peut être fidèle à un fournisseur de service, à son coiffeur, à ses engagements, ses rendez-vous, sans pour autant être fidèle à son conjoint donc la fidélité a plusieurs facettes et niveaux. C’est difficile de généraliser et je crois, sans vouloir offenser qui que ce soit, que ceux qui se déclarent toujours fidèles ont peut-être une vision élastique du concept.

Pour un grand nombre de gens en couple, la fidélité évoque une garantie de la qualité de leur relation amoureuse. Tant que les partenaires restent fidèles l’un à l’autre, ils considèrent que le couple est solide et que les différents entre eux ne sont que des contretemps normaux. Alors que rien n’est acquis dans la vie.

Les commerçants qui réussissent l’on comprit et s’assurent de mériter la confiance et la fidélité de leur clientèle alors qu’en relation, c’est souvent présumé éternel. Et c’est la raison pour laquelle bien des gens tombent de haut quand ils apprennent que l’autre a sauté la clôture. Un peu comme la maladie, beaucoup croient que ça n’arrive qu’aux autres.

Je crois qu’il est important de se questionner sur ses propres fondements et sur l’importance que ce concept, que cette valeur, a pour nous. La religion catholique et la société en général nous a forgé l’esprit à ce qu’on soit fidèle mais en réalité, une bonne partie de la population n’y croit pas sincèrement. Tout comme ce n’est pas tout le monde qui veut des enfants, qui veut cohabiter ou qui veut posséder une maison, le fait d’avoir un partenaire unique, d’y être fidèle et de s’imposer ce carcan n’est pas obligatoire.

Je crois que cela revient à une conception à laquelle je fais souvent référence, soit l’ouverture d’esprit. Si on est ouvert, qu’on s’accepte comme on est et qu’on fait de même pour les autres, c’est là, à mes yeux, que l’on se rapproche le plus de la vraie fidélité. Celle qui part de soi et non d’un modèle préétabli.

Certains me diront peut-être qu’ils ne sont pas d’accord et c’est tout à fait dans le droit de chacun d’avoir une opinion divergente sur le sujet. Tout le monde a le droit à son style de vie, ses habitudes et ses croyances. Il ne faut surtout pas s’imposer quoi que ce soit et encore moins si c’est pour nous rendre malheureux. J’ai connu des hommes et des femmes qui restaient dans une relation classique mais qui souffraient car cela ne leur correspondait pas du tout. Et je trouve cela beaucoup plus triste que quelqu’un qui se dit volage et indépendant et qui s’assume pleinement tel quel.

Pourtant, celui qu’on jugera risque d’être celui aux habitudes plus libertines car ça détonne dans la masse et surtout, ça confronte les autres dans leurs croyances profondes. Alors, je vous invite à prendre le temps de vous poser la question, réellement, ce qu’est pour vous le concept de la fidélité, au sens large. Vous pourriez être surpris de constater que vous teniez pour acquis une valeur qui, finalement, n’est pas au cœur de vos relations…

 

Photo : Unsplash | Paz Arando

Le respect de soi et d’autrui

Micah. H

L’an dernier, le site Libération a publié une enquête sur un sujet tabou qui a provoqué une polémique importante dans plusieurs pays d’Europe. Une amie l’a partagé sur son fil d’actualités Facebook et j’ai jugé cela pertinent de le relayer car le sujet est, selon moi, important à aborder. La sociologue israélienne Orna Donath est allée à la rencontre de femmes ayant eu des enfants et qui ont découvert après coup que ce n’était pas pour elles.

La question qui leur a été posée était la suivante : « si vous pouviez revenir en arrière dans le temps, avec la connaissance et l’expérience que vous avez aujourd’hui, seriez-vous une mère ? » Et elle s’est retrouvé avec vingt-trois femmes âgées de 25 à 75 ans qui avouaient qu’elles ne le referaient pas. Certaines l’ont compris dès la naissance de leur enfant alors que d’autres ont tenté de se convaincre pendant des années qu’elles devaient « régler ce problème », comme si elles étaient anormales.

Mais, tout comme certaines personnes réalisent qu’elles ne veulent pas être en couple ou ne veulent pas travailler à temps plein ou dans les modèles suggérés par la société, le fait d’être mère n’est pas un désir universel. Bien entendu, partout dans le monde, des gens ont réagi, positivement comme l’inverse. Ce qui est intéressant, c’est de constater que jamais personne ne s’était réellement intéressé à ce « phénomène », ou du moins pas de façon officielle dans une étude.

En fait, c’est comme si on prenait pour acquis que les femmes étaient faites pour avoir des enfants, point. Et, à entendre le nombre de commentaires ou de questions que je reçois concernant mon statut de femme célibataire et sans enfant, je n’ai aucune difficulté à croire que c’est presque inimaginable pour certains de croire en ce fait qu’une femme peut regretter d’en avoir eu.

Je me demande aussi si on juge les hommes de la même façon. Un homme qui dirait regretter d’avoir eu des enfants recevrait-il le même verdict ? La maternité, comme le mentionne la chercheure, est un royaume sacré qu’il ne faut surtout pas brusquer. Mais qu’en est-il de la paternité ? Est-ce un territoire aussi drastiquement protégé ?

Le sentiment de culpabilité face au constat de regret doit être terriblement souffrant pour une femme donc le jugement sociétal ajouté à cela, je n’ose imaginer la culture du silence qui doit être endurée. En cette ère de survalorisation de la maternité, où on ne compte plus les sites et magazines qui diffusent articles et vidéos concernant les joies d’être maman, ce poids doit être particulièrement lourd à porter.

Je vous invite donc à lire cet article et à réfléchir sur votre propre position face à ce constat. Il est plus accessible aujourd’hui d’avoir recours à l’interruption de grossesse ce qui permet à la femme de choisir. Mais certaines peuvent ne pas oser et se retrouver dans une situation inconfortable et incohérente avec leur nature profonde. Soyons ouverts d’esprit face à cela et acceptons ce qui est.

Oui, elles avaient des possibilités médicales de ne pas avoir d’enfant mais ce choix encore tabou peut être perçu comme un fardeau trop lourd. La pression de devenir mère peut faire craindre le pire à ces femmes qui ne ressentent pas ce désir profond. Laissons-les vivre leur vie comme elles le désirent, tout comme on le fait pour tous les choix personnels que l’on peut faire dans la nôtre. Je reviens au concept partagé récemment : vivre et laisser vivre… dans le respect de soi et d’autrui.

 

Photo : Unsplash | Micah. H