Non, je ne vous parlerai pas de conditionnement physique ce matin. Les participants au marathon de Montréal ont eu leur dose de sport et de sueur et les autres ont tenté de se rafraîchir du mieux qu’ils le pouvaient, en bougeant peut-être le moins possible. Mais le conditionnement qui me trottait dans la tête au réveil ce matin est celui de la vie. Ce dernier a beaucoup évolué dans les dernières années avec la technologie qui se transforme sans cesse.
Avant, on avait un radio-réveil qui bien souvent nous sortait de notre sommeil avec un son strident et dérangeant. Aujourd’hui, on peut choisir la musique que l’on veut pour émerger grâce à notre téléphone intelligent. On reçoit des notifications et messages pour tout et pour rien, on n’a plus besoin de se souvenir de nos engagements puisque tout est consigné dans notre agenda électronique. Même les numéros de téléphone nous sont souvent inconnus, enregistrés sagement dans nos multiples appareils.
Si on revient à l’origine du conditionnement, cette procédure d’apprentissage qui nous vient des théories béhavioristes de ce cher Ivan Pavlov, on peut clairement faire des parallèles avec les propriétés de nos appareils. Des « dings », des vibrations et des alertes visuelles, ça fait un peu penser au stimulus utilisé par M. Pavlov dans ses expériences sauf que nous, on ne reçoit pas de nourriture… Mais on est aussi conditionné que le chien cobaye, peut-être même plus!
Combien de fois on voit plusieurs personnes sortir leur appareil quand un son se fait entendre dans une foule? Le son par défaut signifiant l’arrivée d’un message texte fait réagir bon nombre de gens. Pire que cela, il arrive fréquemment que des gens ressentent des vibrations fantômes ou entendent faussement leur appareil sonner, trop habitués à être sollicités. Et entre vous et moi, il y a quelque chose de triste et d’inquiétant dans tout ça.
Personnellement, étant relativement sensible au son, je désactive pratiquement toutes les alertes sonores de mon appareil et, règle générale, je lui coupe le sifflet. N’ayant pas d’enfant, il y a peu de chance qu’une urgence requiert ma réaction dans l’immédiat et je suis assez perturbée par les appareils de mes compatriotes pour l’être avec le mien.
Mais je réalise qu’on est conditionné à plusieurs niveaux. Dans mon véhicule, le détecteur d’angle mort émet un bip, mon four grille-pain aussi, ma laveuse chante en terminant un cycle complet, la télévision émet un son en s’éteignant et mon enceinte bluetooth m’indique musicalement qu’un appareil vient de s’y connecter… Tout est sonore aujourd’hui, comme si on devait absolument avoir une confirmation de tout! Mais pourquoi?
Je suis une adepte du silence et je crois que je le deviens de plus en plus avec de toutes ces indications retentissantes qui polluent notre environnement. Je ne comprends absolument pas les gens qui doivent ajouter une sonorité à tout et j’essaie de me protéger de cela du mieux que je peux. J’ai aussi tendance à penser qu’on s’habitue à tout et que les propriétaires de ces appareils ne sont même plus conscients de ce brouhaha inutile.
Si on remonte à 15 ans en arrière, très peu d’appareils se faisaient entendre, outre nos vieux Nokia qui nous coûtaient la peau des fesses en minutes de conversation. Et on n’était pas malheureux, on se portait même très bien. Alors pourquoi, aujourd’hui, a-t-on besoin de tout savoir en temps réel? Veut-on vraiment être à la merci de nos appareils supposément intelligents mais qui nous abrutissent tellement on n’a plus besoin de se souvenir de quoi que ce soit? On jase là… N’êtes-vous pas un peu blasé d’être stimulé en permanence?
Photo : Unsplash | Seth Doyle