Faire des choix

Brendan Church

Dernièrement, j’ai lu divers articles sur notre capacité à prendre des décisions, sur le processus de choix, la surcharge mentale ainsi que sur les différentes personnalités et leur manière d’agir devant des options. Tous ces articles avaient un point en commun, celui de l’état mental. Car peu importe l’angle qui était choisi, dans tous les cas, on revenait à la capacité des sujets étudiés de prendre des décisions selon un schéma de pensée.

Mais s’il y a une chose que j’ai comprise à travers ces lectures, c’est qu’on atteint tous, à un certain moment, une limite ou du moins que la qualité de nos choix peut se dégrader selon notre état. La fatigue, le stress ou même le nombre de décisions prises précédemment dans la journée, tout cela peut affecter notre capacité à opter pour la bonne ou la moins bonne option du lot.

On a beaucoup parlé dernièrement dans les médias de la surcharge mentale des femmes dans leur rôle de mère, qu’elles ont tendance à penser à beaucoup de choses et que ça les épuise. Mais ce phénomène n’est malheureusement pas réservé aux mamans et encore moins aux femmes. Bon nombre de gestionnaires, de dirigeants et de décideurs vivent ce type de problème. Car tôt ou tard, à force d’en demander trop à notre esprit, les fils s’emmêlent et le discernement d’effrite.

Freud avait émis l’hypothèse que nous avons une quantité limitée d’énergie mentale qui nous permet de nous contrôler et d’exercer avec jugement notre rôle dans la société. Qui dit quantité limitée sous-entend donc épuiser la banque… Et quand quelqu’un est « à bout », il prend rarement les meilleures décisions de sa vie, on s’entend. Alors comment se fait-il qu’on puisse exiger de certaines personnes qu’elles soient toujours au top, qu’elles performent comme des machines alors que l’on sait pertinemment qu’au bout d’un certain niveau, plus personne ne peut soutenir ce rythme?

Faire des choix, selon moi, ça implique donc aussi de pouvoir choisir consciemment de ne pas prendre de décision dans l’état actuel où l’on se trouve. Sentir qu’on est fatigué, qu’on n’a pas toute sa tête, qu’on est usé par notre journée et qu’on risque de ne pas tenir compte de tous les éléments en jeu, c’est déjà en soi agir. Car se connecter à soi fait partie de l’équation. Reconnaître cet état et dire « je ne suis pas apte à prendre la meilleure décision, je préfère la reporter », ça me parait beaucoup plus sage que de dire « on attend de moi que je décide alors je vais le faire, coûte que coûte ».

Mais pourtant, peu de gens se permettent de retarder un jugement, bien souvent par orgueil ou par peur de décevoir. Alors qu’à mes yeux, c’est faire preuve d’intelligence, de sagesse et d’une grande connaissance de soi que d’agir ainsi. Je crois sincèrement que les meilleurs décideurs sont ceux qui sont à l’écoute et se font suffisamment confiance pour être en mesure d’y revenir plus tard. De manière générale, aucune vie n’est en jeu et personne ne dépend réellement de ce verdict…

Je répète souvent qu’on ne sauve pas des vies dans nos boulots et outre le chirurgien cardiaque et quelques autres métiers très pointilleux, c’est effectivement vrai. Nos choix, nos décisions, nos conclusions, rien de tout ça n’est important au point de surcharger mentalement des gens. Faire des choix, c’est un acte réfléchi, c’est aussi un engagement et ça demande d’avoir un esprit clair. Cessons de se mettre une pression inutile et ayons le courage de s’avouer qu’il vaut mieux décider en pleine conscience que d’assumer les conséquences de nos mauvais choix.

 

Photo : Unsplash | Brendan Church

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