Il fait froid, c’est gris et, oui, c’est novembre. La plupart des célibataires de mon entourage redoutent la saison froide qui s’amène et anticipent la solitude et le manque de chaleur humaine dans leur demeure. Mais pourtant, s’il y a bien une chose que j’ai apprise avec les années, c’est que d’être avec quelqu’un pour les mauvaises raisons peut devenir la plus grande source de froideur dans notre vie.
Être bien avec soi et apprendre à vivre heureux en étant seul nous amène à être comblé et indépendant. Cette autonomie affective se traduit par une meilleure disponibilité d’esprit et de cœur quand on envisage de rencontrer quelqu’un. Alors que, si le désespoir et la dépendance affective sont au rendez-vous, c’est une recette parfaite pour un fiasco amoureux, amenant son lot de déception, de tristesse et de souffrance.
Vouloir avoir quelqu’un dans sa vie pour combler un vide, c’est très malsain et bien souvent, ça détruit toutes chances de construire des bases solides. Le syndrome du sauveur peut s’ajouter au menu et là, c’est le cercle infernal qui s’installe. Et quand je vois le nombre de personnes sur Tinder qui espèrent à tout prix rencontrer dans les prochains jours pour pouvoir présenter le nouveau prétendant à Noël, je me dis qu’il y a quelque chose de fragile dans cette stratégie.
Je peux comprendre ce désir de partager et, malgré mon éternelle indépendance, j’adore moi aussi la compagnie au déjeuner mais je constate souvent que le besoin absolu de remplir les silences ambiants par une présence crée une dynamique nocive entre deux personnes. Être avec quelqu’un simplement pour ne pas être seul, c’est ni valorisant pour l’autre ni honnête. Et, à voir le nombre de couples qui se défont ces derniers mois, je pense bien ne pas être dans le tort avec mon impression…
Bien entendu, les gens changent et évoluent et il est normal qu’au bout d’un certain nombre d’années, certains amoureux réalisent qu’ils ne sont plus à la même place. Par contre, à voir l’attitude de certains prospects sur Tinder et autres plateformes, je pense que l’habitude de consommation rapide a malheureusement teintée la façon d’aborder l’amour. Si on ne répond pas assez rapidement à un message, si on n’est pas assez disponible ou si on écoute un style musical pas tout à fait dans la liste de critères, hop, on est éjecté. C’est comme si les gens ne voulaient plus prendre le temps de se connaître, d’aller au-delà de la couche de surface, au-delà des apparences.
Bien souvent, les gens ne veulent pas vraiment se connaître mais tout bonnement vivre quelque chose d’éphémère et sans engagement, simplement pour passer le temps ou ne pas passer une soirée ou une fin de semaine sans compagnie. Et je ne juge personne, je n’ai moi-même pas envie d’un engagement à long terme. Mais je suis honnête avec moi-même, comparativement à plusieurs personnes que j’ai rencontrées et dont le discours ne correspond pas au comportement.
Bref, la drague est en mal d’amour! Comme si c’était en voie de disparition, comme si on ne prenait plus le temps de voir les multiples facettes de l’humain en face de nous, trop pressé de voir les autres prospects qui ont « swipé » à droite sur Tinder. Tout à coup il y aurait mieux qui se présente? Tout à coup mon prince charmant serait le prochain?
À trop vouloir chercher mieux, on se contente de rien et on se plaint, seul, dans sa doudou sur son sofa en regardant des films irréalistes sur Netflix. Alors que, si on prenait simplement le temps de se connaître, de savoir ce qu’on veut et qui on est réellement, on aurait la chance de s’aimer soi-même et d’offrir à l’autre le plus beau de nous-mêmes.
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