On entend souvent la phrase : vivez comme si c’était le dernier jour de votre vie. Et j’ai toujours eu un petit malaise avec cette formule car, comme bien d’autres recettes « simples et faciles », ça me semble engendrer une certaine pression. Je perçois un sentiment d’urgence dans cette formule alors qu’à mes yeux, on devrait plutôt chercher la paix et le calme. J’ai donc, de préférence, tendance à l’adapter et à me dire de vivre cette journée comme si c’était la première de ma vie.
Quand on n’a pas vécu, on a une belle innocence, une naïveté qui nous épargne l’aigreur et la nostalgie. On s’ouvre aux découvertes, notre esprit cherche à apprendre, à s’abreuver de nouveautés, les sens s’ouvrent et absorbent de nouvelles références, se forgent de nouveaux repères. Notre cerveau, vierge, n’est pas distorsionné ni perturbé par des relents du passé, il accueille ce qui est, tout simplement, sans jugement.
J’aime à penser qu’on peut se mettre dans un tel état, qu’on peut entraîner notre cœur et notre tête à s’ouvrir à nouveau et à mettre de côté les pensées antérieures et les mauvais plis. Comme quand on arrive dans un nouveau pays et qu’on a tout à découvrir. Ou comme quand on rencontre une nouvelle personne, une nouvelle flamme, un nouveau coup de cœur. Tout à coup, on oublie ce qu’on avait comme préjugés, comme vision et on se dégage de notre passé encombrant pour regarder en avant, pour explorer.
N’est-ce pas de meilleures dispositions pour vivre au lieu de penser qu’on pourrait mourir demain, qu’on doit tout faire comme si ça allait s’arrêter sous peu ? C’est très personnel comme conception mais, pour moi, c’est plus serein. J’ai une tendance facile au stress et à l’angoisse donc la fin imminente amène invariablement son lot d’inquiétudes chez- moi. Chacun vit comme il l’entend, je ne fais que partager ma vision des choses.
Je crois que j’ai vu trop de gens être déçus d’eux-mêmes en constatant que leur « bucket list » ne faisait que s’allonger au lieu de diminuer. À force de mettre toujours la barre plus haute, inévitablement, une désillusion survient. Et la confiance peut en prendre pour son rhume. Un vieil ami m’a récemment avoué avoir brûlé son fameux cahier des objectifs de vie, réalisant qu’il se mettait une tonne de pression sur les épaules sans que ça n’apporte quoi que ce soit en retour.
Après sa séparation, il a constaté qu’il remplissait des listes de choses à faire plus pour se rassurer que pour réellement concrétiser ses rêves. Comme si le fait de l’écrire rendait la chose plus tangible. Mais après des années à ne rien compléter, il a décidé de cesser de s’engager dans mille et un projets pour plutôt vivre chaque journée comme bon lui semblait. C’est ainsi qu’il est parti sur un coup de tête en Inde, qu’il a quitté son boulot de cadre pour faire un retour aux sources en pleine nature.
Comme il me l’a si bien dit, les objectifs c’est bien beau, mais on évolue et ça finit par changer. L’important, c’est bien plus de se connaître que de savoir où on veut aller à tout prix. Ce grand sage avait bien raison : si on cherche trop où on veut être dans 5 ans, on oublie de vivre le moment présent et on rate un paquet de beaux petits moments de bonheur, le regard concentré au loin.
Dans tout ça, je crois que l’important c’est de vivre et non pas juste d’exister. C’est facile d’être juste là, à suivre la parade mais ça serait ben le fun que ça soit plaisant, gratifiant, satisfaisant et enrichissant. En tout cas, c’est mon humble avis et je sais qu’il y a, quelque part dans le monde, un vieil ami qui le pense aussi… Et qui sourit, chaque jour de sa vie !