Le silence est d’or

Marion Michele

Des fois, on part très loin pour le trouver, on le cherche autour de nous, on tente de le recréer. Mais le silence, finalement, se trouve à l’intérieur de nous. Il a toujours été là et le sera toujours. Personne ne peut venir le perturber, le troubler. C’est une des rares choses qui nous appartient et que personne ne peut nous enlever.

C’est un peu le message que nous a transmis ma yogi préférée hier lors de la classe de yoga. Ce silence, cette paix intérieure, on peut toujours s’y référer, y retourner, s’y réfugier. Parfois, on le sent loin, voire inaccessible, mais il est pourtant là. Et la beauté de la chose c’est qu’il est éternel et qu’il se renouvelle constamment. On n’épuise pas son silence intérieur.

La vie nous éloigne bien souvent de cette source de calme et on oublie même, trop souvent, d’y revenir. On se paye des retraites onéreuses, des vacances à l’autre bout du globe, des massages, des sorties en plein air. On veut se relaxer, oublier notre vie pour quelques instants car on a besoin de se ressourcer pour continuer notre route. Mais, on prend peu le temps de se connecter à soi, de s’enraciner.

Je connais beaucoup de gens qui doivent partir de chez eux pour relaxer. Comme il y a toujours quelque chose à faire à la maison, ils n’arrivent pas à s’autoriser une pause, à prendre du temps pour eux, à se déconnecter. Je me considère chanceuse d’être capable de ne rien faire, de savourer le moment présent, même si la liste de tâches et de petites réparations s’allonge et ne finit jamais.

J’ai compris, je ne sais trop quand dans ma vie, qu’on ne peut pas être toujours au top, qu’on ne peut pas rouler à fond de train en permanence et que, par moment, il faut ralentir, s’arrêter et reprendre son souffle. Écouter sa respiration, source éternelle de paix, et arrêter le bruit incessant des pensées et des tourments. Ils seront encore là, même après cette pause, mais au moins, on aura l’énergie d’y faire face.

À trop vouloir tout régler, toujours, tout de suite, on finit par être constamment en mode survie. On ne voit jamais le bout car plus on tente de tout arranger, plus on voit ce qui dépasse. L’hypervigilance est une des maladies du siècle dont beaucoup de gens souffrent. Et j’en suis. Ma vie a fait que j’ai développé cet instinct permanent qui peut très bien me servir par moment mais aussi m’étourdir et m’épuiser. Alors si je ne prends pas le temps de mettre en veilleuse ce cycle infernal, je me perds.

Il peut y avoir un vacarme ambiant, une fête, un brouhaha autour mais à l’intérieur, on peut être d’un calme déroutant. J’ai remarqué aussi que, quand on est trop troublé par le rythme externe, fermer nos yeux quelques secondes et se concentrer sur sa respiration rend le tout moins perturbant. Bon, vous me direz que ça peut des fois avoir l’air un peu louche mais rien ne nous empêche de se retirer quelques instants pour aller se reconnecter avec soi.

Je pense qu’on a souvent tendance à croire, faussement, qu’on ne peut pas arrêter. Mais, la vérité c’est que rien ne dépend de nous et que tout continuera de très bien fonctionner sans nous. On aime ça se croire indispensable et central mais au fond, ça ne fait que nous ajouter une pression inutile et malsaine. Et ça nous gruge de l’énergie précieuse qui elle, n’est pas éternelle.

Alors je vous invite à faire l’essai, pendant quelques secondes, de vous fermer les yeux et de prendre conscience de votre corps, de votre souffle, de votre être. Au début, ça peut être difficile mais comme tout apprentissage, ça demande de la pratique et une petite dose de persévérance. Mais vous verrez, à la longue, vous pourrez mesurer les bienfaits de ces quelques minutes de lien avec soi et comprendrez à quel point le silence peut être notre meilleur ami.

 

Photo : Unsplash | Marion Michele

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