Mon cher hiver…

On parle beaucoup de l’hiver pénible, qui semble pire que les autres années. Et, chaque fois que j’entends quelqu’un se plaindre de nos conditions hivernales, je souris. Car je me dis que si on n’a que ça pour chialer, ça veut dire que ça va bien. Je préfère voir du positif dans cela que de maugréer et m’apitoyer.

Entre vous et moi, avoir un peu froid, devoir s’activer pour pelleter et se réchauffer avec un bon thé en rentrant à la maison, c’est loin d’être un calvaire. On a de belles demeures chaudes, on ne manque de rien et on sait pertinemment que, comme à chaque année, le printemps reviendra et on appréciera grandement le retour de la verdure dans nos cours et nos parcs.

Des fois, je me dis que si on n’avait pas l’hiver, on apprécierait moins ce qui nous entoure, cette belle nature luxuriante qui renaît à chaque printemps. On serait peut-être aussi moins débrouillards et solidaires envers nos voisins qui ont besoin de nos bras pour pousser leur voiture enlisée. Et, comme je le dis souvent, au moins l’hiver, on peut ajouter des couches pour se réchauffer. Alors que l’été, il y a une limite à être peu vêtu!

On n’est jamais satisfait de ce que l’on a, c’est presque le propre de l’être humain. L’herbe est toujours plus verte dans la cour du voisin et la tentation de déménager dans un pays chaud se fait souvent sentir. Mais, personnellement, je préfère vivre avec les tempêtes de neige que les ouragans. C’est un peu moins destructeur et, avec des provisions, ça peut même devenir très plaisant.

C’est facile de voir le négatif dans la vie et, ces dernières années, j’ai constaté à quel point je pouvais facilement être influencée par les leaders négatifs qui croisaient ma route. Je tente donc de prendre du recul dans ce temps-là, de relativiser et de me demander comment je me sentais avant de rencontrer cette personne. Et, malheureusement, il m’arrive de prendre conscience que je dois m’éloigner de certaines énergies nocives pour mon bien-être personnel et ma santé mentale.

Bougonner contre l’hiver, c’est presque devenu un sport national chez-nous. Chaque fois, on dit qu’on a reçu beaucoup plus de neige, qu’il fait beaucoup plus froid, que ça a commencé beaucoup plus tôt et que c’est tellement pire qu’avant. Pourtant, invariablement, on reçoit les statistiques météorologiques qui nous prouvent le contraire. Bien sûr, avec les changements climatiques, on vit plus d’extrêmes et les variations de température sont plus drastiques. Mais, personne ne meurt de cela, non? Et, faire changer les habitudes des gens, ça prend du temps, et on est loin d’être des exemples au volet de la sauvegarde de l’environnement.

Alors avec tout cela, je me dis qu’il serait peut-être temps qu’on révise nos attentes et qu’on accepte ce statut : nous sommes dans un pays nordique. Les hivers seront toujours là, parfois avec un peu moins de neige, parfois avec un peu plus, même cirque pour le froid. Et si on trouvait le moyen d’en faire un attrait distinctif, si on profitait à fond de cette saison au lieu de simplement attendre qu’elle passe? C’est que, tout de même, c’est le quart de chaque année qu’on passe à être en mode survie, à ne pas savourer cette portion de notre vie…

Je l’ai déjà dit, le jour où j’ai décidé d’arrêter de vouloir être cute et que j’ai choisi d’être au chaud, mon rapport avec cette saison a complètement changé. Et je me souviens que c’est arrivé alors que mon ex, lui, s’obstinait à marcher en petits souliers de cuir dans la neige et pestait contre ses bas mouillés… Et, je vous le donne en mille, on s’est séparé et il faisait partie des éléments négatifs dans ma vie. Alors, chaussez-vous correctement, habillez-vous chaudement et jouez donc dehors comme si vous étiez enfant. Je parie que la saison passera plus vite et qu’un beau matin, vous sortirez sur votre terrasse, la neige sera en train de fondre sous les chauds rayons du soleil et vous soupirera en disant : enfin, le printemps!

 

Photo : Unsplash | Ian Keefe

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