Tous ces pourquoi

Ken Treloar

22 Février : plus de 22 jours de sobriété. Je l’ai mentionné déjà, je me suis embarquée dans le Défi 28 jours sans alcool de la Fondation Jean Lapointe. Et on me demande parfois comment ça se passe alors je me suis dit que je ferais un petit compte-rendu de mon expérience. Puisque plusieurs m’ont dit qu’ils n’auraient pas été capables de le faire et d’autres qui ne comprenaient pas les raisons de se mettre à l’épreuve de cette façon, je vais tenter de faire le tour de la question, sous mon angle à moi.

Premièrement, chacun a ses propres raisons, très personnelles, de s’embarquer dans cette aventure. Et non, on n’a pas besoin d’être alcoolique pour juger bon de se priver de bière, vin et alcool en tout genre pendant un mois. On peut le faire pour se faire du bien, physiquement et moralement, pour constater la place de l’alcool dans sa vie, pour se tester, pour supporter des gens de notre entourage qui sont en sevrage, pour montrer à notre amie enceinte qu’on est avec elle (provisoirement), pour des raisons économiques ou idéologiques… Bref, tous ces fondements me paraissent valables pour le faire.

Pour ma part, je le fais à chaque année depuis un certain temps et je dirais que c’est autant pour ma santé que pour m’apporter une réflexion sur l’importance que l’accorde à l’alcool. Comprendre les réflexes, comprendre pourquoi je bois. Quand je regarde la télé, je constate qu’on voit très souvent des acteurs prendre un verre après une longue journée, qu’on assiste devant notre petit écran à des fêtes d’amis bien arrosées et à plusieurs situations où l’alcool semble être tout à fait approprié. Et j’en suis venue à me dire qu’on glorifie peut-être un peu trop l’alcool qui, à la base, a des impacts souvent négatifs sur la santé de ses consommateurs.

J’avais donc envie de me défier, de voir à quel point ce changement dans mes habitudes serait pénible. Et jusqu’à maintenant, je n’ai eu que quelques petites pensées, soudaines et courtes, pour un verre. Et c’est tout à fait normal puisque certaines habitudes s’étaient incrustées dans ma vie, surtout les fameux « vindredis ». Mais je réalise que ma vie n’est pas plus plate sans alcool, que mon sommeil me procure plus de détente et que mes performances à la course reflètent cette sobriété forcée.

Je n’ai pas fait exprès non plus de me mettre dans des situations à risque : peu de sorties sociales ou de fêtes où l’alcool coule à flot et la tentation se fait constante. Et même ça, j’ai réalisé que c’est par habitude que j’y participe, pour voir du monde, pour côtoyer mes amis. Mais est-ce que l’alcool est obligatoire dans ces moments? Pas du tout! Et, avec la quantité grandissante de « mocktails » qui sont apparus dans les bars et restaurants, ça aide à ne pas se sentir plate avec son banal verre d’eau. (Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont des cocktails sans alcool, l’équivalent du virgin.)

Donc, c’est sans trop d’efforts ou de sentiment de privation que j’avance dans ce défi, ressentant les bienfaits de cette abstinence. On m’a aussi demandé si j’avais l’intention de demeurée sobre longtemps. Et je me suis moi-même posée la question durant quelques jours, pesant le pour et le contre de cet état. J’en ai conclu que j’aime savourer un bon vin nature malgré certains effets indésirables sur ma santé. Ayant fait le choix de ne consommer que des vins bios depuis longtemps, j’ai déjà pris une tangente qui aide mon corps à mieux gérer la substance.

Mais je n’ai pas envie de me priver totalement et c’est pleinement assumé. Par contre, boire pour boire, ça risque moins de m’arriver. Car je réalise que le plaisir momentané ne vaut pas le contre-coup qui dure plusieurs jours. Au fond, je désire garder l’alcool comme un petit luxe au lieu d’un produit de consommation standard et régulier.

Après plusieurs années à relever ce défi sans difficulté, je me dis sincèrement que j’en suis à l’étape de la consommation responsable, consciente et avec modération. Et, je considère ça beau d’évoluer et de pouvoir avoir ce genre de réflexion saine. J’invite tout le monde, participant au défi ou pas, à simplement se demander, avant d’ouvrir une bouteille de vin ou de déboucher une bière : pourquoi je bois?

 

Photo : Unsplash | Ken Treloar

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