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Du réconfort à chaque bouchée

Chinh Le Duc

Partout au Canada, Mars est le mois de la nutrition. Et, on le sait, les aliments, c’est notre carburant pour fonctionner au quotidien, accomplir nos tâches et combattre les virus. Mais, au-delà d’avoir le pouvoir de nous nourrir, le repas fait office de rassembleur et c’est l’occasion de vivre des découvertes, des moments de partage. On n’a jamais eu accès à autant d’information et de conseils sur la nutrition mais cette surabondance peut aussi mener à des excès et des obsessions.

Se nourrir, c’est la base de la vie, car sans eau ni nourriture, on ne fait pas long feu. Mais mal se nourrir peut être pire que de ne rien ingurgiter et être obnubilé par ce qui entre dans notre système devient parfois, aussi, malsain et maladif. Notre relation avec la nourriture nous vient de l’enfance et peut teinter toute notre vie. On a tous des souvenirs très marqués de repas de famille, de recettes classiques, d’aliments qui nous faisaient réagir fortement, d’allergies pour certains et de coups de cœur émotifs.

Notre énergie trouve son fondement dans ce que nous choisissons de fournir à notre système et, on le sait, ça peut coûter très cher pour bien s’alimenter. Si on veut cuisiner avec des ingrédients biologiques et/ou locaux, ça peut devenir un casse-tête budgétaire car l’offre est loin d’être uniforme et accessible partout. Pour me promener au Québec assez souvent, je peux vous assurer que les aliments fétiches des Montréalais sont une denrée rare dans certaines régions plus éloignées.

Dernièrement, j’ai décidé de me réinscrire aux paniers des fermes LUFA pour retenter l’expérience qui n’avait pas été concluante pour moi par le passé. Recevoir un gros panier de légumes bios quand on vit seule, ça peut devenir un problème et le gaspillage n’est pas une option à mes yeux… Mais l’offre s’est améliorée, tout comme le processus, et j’espère qu’elle saura me satisfaire.

Mais, au-delà des ingrédients de base, il y a le temps qu’on consacre à notre alimentation aussi. Quand on est constamment à la course, qu’aller à l’épicerie devient une corvée à glisser dans un horaire surchargé, il peut devenir difficile voire impensable d’aller visiter des producteurs locaux en faisant une tournée des marchés. Entre le patinage artistique de la plus jeune et les cours de karaté du plus vieux, ça se résume parfois en un sprint au Costco…

Peu importe la source des victuailles, il est possible de consacrer un minimum de temps à la préparation de bons repas même avec une grosse famille. Les émissions de télé pullulent de trucs et astuces pour y arriver. Je ne veux pas faire de promotion mais j’avoue que la nutritionniste Geneviève O’Gleman, accompagnée d’Alexandra Diaz, dans l’émission Cuisine futée, parents pressés, c’est dur à battre. Je ne compte plus le nombre de recettes « vite faites bien faites » que j’ai découvertes sur leur site. Une source inépuisable de trésors culinaires…

Ce mois de la nutrition, ça amène à réfléchir et à se demander si on met nos priorités à la bonne place. On perd un temps fou sur les réseaux sociaux ou même, pour certains, devant la télé sans vraiment la regarder. Alors quand on me dit manquer de temps pour cuisiner, j’ai toujours la même réflexion en tête : manque-t-on simplement de motivation?

Personnellement, j’adore cuisiner et recevoir avec le bon plat que j’ai apprêté avec affection et plaisir. Les odeurs, les saveurs, les textures et les couleurs; toutes ces caractéristiques ajoutent une touche de bonheur supplémentaire dans la préparation ainsi que la dégustation des plats que l’on prend la peine de préparer soi-même. Le temps de la préparation et de la cuisson embaume nos maisons du fruit de notre travail. Et ça, c’est une source de réconfort gratuite et qu’on ne peut que faire grandir.

 

Photo : Unsplash | Chinh Le Duc

Mission accomplie

Brooke Lark

Nous sommes le 1er mars et j’ai accompli ma mission sobriété. Pas une goutte d’alcool depuis un mois. Ce n’est en rien un exploit mais j’avais envie de faire un petit post mortem de ce défi 2018, de constater les effets et de partager avec vous mes impressions. Car, même si ça n’a rien d’exceptionnel en soi, il n’en demeure pas moins qu’il y a de conséquences palpables de faire un tel exercice.

Tout d’abord : le sommeil. On ne le répètera jamais assez mais il y a beaucoup de sucre dans le vin et la digestion de l’alcool, et de toutes les composantes des boissons qu’on ingère, exige un travail ardu pour notre système pendant la nuit. On néglige souvent cet aspect et une fois l’effet de l’alcool dans notre corps, on ne veut surtout pas y penser et gâcher notre plaisir éphémère. Mais les lendemains de veille deviennent de plus en plus pénibles avec l’âge et ce n’est pas que momentané. Ça s’accumule inévitablement… Quand on ne boit pas depuis quelques jours, on sent déjà cet effet positif sur la qualité de notre sommeil.

Le système digestif… Ayant une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, j’ai malheureusement une sensibilité plus grande mais le commun des mortels verra aussi son intestin, et autres organes, affectés par une consommation d’alcool excessive ou récurrente. Les principaux effets nocifs sont le ralentissement de la digestion, une irritation du tube digestif et, avec une consommation abusive, la possibilité d’une gastrite chronique. Combien de personne consomment des Zantac, Gaviscon, Pepto-Bismol et autres antiacides le lendemain d’une soirée bien arrosée? Ce n’est pas anodin…

L’énergie! Je suis une personne qui, à la base, profite d’une dose d’énergie quotidienne assez élevée. Et je n’ai pu que constater que de ne pas boire du tout pendant un mois a multiplié mon énergie. Quel bel effet n’est-ce pas? Je me lève d’un bond le matin, je peux attaquer des tâches colossales sans me fatiguer à mi-chemin, mes performances à la course reflètent aussi ce regain et j’ai surtout l’impression que c’est sans fin, que je n’arrive pas à vider le réservoir.

La conscience. J’ai longtemps cherché le mot pour ce volet et je ne suis pas convaincue qu’il est parfait donc je vais tenter de l’expliquer du mieux que je le peux. J’ai l’impression d’être plus allumée, alerte, consciente de ce qui se passe autour de moi. Comme si mes antennes étaient sorties d’un brouillard épais et que je voyais les choses à travers une vitre propre tout à coup. Ça apporte aussi son lot de prises de conscience… On se voit plus clairement, telle que l’on est, et ça aide à s’améliorer, sans vivre dans le déni ou s’anesthésier pour éviter d’affronter ses petits démons.

Est-ce que je vais poursuivre la sobriété totale? Surement pas (surtout que j’ai déjà une sortie prévue ce soir). Mais je sais que je vais boire autrement, que je vais prioriser la qualité à la quantité et que je vais devoir me trouver de nouveaux repères. Mais j’ai l’impression que je vais savourer plus et être moins compulsive dans ma consommation. C’est un choix maintenant assumé, qui remplace la compulsion qui me menait par le bout du nez.

Au nombre de personnes qui m’ont avoué qu’elles seraient incapables de faire le défi, je constate qu’on a une relation souvent ambiguë et malsaine avec l’alcool et que, loin des projecteurs, des plateformes officielles et des groupes d’entraide, il est possible de se questionner, de se positionner, de s’informer et d’aller chercher l’aide nécessaire pour comprendre notre besoin de boire. Le premier pas, c’est l’acceptation et collectivement, si on consomme mieux, on cohabite mieux. Il me semble que ça nous ferait du bien, tout le monde ensemble, de sortir du brouillard, non?

 

Photo : Unsplash | Brooke Lark