Ce matin, un petit message a attiré mon attention sur mon fil Facebook : une petite pensée pour les abeilles. Le texte se voulait simple mais clair : l’hiver interminable a été rude pour nos amies les abeilles, butineuses essentielles dans le cycle de la vie. Alors, quand les pissenlits prennent d’assaut votre gazon, vous pourriez décider d’attendre un peu avant de tout raser, ou de conserver quelques pissenlits intacts afin de conserver ce nectar convoité par nos travailleuses ailées et leur permettre, ainsi, de survivre.
Et ça m’a fait réaliser à quel point on est rendu à aseptiser nos terrains, prenant pour une mauvaise herbe une plante qui, pourtant, se consomme, et procure à certains insectes une nourriture cruciale. Tout ce qui dépasse, on veut l’aplanir, tout ce qui détonne, on tente de le masquer. Tout comme le Purell est devenu populaire pour se désinfecter les mains, plusieurs aimeraient voir leur parterre entièrement parfait, sans le moindre petit brin qui dépasse.
Et pourtant, la nature n’est pas faite ainsi. Elle est remplie de variétés, de combinaisons gagnantes et de beautés naturelles. Mais, ce qui brille à nos yeux, c’est souvent les versions améliorées en serre, entièrement contrôlées et non pas la plante indigène qui pousse dans les champs. On a désappris à aimer ce qui est pur et naturel pour favoriser ce qui est conçu sous supervision et modifié pour plaire à la masse.
Pendant ce temps, des colonies d’abeilles souffrent et des portions entières de la faune et la flore disparaissent… Si on agissait ainsi avec les humains, le chaos prendrait place en quelques instants à peine. Mais comme ce sont des plantes, des animaux et des insectes, on se permet de faire la pluie et le beau temps, de décider de qui vivra et qui n’aura pas cette chance…
Je sais, ça peut paraître intense et farfelu de présenter les choses comme cela mais c’est pourtant la triste réalité. Un constat brutal de nos agissements, dirigés par nos envies de beauté et d’uniformité. Pour ne pas que le voisin juge sur la qualité du gazon de leur cour, certains iront jusqu’à répandre des produits chimiques et ainsi détruire l’équilibre fragile de la nature.
Mais tout ce que ça fait, c’est de rendre ce qu’on considère comme des indésirables encore plus forts et résistants. La nature se bat, c’est dans sa nature, sans mauvais jeux de mots… Le problème, c’est qu’à force de lui permettre de s’armer contre nos moyens barbares, elle se transforme et se rend vulnérable à d’autres ennemis, elle s’affaiblit pour contrer nos impacts.
Et cette nature, on en a tous besoin, pour notre équilibre mental mais aussi pour notre survie. Ce qu’on injecte dans nos jardins, ça se transmet dans tout, on finit par l’ingérer nous-mêmes, on finit par se détruire nous-mêmes… Alors, si on prenait quelques minutes pour réaliser que la vie est un cycle, un ensemble dans lequel on est un acteur clé mais pas l’unique décideur de notre destin, on comprendrait peut-être qu’on est en train de se mordre la queue. Que tel un dragon, on souffle sur les braises de notre propre enfer.
Je vous invite à accepter la nature telle qu’elle est, dans sa beauté, dans ses défauts, dans ce qu’elle a à nous offrir en toute simplicité. Elle est belle et généreuse, mais fragile et précaire. Si on désire qu’elle continue de nous accueillir quand on a besoin d’aller décompresser en montagne, il faudrait qu’on en prenne soin, comme on le fait avec les humains qui nous entoure.
Soyez généreux avec elle, embrassez-la, célébrez-la. Elle s’en portera mieux et nous aussi, par le fait même. Jouer dans la terre, prendre soin de son jardin, c’est en quelque sorte, prendre soin de soi.
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