Être victime ou acteur de changement

William Bayreuther

Dans ma vie, j’ai croisé toute sorte de gens et parmi ceux-ci, il y a ceux que je qualifie amicalement de « victimes de la vie ». Vous savez, ces gens pour qui tout semble toujours plus compliqué, dont les épreuves sont toujours plus fâcheuses et sur qui s’abat, leur semble-t-il, le malheur en permanence. Et, quand on tente de leur faire comprendre qu’on attire ce à quoi on accorde notre attention, ils nous répondent, immanquablement : ben moi c’est pas pareil…

Je peux comprendre que, parfois, dans la vie, on ait besoin de ventiler, de faire sortir le méchant, de chiâler un bon coup. Je fais partie de ceux qui ont besoin d’exprimer leur mécontentement question de ne pas me laisser gruger l’intérieur. Mais ça dure quelques minutes, et ensuite, je me connecte à moi-même et je me demande ce que je suis en mesure de faire pour changer la donne. Je n’aime ni m’apitoyer ni rester sur place à regarder le train passer (ou la situation s’empirer).

Mais je n’ai pas toujours eu cette capacité de changer d’humeur et j’ai souvent cherché comment transmettre cet apprentissage aux gens que je croise et qui semblent englués dans la vase jusqu’au genou, métaphoriquement parlant. Je pense qu’on peut décider de cesser de voir seulement ce qui se passe à l’extérieur pour regarder en-dedans et mettre notre énergie sur ce qu’il y a de beau et de stable en nous. Et grâce à cela, on trouve la force de modifier sa trajectoire pour sortir du sable mouvant.

Il y a quelques années, je ne faisais que « spinner » sur place, incapable de bouger par peur du changement et des impacts de celui-ci. J’ai été dans une relation amoureuse douteuse, et ensuite dans une relation professionnelle toxique. En d’autres mots, je tournais dans un cercle vicieux infernal et ça allait trop vite pour que j’arrive à m’agripper et à sortir de là. Mais, la vie étant bien faite, j’ai été en quelque sorte éjectée de ce tourbillon. Le choc fut brutal mais oh combien salvateur. Car il m’a permis de comprendre à quel point je n’étais pas heureuse.

Il faut savoir capter ces signes, ces opportunités et en profiter pour identifier les éléments clés, trouver ce qui est nocif et changer. Ce mot fait peur, je le sais. Changer implique d’avouer certains mauvais choix, admettre qu’on n’était pas parfait, exige de mettre son égo au placard car on doit sortir de sa zone de confort, parfois recommencer comme débutant dans du nouveau…

Et, à mes yeux, c’est toujours mieux que de rester là, à endurer et souffrir. La vie est trop courte pour laisser notre égo nous mener par le bout du nez. Et personne n’est visé par un mauvais sort qui le maintient dans la merde constamment. On doit accepter qu’on soit responsable de notre vie : on n’en est pas la victime. Tout dépend de la vision qu’on décide d’avoir sur le monde… C’est peut-être raide à lire mais c’est ça pareil! Il faut accepter de perdre certains acquis parfois, pour en retrouver de nouveaux, souvent plus bénéfiques. Mais comme on ne sait pas d’avance ce que ça implique, on a peur…

Je me souviens de la première fois que quelqu’un m’a dit ça. Mon premier réflexe? Détester cette personne. Mais avec le temps, j’ai tellement compris le message qu’elle avait tenté de me transmettre que j’ai réussi à mettre mon orgueil de côté et je l’ai rappelé. On a pris un café et jasé pendant des heures. Elle m’a partagé son expérience de vie, son ancien moi et son nouveau moi, comme elle disait. Et ça m’a fait réaliser que notre image, notre carrière, tout ce qui est externe, rien de cela ne nous définit en tant qu’humain.

Le « standing » est surestimé aujourd’hui mais ne rend personne heureux. Si vous avez l’impression que la vie vous file entre les doigts sans que vous n’ayez le contrôle, arrêtez-vous. La terre ne cessera pas de tourner et le monde ne dépend pas de vous. Demandez-vous, sincèrement, ce qui manque dans votre vie pour être pleinement heureux. Écrivez-le, nommez-le, tout haut. Placez dans votre tête cette intention bien en évidence et chaque jour, pensez-y. Ça ne tombera pas du ciel, soyons sérieux. Mais vous aurez la capacité de voir chaque opportunité qui peut vous mener vers votre objectif. Vous incarnerez le changement, de l’intérieur. Et je vous garantis que ça vous fera sourire, sincèrement.

 

Photo : Unsplash | William Bayreuther

Related Posts

Igor Ovsyannykov Quand le jugement fait mal 1 novembre 2016
Yasin Hoşgör Un vent de fraîcheur 9 août 2018