Dans notre vie moderne et technologique d’aujourd’hui, on dispose d’autant d’outils qu’on le désire pour nous aider à être plus efficace, à rentabiliser notre temps et nos investissements et pour nous supporter dans nos tâches quotidiennes. Cette venue des appareils ultraperformants qui pensent à notre place était censée nous libérer du temps pour pouvoir faire plus d’activités, pour prendre du temps pour soi finalement… Mais au bout du compte, est-ce vraiment ce qui est arrivé ? Je n’en suis vraiment pas sûre…
Ce que j’observe surtout, ce sont des gens stressés, penchés sur l’écran de leur appareil « intelligent », qui paniquent à la moindre idée de perdre cette extension de leur bras. Je me souviendrai toujours de mon ex, qui, dans un souci d’améliorer son installation télévisuelle, avait connecté ensemble tellement d’appareils prétendus élargir nos possibilités qu’il m’était impossible de visionner la simple télé. Je pouvais regarder un film de sa collection virtuelle, accéder aux milliers de fichiers du serveur central, me connecter à mon ordinateur à ma maison, mais pas syntoniser Radio-Canada…
Je ne partage pas ceci pour médire contre lui; ses intentions étaient louables. Mais cette situation m’a longtemps irritée puisqu’au lieu de simplifier ma vie, elle la complexifiait. Et c’est à l’image de bien des choses aujourd’hui. Nos véhicules, de plus en plus technologiques, se brisent plus facilement et il en coûte plus cher de le réparer puisqu’il est maintenant nécessaire de posséder l’appareil qui permettra de lire l’ordinateur de bord qui, lui, pourra nous dire ce qui est dysfonctionnel. Nos téléphones deviennent désuets au bout de quelques années, tout comme nos réfrigérateurs et nos laveuses. Pourtant, souvenez-vous du frigo à la forme arrondie qui trône encore dans certains chalets?
Tout cela pour dire qu’on pourrait peut-être envisager de se connecter à la chose la plus fiable qui soit dans nos vies mouvementées : notre cœur. C’est sans aucun doute la source la plus à jour concernant nos envies, plus que notre OneNote et notre Trello. Quand on prend le temps de s’asseoir, en silence, qu’on respire profondément, on sonde notre cœur, cet organe central qui sait exactement comment on se sent et ce qui manque à notre bonheur. Je ne parle pas ici d’objets mais bien de sentiments, d’émotions.
Il y a bien peu de biens matériels nécessaires à notre bien-être mais on s’encombre d’une quantité phénoménale d’objets inutiles. On a l’impression qu’avoir, posséder, nous comble et pourtant bien souvent, c’est cela qui crée un vide immense. Car le temps et l’énergie qu’on dépense à magasiner, à ranger, à nettoyer et à trier, on ne les utilise pas à créer, à rêver, à vivre quoi!
Si on s’attarde à écouter à la voix du cœur, on s’exerce aussi à se connaître mieux et à se libérer des chaînes qu’on s’est soi-même imposées. Et il n’y a rien de plus reposant que cela… Je vous invite à en faire l’expérience. Mais attention, n’attendez pas un résultat instantané comme on le fait avec une nouvelle bébelle. On parle de ressenti, pas d’impulsion électrique ici!
On a perdu avec le temps cette faculté de se connecter à soi, de quitter le monde ultramatériel pour celui de l’intérieur de soi. La méditation et le yoga sont devenus si populaires que même eux tendent à perdre leur qualité d’introspection. Mais nul besoin d’être dans une salle avec une musique douce et de l’encens pour s’exercer. Le simple fait d’être là, dans le moment, de s’observer, de sentir ce qui se passe en nous, à respirer, à être attentif à ce qui se passe suffit à nous ramener dans le présent, dans soi. Et c’est dans cet état que la voix du cœur peut le mieux s’exprimer, pour nous dire, finalement, à quel point on est bien.
Photo : Unsplash | Giulia Bertelli