La vie constitue le meilleur des enseignants. Hier, je vous parlais d’imprévus, d’accepter le changement, de respirer un grand coup et d’avancer malgré les chamboulements. Et ce matin, coup de théâtre, alors que j’arrive au bureau de mon fournisseur à Montréal, je reçois un courriel me mentionnant que ma principale interlocutrice, la raison pour laquelle je me suis déplacée, est à l’urgence et ne pourra donc pas participer à nos réunions de travail.
Je ne suis nullement fâchée puisque ce sont des choses qui arrivent et que, surtout, elle m’avise de ce contretemps. Comme on dit, une urgence, ça ne se planifie pas! Mais je dois m’ajuster et la première phrase qui me vient en tête c’est : avoir su, j’aurais dormi plus longtemps. Alors, suite à ce moment d’égarement, je me dis : mais pourquoi est-ce que je me mets dans des situations qui m’obligent à me lever à 5 h 30 le matin…
Alors, de ce changement d’horaire, je tente d’en tirer une leçon. Si cela me perturbe autant de m’être déplacée pour rien, peut-être est-ce simplement parce que la situation ne me convient pas ou plus? Peut-être devrais-je réfléchir plus profondément à mes envies, à mes ambitions, à mes intentions? Si j’avais une baguette magique demain matin, qu’en ferai-je?
Ce sont de grandes questions qui découlent d’un événement anodin : on s’entend qu’il n’y a pas mort d’homme. Mais chaque situation est une opportunité dans la vie et je juge important d’en tirer profit, d’en scruter les impacts, d’en soutirer un enseignement. Derrière chaque chose, on peut trouver de quoi grandir, de quoi comprendre, de quoi s’élever vers le mieux. Et c’est ce que je tente chaque jour d’expérimenter.
Je compte les jours avant le grand départ et je sens le stress qui monte. Depuis quelques jours, j’ai la mâchoire raide, de mêmes pour les épaules et la nuque. Je reconnais ces symptômes, c’est le vide, l’inconnu, le mouvement qui génère ces effets. Je les ai souvent ressentis et je ne suis aucunement surprise de cela. Mais je ne suis pas moins incommodée par ces raideurs.
Tout cela, ça fait partie de la vie. Il ne faut surtout pas croire qu’elle est un long fleuve tranquille ou que, parce que je réfléchis sur ce blogue à chaque jour, c’est plus facile ou que je ne vis pas de soubresauts. On en vit tous, on a tous une charge émotive, un état changeant, on réagit à ce que l’on vit. J’accepte cela, je tente de me calmer, de respirer et de trouver ce qui cause ces tensions.
La peur et l’inquiétude y sont pour quelque chose, assurément. Mais au fond de moi, je sais que ce voyage en sera un perturbant, du genre à laisser place à une profonde réflexion. Il y aura un avant et un après comme on dit. Ce n’est pas une simple pause dans le sud pour aller me prélasser. C’est autant un effort physique que mental, un appel à l’équilibre, à l’écoute de soi, à la connexion à mon cœur.
Alors, les petits changements d’horaire sont peut-être simplement là pour me préparer à l’adaptation constante, au mouvement perpétuel. Chaque jour, je changerai d’endroit, je dormirai dans un nouveau gîte, je ferai de nouvelles rencontres. La seule stabilité, ce sera mon sac-à-dos, ce fidèle compagnon qui, malgré son poids, me réconfortera.
Bref, aujourd’hui, j’ai amplement de boulot à attaquer pour m’occuper. Mais je sais que dans deux semaines, en foulant mes premiers kilomètres de chemin, ce sera le vide devant moi, et j’espère sincèrement que j’y trouverai une paix durable et sereine pour vivre mieux. On va tous chercher quelque chose de différent sur le chemin, mais on va tous y chercher quelque chose malgré tout.
Photo : Unsplash | Simon Migaj